Édition du 15 octobre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Gaza et Liban : la position étatsunienne me révolte profondément !

Je suis abasourdi. Incrédule. Profondément révolté. Je viens de voir, en direct sur Al Jazzera, l’intervention de l’ambassadrice des États-Unis Linda Thomas-Greenfield lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, convoquée à la suite du lancement par l’Iran, dans la nuit du 1er au 2 octobre, de plus de 180 missiles balistiques contre Israël.

Quelle présentation absolument biaisée ! Quelle hypocrisie ! Quelle façon éhontée d’ignorer complètement l’oppression historique dont souffre, depuis des décennies, le peuple palestinien !

Un bref rappel du contexte général qui a mené à ce lancement de missiles par l’Iran.
Le 7 octobre 2023, le Hamas attaque Israël faisant, dans l’espace de quelques heures, 1139 victimes israéliennes et retournant à Gaza avec 250 otages.

Traumatisée par l’assaut le plus atroce et meurtrier qu’elle n’ait subi depuis sa fondation en 1948, Israël contrattaque la bande de Gaza, la bombardant massivement et annonçant avec rage et vengeance qu’elle va priver Gaza de toute eau, alimentation, et énergie !

Le Hezbollah, se montrant solidaire du Hamas, qui, comme lui, résiste depuis longtemps à une brutale occupation israélienne qui dure depuis des décennies, se met immédiatement à tirer des roquettes depuis le sud du Liban vers le nord d’Israël.

Quelques jours plus tard, l’armée de terre israélienne envahit Gaza. Cette invasion, toujours en cours et constamment accompagnée de bombardements, a produit, à ce jour, la destruction d’environ 75% de l’infrastructure– résidences, écoles, hôpitaux, mosquées, églises, systèmes d’eau, routes, etc. – rendant la bande de Gaza inhabitable. Elle a fait 100 000 blessés et 42 000 victimes, dont 70% enfants et femmes, 226 employés des Nations Unies, 174 journalistes et employés des médias. Plus de 17 000 enfants ont perdu un de leurs parents, et souvent tous les deux. Plus de 1 000 de ces derniers ont dû subir l’amputation d’une jambe, d’un bras, etc., souvent sans anesthésie aucune. Plus de 90% de la population de Gaza s’est vu contrainte de se déplacer, plusieurs de nombreuses fois.

Alors que l’attention internationale se focalise sur Gaza, Israël en profite pour intensifier ses attaques en Cisjordanie. Depuis un an, elle y a tué plus de 720 Palestiniens et Palestiniennes, en a détenu plus de 11 000 - dont plus de 200 mineurs – et généralement sans accusation et possibilité de procès. Elle a aussi permis à des colons fanatiques juifs d’expulser violemment de plus en plus de Palestiniens et Palestiniennes de leurs terres, prenant possession de celles-ci avec une impunité totale.

Telle est l’immensité du carnage et de la destruction à Gaza – atrocités qu’on peut observer en direct au jour le jour sur nos écrans –que le vent de sympathie internationale que s’était initialement attiré Israël à la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre se transforme rapidement en condamnation et isolement international de plus en plus accentués (1)

Néanmoins, le gouvernement de Joe Biden continue de se solidariser avec son grand allié Israël, décrivant sans cesse, et avec moultes détails, les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, répétant comme un perroquet qu’Israël a le droit de se défendre, mais passant complètement sous silence le fait, pourtant reconnu par le droit international, que Palestiniens et Palestiniennes ont eux aussi le droit de se défendre contre une occupation qui est carrément illégale, dure depuis des décennies, et est d’une brutalité et inhumanité inouïes !

Au lieu de reconnaître le Hamas comme le fer de lance de la résistance palestinienne, le gouvernement Biden réduit celui-ci à un mouvement terroriste et monstrueux qui doit être éliminé.

Que tuer avec de puissantes bombes étatsuniennes 17 000 enfants à Gaza, les déchiquetant littéralement en mille morceaux, puisse représenter monstruosité et terrorisme...

Que la situation à Gaza soit rendue telle que la Cour internationale de justice, le 26 janvier dernier, estime tellement plausible qu’Israël soit en train de commettre un génocide qu’elle accepte d’entamer une enquête officielle à ce sujet...

Que la Cour pénale internationale de justice, le 20 mai dernier, demande un mandat d’arrêt contre le premier ministre d’Israël Benjamin Nétanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant, les accusant, entre autres, d’utiliser la faim comme arme de guerre (2)...

