« Ces chiffres confirment les échos que nous avons des milieux : les cas de violence sont en hausse. On l’a dit à maintes reprises, nos écoles et nos établissements sont le reflet de la société dans laquelle on vit. Ce n’est pas l’école qui est violente, c’est la société. Il est temps qu’on en prenne conscience collectivement, parce que le fait que le message ne passe pas encore clairement dans la société confirme qu’elle est banalisée et tolérée d’une certaine façon », soutient Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), précisant qu’il s’agit d’un véritable enjeu qui mine les climats dans nos écoles et use le personnel. « Les données pour le personnel de soutien parlent d’elles-mêmes, mais c’est aussi vrai pour toutes les catégories de personnel. »
Les élèves continuent d’être la première source de violence
En compilant les rapports d’incidents et d’accidents, on constate que les élèves représentent 96,4 % des actes de violence envers les membres du personnel. Le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost, réagit : « Le ministre de l’Éducation a reçu une commande du premier ministre pour mettre en place un plan sur le civisme des élèves, il a aussi promis des solutions pour contrer la violence, tous les signaux d’urgence sont au rouge, que fait-il ? »
Les types de violence
En majorité, les actes de violence sont de nature physique quatre (4) fois sur cinq (5), d’ordre psychologique à 14,6 %, de harcèlement psychologique à 5,0 % et de nature sexuelle à 0,4 %. « Ce n’est que la pointe de l’iceberg, car on sait que les personnes salariées ne déclarent pas toujours ces agressions », soutient M. Pronovost. Le rapport sur la violence envers le personnel de soutien scolaire de mai 2024 indiquait que près de la moitié (46 %) des répondants ne complétaient pas les rapports d’incidents.
Le personnel en contact direct avec les élèves est surreprésenté
En analysant les données, on constate que la presque totalité (98,1 %) des actes de violence touche du personnel de soutien scolaire en contact direct avec les élèves, soit les techniciennes et les techniciens en éducation spécialisée (TES), les éducatrices et les éducateurs en milieu scolaire, les préposées et les préposés aux élèves handicapés et les surveillantes et les surveillants d’élèves.
La classe d’emplois qui est la plus touchée est celle des TES avec plus de trois (3) personnes sur quatre (4) à 76,4 %. « Il faut arrêter de dire que ça fait partie de la job de se faire frapper lorsque tu interviens auprès des élèves, que ce soit en classe spécialisée ou en classe régulière, l’impact sur les individus est le même ».
Agir collectivement
Les deux leaders syndicaux font valoir que ce n’est certainement pas en créant une semaine nationale de prévention de la violence et du harcèlement ni en faisant reposer la prévention essentiellement sur le dos du personnel qu’on arrivera à contrer la violence.
« Plusieurs raisons peuvent expliquer ce déferlement de violence dans nos écoles et établissements. Lorsqu’il y a moins de personnel pour assurer les services directs aux élèves, il n’est pas possible de faire autant de prévention qu’on le souhaiterait et il est plus difficile d’intervenir rapidement. Il faut aussi que les décideurs prennent la situation au sérieux. Il faut refuser les situations inacceptables, il faut que cela cesse. Nous avons besoin de gestes concrets ! », dénonce le président de la FPSS-CSQ.
« On a beaucoup travaillé, pendant le dernier triennat, pour amener le sujet dans l’espace public. La Centrale, les fédérations, les affiliés, tout le monde a pris le taureau par les cornes, dénoncé les cas d’actualité, mis de l’avant les différentes réalités, illustré la situation par des sondages, etc. La CSQ continuera d’être active dans le dossier et de proposer des solutions. L’ensemble de la société a un rôle à jouer, et c’est maintenant qu’il faut s’atteler à la tâche », de conclure Éric Gingras.
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