Édition du 15 octobre 2024

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Québec

Les trois bouffons du Journal de Montréal

Trois chroniqueurs du Journal de Montréal se démarquent par le ridicule de leurs propos : Richard Martineau, Joseph Facal et Mathieu Bock-Côté (MBC pour les intimes). Ils partagent un anti-wokisme obsessionnel. Qu’est-ce que le wokisme ? on le définit comme un "état d’éveil" devant l’injustice.

Il est apparu en 2013 et désigne des personnes conscientes des problèmes découlant de l’injustice sociale et ethnique. Il est semble-t-il, très fort dans certaines universités américaines, d’où il a essaimé dans divers milieux, aux États-Unis comme à l’étranger. C’est un courant de pensée présent surtout dans les universités.

Selon nos trois nonos, le wokisme (ou du moins ses excès) menacerait la liberté d’expression en imposant un discours "politically correct" de gauche qui minerait le système démocratique. Rien de moins. Ils y reviennent avec une constance presque comique (involontairement) et à coup sûr, suspecte.

Celui qui remporte la palme du grotesque dans le discours anti woke et sans conteste Richard Martineau par son style démagogique et ses propos tranchants. Suivent dans la séquence du dérisoire Mathieu-Bock Côté et Joseph Facal.

À tout seigneur, tout honneur : débutons notre critique par Richard Martineau. Dans le numéro des 12 et 13 octobre du Journal de Montréal par exemple, Richard Martineau, à mon avis le plus démagogue des trois, présente aux lecteurs et lectrices en page 4, un commentaire intitulé : "scandale, mon médecin est blanc !". Il se réfère dans sa brève introduction à une chronique de Joseph Facal où, selon Martineau, son ami affirmait que "le mouvement woke montrait des signes d’essoufflement." L’objet des récriminations de Martineau cette fois-ci est la décision de la Toronto metropolitan University qui "privilégiera les candidatures provenant de groupes minoritaires lors de l’ouverture de son département de médecine". Il précise avec inquiétude que cette université prévoit accueillir 94 étudiants en médecine et que seulement 24 d’entre eux "seront choisis sur la base de leurs notes". Les 70 autres le seront en vertu de leur appartenance à des groupes minoritaires sous-représentés dans le système d’éducation supérieure. Par conséquent, sans pousser plus avant sa réflexion, Martineau s’alarme pour la santé de leurs futurs patients.

Je ne connais pas les critères d’admission au département de médecine de cette institution universitaire, mais on peut croire que ses responsables sont assez intelligents et compétents pour avoir réfléchi au préalable à ce problème et qu’ils y ont trouvé une solution qui concilie ouverture à l’autre et acquisition des compétences indispensables pour exercer la médecine.

Passons maintenant à Joseph Facal. Il s’est emparé en page 6 d’une affaire qui a fait grand bruit dernièrement, celle de l’école primaire Bedford où des instituteurs d’origine maghrébine auraient utilisé des méthodes pédagogiques brutales et dépassées tout en évitant d’enseigner des matières peu prisées par les intégristes musulmans comme les sciences et l’éducation à la sexualité. Ils utilisaient aussi, paraît-il, des manuels nord-africains (!) remontant aux années 1970 et 1980. Le rapport officiel qui fait état de cette situation dégradée est sérieux et on doit en tenir compte.

Mais le texte du chroniqueur semble imprégné en filigrane d’une certaine xénophobie à l’endroit de l’Islam. Évidemment, il n’en conviendra pas. Mais il fait quand même partie du trio de choc anti-woke de l’organe de presse où il sévit. Je me souviens pour ma part d’une époque pas si lointaine où c’était un certain intégrisme catholique qui régentait notre système d’éducation durant les décennies 1950 et 1960. Une enfance l’eau bénie...
Finalement, examinons le cas de notre troisième larron, Mathieu Bock-Côté. Il s’en prend en page 57 aux organisations criminelles d’origine "ethnique" qui recrutent toujours plus de jeunes pour accomplir leur sale besogne. Cependant, Bock-Côté ressent le besoin d’ajouter :

"Ces gangs, quoi qu’on en dise, fonctionnent souvent selon le principe de l’affinité ethnique. Ce n’est pas nouveau. Hier, les gangs de rue étaient souvent haïtiens, et la mafia, italienne. D’ailleurs, ils le sont encore."

On ne peut nier que le crime organisé, dans ses multiples facettes, comporte une dimension "ethnique", ce qui peut s’expliquer de bien des manières ; entre autres, dans plusieurs cas, par la marginalité et la pauvreté auxquelles sont souvent confrontés les nouveaux venus dans la société d’accueil. Mais il faut éviter de généraliser. Tous les Haïtiens, Latinos et Italiens n’empruntent pas l’ascenseur de la criminalité comme voie d’élévation professionnelle. Rappelons aussi qu’il existe toute une pègre francophone de vieille souche...

L’anti-gauchisme de l’auteur touche à la paranoïa lorsqu’il déclare :
"La gauche, en imposant ses concepts, formate la pensée collective et dirige l’action publique.
Elle entrave ici l’efficacité des forces de l’ordre.
"

Outre qu’il s’agit là d’une affirmation gratuite, Mathieu Bock-Côté reprend le discours des bien pensants en jetant dans le même sac les contestataires de l’idéologie dominante et les délinquants professionnels qui profitent du système économique en place. Si on va jusqu’au bout de sa logique, les premiers seraient les complices involontaires des seconds.
Verdict final : nos trois commentateurs sont condamnés à continuer d’écrire n’importe quoi jusqu’à leur retraite.

Jean-François Delisle

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