Que le Conseil de sécurité de l’ONU ordonne, le 10 juin 2024, un cessez-le-feu immédiat à Gaza...

Que la Cour internationale de Justice déclare, le 19 juillet dernier, que l’occupation par Israël de la bande de Gaza, la Cisjordanie, et Jérusalem Est soit carrément illégale et exige que tout ce territoire soit rendu au plus tôt à la Palestine...
Que l’Assemblée générale des Nations Unies, le 10 septembre dernier, reconnaisse officiellement, dans un vote historique (143 en faveur, 9 contre, et 25 abstentions), la Palestine comme membre...

Que tout cela se passe importe peu au gouvernement Biden.

Selon lui, tous ces jugements et décisions n’ont aucune validité. Rien ne démontre, insiste-il, que ce qui se passe à Gaza constitue un génocide ! Rien ne démontre que les actions des leaders israéliens constituent des crimes ! Les ordonnances de cessez-le-feu provenant du Conseil de sécurité de l’ONU, allègue-t-il, n’aurait pas de caractère obligatoire ! (3)

Non seulement le gouvernement Biden refuse de sévir contre le gouvernement d’Israël, notamment en coupant le flot d’armes et d’argent, mais il fait exactement le contraire ! Il augmente celui-ci de façon spectaculaire !

Sans doute dans un effort pour échapper à l’isolement international dans lequel le plonge de plus en plus son appui inébranlable à un régime qui a une montagne de plus en plus énorme de sang et d’atrocités sur les mains... et pour tenter de calmer la colère montante que suscite chez une partie substantielle de sa base électorale démocrate son appui immoral à Israël, surtout dans le segment des jeunes et les Arabes, le gouvernement Biden multiplie les déclarations où il demande à Israël de limiter le plus possible le nombre de victimes civiles.

Il y a beaucoup trop de victimes civiles, se lamente-t-il avec une hypocrisie consommée ! Nous travaillons inlassablement et de façon acharnée avec nos alliés afin qu’Israël et le Hamas arrivent à un cessez-le-feu, répète depuis des mois le gouvernement Biden. Un cessez-le-feu comportant une négociation politique aboutissant à la solution de deux états, un pour Israël, et un pour la Palestine.

Cependant, qu’Israël fasse exactement le contraire...

Qu’elle fasse augmenter de façon spectaculaire, barbare et inhumaine la destruction d’infrastructure, et que le nombre de victimes palestiniennes augmente par douzaines chaque jour...

Que le premier ministre Benjamin Nétanyahou saborde systématiquement toute proposition de cessez-le-feu, dès que le Hamas affirme avoir accepté une telle proposition...

Que Nétanyahou, le 31 juillet, ose assassiner à Téhéran Ismail Haniyeh, le chef politique du Hamas, alors que ce dernier venait tout juste d’accepter la proposition de cessez-le-feu que le président Joe Biden lui-même proposait, en affirmant que celle-ci avait été formellement acceptée par Israël...

Que le parlement israélien, le Knesset, pousse l’audace jusqu’à voter massivement, le 17 juillet dernier, contre la création d’un état palestinien souverain, rejetant formellement et publiquement la solution politique de deux états que propose depuis des mois le gouvernement Biden...

Non. Tout cela ne change absolument rien à l’appui de fer (iron-clad) qu’offre ce dernier à Israël !

Comme si le gouvernement Biden n’avait pas suffisamment démontré au monde entier toutes ses contradictions et le ridicule éhonté de ses prises de position par rapport à Israël et le conflit en cours, le porte-parole du Département d’état étatsunien Matt Miller répondait ce qui suit à un journaliste qui l’interrogeait récemment lors d’une conférence de presse :

« Nous n’avons jamais voulu arriver à une résolution diplomatique avec le Hamas. Nous voulons un cessez-le-feu, mais nous nous sommes toujours engagés à détruire le Hamas. Nous avons toujours dit clairement que nous voulions une autorité gouvernante différente à Gaza.  » (4)

Difficile d’arriver à une entente avec une partie, si cela est conditionnel à ce que celle-ci accepte sa propre disparition !

Le 17 septembre, Israël, sans doute frustrée de ne pas avoir réussi à éliminer le Hamas à Gaza, se tourne vers le Liban et y fait exploser, dans l’espace de quelques secondes, environ 5000 téléavertisseurs. Et, le lendemain, de centaines de walkietalkies et radios portatives.

Ces explosions, qui ont lieu surtout à Beyrouth mais aussi partout au Liban - supermarchés, voitures ordinaires, ambulances, résidences, etc., enfreignent carrément les lois humanitaires internationales et constituent des actes on ne peut plus terroristes : 37 morts, dont deux enfants ; plus de 3 000 blessés, dont 200 grièvement, plusieurs perdant des doigts, un œil, et parfois tous les deux.

Le 27 septembre, Israël assassine à Beyrouth le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, ainsi qu’un général de l’armée iranienne.

Un autre geste du premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, pour saborder, on ne peut plus clairement, une proposition de cessez-le-feu. Car au moment même où il est assassiné grâce à 80 bombes de 2 000 lb de fabrication étatsunienne - dénommées, à cause de leur capacité de pénétrer une épaisseur imposante de béton, « bunker busters »

 Nasrallah venait tout juste d’accepter la proposition de cessez-le-feu de 21 jours proposée par les États-Unis, la France, et la Grande Bretagne. Une proposition, qui, selon les dires de Washington, aurait déjà été formellement acceptée par le gouvernement israélien.

Cette attaque revêt un caractère terroriste, car les 80 bombes font aussi plus de trois douzaines de victimes civiles libanaises ainsi que 200 blessés.

Dans les jours qui suivent, Israël poursuit ses bombardements et réussit à assassiner un nombre considérable de hauts leaders du Hezbollah, suscitant cris de joie et de victoire en Israël.

Puis, les troupes israéliennes commencent à envahir le sud du Liban.
Dans la nuit du 1er au 2 octobre, l’Iran, qui n’avait toujours pas encore riposté à l’assassinat à Téhéran d’Ismail Haniyeh, le chef politique du Hamas, lance plus de 180 missiles balistiques contre Israël. Selon Israël et les États-Unis, presque tous ces missiles furent contrés, grâce, d’une part, à la robuste défense antimissile israélienne – Dôme de fer, Fronde de David et système Arrow – et, d’autre part, à l’aide des États-Unis qui ont tiré une douzaine d’intercepteurs depuis leurs destroyers déployés en mer, entre la Méditerranée et le golfe d’Oman. Cependant, l’Iran maintient qu’un bon nombre de missiles ont bel et bien atteints leurs cibles, soit des bases militaires israéliennes. La version iranienne semble valide, car des images satellite et des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent clairement des missiles frappant les uns après les autres la base aérienne de Navtim dans le désert du Néguev, et déclenchant quelques explosions secondaires. (5)

Quelques derniers commentaires pour compléter ce tableau du contexte, à la fois général et plus immédiat, dans lequel intervenait l’ambassadrice des États-Unis Linda Thomas-Greenfield lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU mentionnée au début de cet article. Une intervention, comme mentionné plus haut, qui me laissait abasourdi, incrédule, et profondément révolté.

Si le Hezbollah tire des projectiles sur le nord d’Israël depuis le 8 octobre 2023, obligeant environ 60 000 Israéliens à se déplacer de cette région, ce n’est pas, comme le laisse constamment entendre Israël, parce qu’il serait enfant de la noriceurs, méchant, monstrueux, barbare et terroriste. C’est plutôt parce qu’il représente un mouvement de résistance palestinienne à l’occupation d’Israël, et se solidarise avec la bande de Gaza qui est en train de subir ce que la Cour internationale de justice qualifie de génocide plausible. Le Hezbollah affirme d’ailleurs depuis des mois que ses attaques contre Israël cesseront complètement dès qu’il y aura un cessez-le-feu à Gaza.

Si les Houthis, depuis le 3 décembre dernier, attaquent des navires commerciaux en mer Rouge à l’aide de drones et de missiles balistiques, surtout les navires qui se dirigent vers Israël, c’est fondamentalement parce qu’ils se solidarisent avec la souffrance des Palestiniens et Palestiniennes à Gaza, et reprochent à Washington et aux puissances occidentales de soutenir un pays qui est en train de commettre un génocide. Et, comme le Hezbollah, ils répètent depuis des mois que dès qu’il y aura cessez-le-feu à Gaza, ils mettront immédiatement fin à leurs attaques.

Si l’Iran a tiré quelques 180 missiles balistiques sur Israël dans la nuit du 1 au 2 octobre dernier, ce n’est pas, comme le laissent entendre le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, ainsi que le gouvernement Biden, parce que ce pays est fondamentalement terroriste et barbare, et cherche constamment à semer haine et chaos dans le Moyen-Orient. C’est fondamentalement parce qu’il appuie avec une main de fer la cause palestinienne, s’oppose carrément à l’oppression exercée par l’état juif, et accuse les pays occidentaux, principalement les États-Unis, d’appuyer financièrement, militairement, et politiquement un régime génocidaire.

Est très révélateur à cet égard la réaction de Nétanyahou lorsqu’Emmanuel Macron proposait, le 5 octobre dernier, l’arrêt des livraisons d’armes à Israël, et argumentait que c’était un non-sens, d’une part, de poursuivre le flot d’armes à ce pays, et, d’autre part, d’appeler à un cessez-le-feu :

« Quelle honte ! » s’exclame Nétanyahou avec colère. « Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël. Pourtant, le président Macron et d’autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à des embargos sur les armes contre Israël. Ils devraient avoir honte. »

Ayant brossé un tableau du contexte dans lequel fut convoquée d’urgence une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, j’invite maintenant lectrices et lecteurs à lire l’intervention de l’ambassadrice des États-Unis Linda Thomas-Greenfield, lors de cette réunion. Je les invite, plus précisément, à noter :

• Qu’elle qualifie les deux leaders, un du Hamas et l’autre du Hezbollah, de « chefs terroristes », comme si ces deux mouvements n’avaient rien à voir avec la lutte contre une occupation illégale que mène le peuple palestinien, comme si le terrorisme faisait tout simplement partie de l’ADN de ces deux mouvements.

• Qu’elle attribue à l’Iran la responsabilité d’une « escalade significative », qualifie son lancement de missiles balistiques contre Israël « d’attaque non provoquée », et demande aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU de condamner cette attaque et d’imposer de nouvelles sanctions sur l’Iran. Comme si ce n’était pas le carnage et la destruction que perpétue Israël à Gaza depuis un an et au Liban depuis deux semaines qui représente la racine fondamentale de « l’escalade significative » ! Comme si les missiles balistiques tombaient du ciel par pure malice, représentaient une « attaque non provoquée », et n’avaient absolument rien à voir avec le carnage et la destruction que perpétue Israël ! Comme si la grande priorité du Conseil de sécurité de l’ONU ne devrait pas être de condamner le nettoyage ethnique, voire le génocide, qu’effectue présentement Israël ! Et surtout de condamner tous les pays, surtout les États-Unis, qui financent et appuient un tel carnage et une telle destruction !

• Qu’elle a le culot d’accuser l’Iran d’avoir réalisé une attaque « destinée à causer beaucoup de morts et de destruction », alors qu’elle non seulement s’abstient de porter une accusation similaire envers son allié israélien, qui lui, réalise bel et bien depuis un an des montagnes d’attaques qui sont non seulement destinées à être meurtrières et dévastatrices, mais qui le sont effectivement et spectaculairement !

• Qu’elle accuse formellement l’Iran « de s’être rendu complice des attaques du 7 octobre contre Israël en finançant, en entraînant, en dotant de moyens, et en soutenant l’aile militaire du Hamas », comme si c’était un péché mortel que de financer un mouvement de libération nationale, mais un acte carrément angélique de la part des États Unis que de financer Israël, un pays qui opprime, détruit, massacre, impose un système d’apartheid, et commet un génocide !

• Qu’elle accuse l’Iran d’encourager les Houthis au Yémen de perturber le transport maritime mondial et de lancer des attaques contre Israël », comme si les attaques des Houthis n’avaient absolument rien à voir avec la lutte menée par la résistance palestinienne ; comme si les Houthis n’étaient que des fauteurs de troubles, qui agissent par pure haine et ne cherchent que chaos et destruction !

• Qu’elle accuse l’Iran d’armer et d’encourager « le Hezbollah après que son ancien chef, Nasrallah, a pris la décision le 7 octobre d’ouvrir un « front nord » contre Israël », comme si c’était une action criminelle que d’armer et encourager un mouvement qui lutte spécifiquement pour la libération d’un peuple qui souffre d’une horrible et longue oppression !

• Qu’elle affirme qu’il « ne fait aucun doute que le soutien iranien à ses proxys régionaux a directement contribué aux crises à Gaza et au Liban ». Comme si ce n’était pas plutôt le soutien étatsunien indéfectible à son proxy israélien qui a « directement contribué aux crises à Gaza et au Liban », un soutien immense qui, depuis des dizaines d’années, permet à Israël de continuer à imposer au peuple palestinien une oppression brutale et carrément coloniale !

• Qu’elle accuse l’Iran et ses alliés de se donner «  corps et âme à ce qui ne constitue que pure propagande », comme si le récit mis de l’avant par Nétanyahou et Biden - Israël est en train de mener la grande lutte des pays civilisés contre barbarisme et terrorisme – tenait la route ! Comme si ce n’était pas plutôt ce récit précis qui n’a aucun sens ! Comme si ce n’était pas ce récit précis «  qui ne constitue que pure propagande » !

• Qu’elle note que « l’intensification des combats (au Liban) au cours de la semaine dernière a entraîné le déplacement de près d’un million de personnes, » et pleure « les nombreux civils qui ont été tués ». Comme si ce n’était pas carrément à son allié Israël qu’incombait l’entière responsabilité de cette «  intensification des combats » ! Comme s’il lui suffisait de dire qu’elle pleure « les nombreux civils qui ont été tués » ! Comme s’il suffisait de verser quelque larmes pour s’excuser des montagnes de morts qu’elle-même et son pays, les États-Unis, produisent quotidiennement en fournissant fidèlement à Israël bombes, avions, munitions et caution morale et politique !

• Qu’elle affirme ne pas voir « d’exemple plus frappant de soutien étatique au terrorisme que le lancement de missiles balistiques pour venger la mort d’un chef terroriste ». Comme si ce n’était pas plutôt les actions massivement génocidaires et destructives lancées par Israël depuis un an qui constituaient, devant les yeux du monde entier, l’exemple le plus spectaculaire et le « plus frappant de soutien étatique au terrorisme » !

Chers collègues,

Hier, le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, le CGRI, a lancé près de 200 missiles balistiques en direction d’Israël. (...)

L’intention déclarée de l’Iran était de venger la mort de deux chefs terroristes soutenus par le CGRI, et d’un commandant du CGRI, en infligeant des dommages importants et en tuant des personnes en Israël.

Heureusement, grâce à une coordination étroite entre les États-Unis et Israël, l’Iran n’a pas atteint ses objectifs.

Ce résultat n’enlève rien au fait que cette attaque, destinée à causer beaucoup de morts et de destruction, a marqué une escalade significative de la part de l’Iran. Elle n’enlève rien à la nécessité d’une action immédiate du Conseil.

Le moment est venu pour le Conseil de s’exprimer - d’une seule voix - et de condamner l’Iran pour son attaque non provoquée contre un autre État membre. Et, ce qui est tout aussi important, d’imposer des conséquences sérieuses au Corps des gardiens de la révolution islamique pour ses actions.

Chers collègues, d’une manière générale, l’Iran s’est rendu complice des attaques du 7 octobre contre Israël en finançant, en entraînant, en dotant de moyens et en soutenant l’aile militaire du Hamas.

Après l’horrible attaque du Hamas, perpétrée il y a près d’un an aujourd’hui, les États-Unis ont envoyé un message clair à l’Iran : n’exploite pas la situation d’une manière qui risquerait d’entraîner la région dans une guerre plus vaste.

Le CGRI a ignoré cet avertissement de manière flagrante et répétée.

En encourageant et en permettant aux Houthis au Yémen de perturber le transport maritime mondial et de lancer des attaques contre Israël. (...) Et en armant et en encourageant le Hezbollah après que son ancien chef, Nasrallah, a pris la décision le 7 octobre d’ouvrir un « front nord » contre Israël.

Il ne fait aucun doute que le soutien iranien aux mandataires régionaux a directement contribué aux crises à Gaza et au Liban.

Au centre des efforts déployés par l’Iran depuis le 7 octobre pour semer le chaos et menacer la stabilité régionale se trouve le Corps des gardiens de la révolution islamique, qui a bafoué et violé à plusieurs reprises les résolutions de ce Conseil.
Je n’arrive pas à croire que je doive le dire, mais je le ferai : le CGRI et ses alliés se donnent corps et âme à ce qui ne constitue que pure propagande.

La décision de lancer près de 200 missiles balistiques sur Israël n’était en aucun cas défensive. Le CGRI ne protégeait pas l’Iran contre les menaces d’un autre État membre.
Au contraire, le CGRI a agi par solidarité avec le Hezbollah après l’assassinat de Nasrallah, qui dirigeait un groupe terroriste ayant sur les mains le sang de milliers d’Américains, de Libanais et d’Israéliens.

Je ne vois pas d’exemple plus frappant de soutien étatique au terrorisme que le lancement de missiles balistiques pour venger la mort d’un chef terroriste.
C’est indéfendable et inacceptable. En tant que membres du Conseil de sécurité, nous avons la responsabilité collective d’imposer des sanctions supplémentaires au Corps des gardiens de la révolution islamique pour son soutien au terrorisme et pour avoir bafoué un si grand nombre de résolutions de ce Conseil.

Si ce Conseil reste les bras croisés, quel message enverra-t-il ? Je crains que le silence et l’inaction ne fassent qu’inviter le CGRI à répéter des attaques comme celles que nous avons vues hier, et le 13 avril de cette année, encore et encore et encore.

Chers collègues, nous nous réunissons à un moment où le risque que des pays de la région soient entraînés dans un conflit plus large est accru.

Le Liban en fait partie. L’intensification des combats au cours de la semaine dernière a entraîné le déplacement de près d’un million de personnes, et nous pleurons les nombreux civils qui ont été tués.

Nous reconnaissons également que, depuis près d’un an, Israël n’a cessé de réclamer la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701. Alors même que les attaques du Hezbollah le long de la frontière israélo-libanaise ont déplacé des Libanais et que le Hezbollah a empêché le gouvernement libanais d’exercer sa pleine souveraineté de son côté de la Ligne bleue.

Il est révélateur que, même après les événements récents, Israël continue de réclamer la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701.

L’obtention de ce résultat par le travail acharné de la diplomatie reste la priorité urgente des États-Unis. Nous sommes fermement convaincus qu’une solution diplomatique le long de la ligne bleue, conforme à la résolution 1701, est le seul moyen de désamorcer durablement les tensions et de permettre aux citoyens israéliens et libanais de rentrer chez eux en toute sécurité.

Dans le cadre de la recherche de cette solution diplomatique, nous réitérons notre appel à toutes les parties pour qu’elles protègent les civils.

Nous soulignons également notre soutien à la FINUL et insistons sur le fait que toutes les parties doivent veiller à ce que le personnel de la FINUL reste en sécurité.

Chers collègues, nous sommes également déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin à la guerre à Gaza, où les civils palestiniens ont été pris dans le collimateur de la guerre et où une grave crise humanitaire persiste. C’est pourquoi nous nous efforçons d’obtenir un accord de cessez-le-feu et la libération des otages, conformément à la résolution 2735.

Les événements de la semaine dernière devraient envoyer un message sans ambiguïté aux dirigeants du Hamas, qui continuent de se cacher dans les tunnels sous Gaza : le Hezbollah et l’Iran ne vous sauveront pas.

La seule voie à suivre est celle d’un accord de cessez-le-feu. Nous devons redoubler d’efforts pour trouver des solutions diplomatiques qui garantiront la sécurité des populations dans toute la région.

Ce faisant, il ne doit y avoir aucun doute : les États-Unis continueront à soutenir le droit d’Israël à se défendre contre le Hezbollah, le Hamas, les Houthis et tous les autres terroristes soutenus par l’Iran.

Bien entendu, la manière dont Israël se défend est importante. Nous continuons à affirmer clairement que des mesures doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux civils.

Chers collègues, comme l’a souligné le président Biden à la suite de l’attaque d’hier : « Les États-Unis soutiennent pleinement, pleinement, pleinement Israël ».
Nos actions ont été de nature défensive.

Soyons clairs : le régime iranien sera tenu responsable de ses actes. Et nous mettons fermement en garde contre le fait que l’Iran - ou ses proxys - entreprennent des actions contre les États-Unis, ou d’autres actions contre Israël.

Chers collègues, ce moment de grand risque est un test pour ce Conseil. Il est impératif que nous condamnions sans équivoque l’attaque de l’Iran et que nous exigions qu’il cesse de soutenir le terrorisme dans la région.

Les habitants d’Israël, de Gaza et de Cisjordanie, du Liban et de toute la région méritent une paix durable. Et il est grand temps que ce Conseil demande des comptes à l’Iran pour avoir attisé les flammes de la guerre.

Je vous remercie, Madame la Présidente.

Notes

1. Patrick Wintour, Israel was told ‘you are not alone’ – but year of war has left it isolated, The Guardian, le 4 octobre 2024. Consulté le même jour

2. La cour demande aussi en même temps un mandat d’arrêt contre deux leaders du Hamas pour les atrocités commises en Israël le 7 octobre 2023.

3. US Spokesperson Contradicts Himself In Excruciating Press Conference, Michael Walker, publié sur YouTube le 3 octobre 2024.

4.Andrew Roth, Escalation with Iran could be risky : Israel is more vulnerable than it seems, The Guardian, le 5 octobre 2024. Consulté le même jour

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d’aide financière à l’investissement.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : États-Unis

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...