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France - Résolution sur la situation sociale et politique (Conseil politique national des 21-22 janvier 2023)

En tant qu’organisation politique nationale, nous continuons aussi à discuter et à débattre avec différentes forces avec qui nous sommes pour la plupart engagées dans la construction d’échéances de mobilisations autour des salaires, des retraites ou de différentes luttes sur le terrain de l’écologie, de l’antiracisme ou de l’égalité des droits.

Tiré du site L’Anticapitaliste
22 janvier 2023

Par le NPA

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Photothèque Rouge /Martin Noda / Hans Lucas

1- Une situation internationale marquée par l’offensive des classes dominantes

La situation globale du capitalisme est caractérisée par des crises multiformes (crise économique, crise climatique, crise sanitaire, guerre impérialiste.....). L’ensemble des indicateurs économiques semblent confirmer que la crise va s’accentuer, générant de nouvelles catastrophes sociales et politiques. Et le ralentissement économique de la Chine est lourd de déstabilisations aussi bien comme accélérateur de la crise économique que de potentielles déflagrations politiques.

Dans cette situation de chaos géopolitique, on assiste à des mouvements de flux et de reflux dans la lutte de classe avec un rapport de force globalement défavorable pour les travailleurEs, et des classes dominantes qui renforcent leurs politiques impérialistes et guerrières. Mais il existe aussi des réactions importantes face aux ravages du capitalisme qui constituent des points d’appuis.

Depuis le début de l’année 2022, la guerre en Ukraine est devenue un élément central tant dans les rapports de forces inter-impérialistes que par ses répercussions diverses sur la crise d’approvisionnement, notamment énergétique. Face à l’invasion par les troupes de Poutine, nous avons affirmé notre solidarité avec la résistance armée et non armée du peuple ukrainien, avec les mouvements anti-guerre en Russie et en Biélorussie, avec les syndicalistes et féministes de ces pays. Avec le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine, nous organisons des réunions publiques, nous avons manifesté et nous manifesterons à nouveau le samedi 25 février pour exiger l’arrêt immédiat des bombardements, le retrait des troupes russes d’Ukraine et l’arrêt de cette guerre terrible. Mais avec nos camarades de Sotsialnyi Rourh, nous nous mobilisons également contre les mesures anti-ouvrières et les lois contre le droit du travail du gouvernement Zelensky, contre les conditions néolibérales imposées par les gouvernements occidentaux à leur aide intéressée.

Un autre élément majeur dans la situation internationale est la progression de l’extrême droite sous différentes formes.

Aux États-Unis, elle s’est imposée comme une force au sein du Congrès. Une première depuis le début du XXe siècle, quand le Ku Klux Klan y était représenté. Mais au-delà du cadre institutionnel, la droite extrême et populiste a infusé comme jamais au sein de la société américaine. Les répercussions sur les vies des femmes et des personnes LGBTI sont d’ores et déjà graves.

Au Brésil, renforcés en nombre de voix lors de la dernière présidentielle, les Bolsonaristes ont tenté un coup d’État une semaine jour pour jour après l’investiture de Lula. Malgré la défaite de Bolsonaro, l’extrême droite représente toujours une menace importante pour la société et les militantEs progressistes, notamment par sa présence dans le cœur des institutions. La complicité active de la police a permis l’insurrection dans le but de provoquer un chaos et ainsi justifier une intervention militaire. Les condamnations unanimes de l’extrême gauche jusqu’à la droite et les mobilisations populaires ont finalement affaibli les Bolsonaristes mais la menace fasciste reste bien là.

En France, l’attentat qui a visé la communauté Kurde le 23 décembre, dix ans après le triple assassinat de militantes kurdes par les services de renseignements turcs, s’inscrit aussi dans ce renforcement des idées d’extrême droite en Europe, sous des formes diverses. L’attitude ambivalente du gouvernement français vis-à-vis des kurdes, oscillant entre une certaine souplesse (compte-tenu du rôle de ces derniers dans le combat contre l’Etat islamique) et un soutien à Erdogan, le rend complice de la multiplication de tels actes. Plus largement un climat raciste et autoritaire permet les passages à l’acte d’individus agissant ou non pour des États ou des groupes d’extrême droite.

Face à ces offensives réactionnaires et autoritaires, des mobilisations populaires de masse constituent des points d’appui pour changer le cours des choses et peuvent même être déterminantes pour l’avenir des peuples de leur région. En Iran, depuis le meurtre de Masha Amini le 16 septembre dernier, les travailleurEs, les femmes, les jeunes, mènent une résistance exemplaire et inédite face à un pouvoir corrompu, une théocratie sexiste et autoritaire dont le recours massif aux condamnations à mort exprime l’illégitimité croissante. Afin de juguler le risque de révolution politique, les grandes puissances capitalistes sont à la manœuvre pour imposer une transition politique en opposition avec la dynamique des mobilisations et des aspirations sociales et démocratiques qui s’expriment.

Dans tous ces rebondissements des luttes internationales, comme dans la solidarité avec les mobilisations contre la répression en Algérie, au Maroc, aux côtés du peuple palestinien notre engagement internationaliste est central, et il est concret.

2- En France, une situation marquée par la bataille des retraites

Après les mobilisations de 2019-2020 et l’ajournement de la réforme dans le contexte du COVID, Macron et le gouvernement reviennent à la charge avec une nouvelle réforme des retraites. Il ne s’agit pas d’une réforme systémique - comme proposée la fois précédente avec la retraite à points - mais d’une réforme paramétrique dans la lignée des précédentes (2003, 2010, 2012 pour les plus récentes). Elle n’en demeure pas moins une attaque frontale contre notre classe.

Dans un contexte d’instabilité économique profonde, de crises sanitaire, écologique, sociale et politique, le capital souhaite manifestement récupérer à son profit l’argent qui lui échappe via les systèmes de cotisation de notre système de sécurité sociale et des retraites, comme il l’a fait pour l’assurance chômage.

C’est nos salaires, au sens des salaires socialisés, qui seront attaqués, diminués si cette contre-réforme passe. C’est donc la répartition entre capital et travail qui se joue ici.

Au-delà, il y a également un enjeu idéologique : en finir avec le compromis des 30 glorieuses. Il s’agit de faire basculer les cotisations sociales dans le champ du capital comme cela est déjà le cas dans de nombreux pays avec des résultats dramatiques pour les classes populaires dans tous les domaines de la vie.

Le gouvernement ne reprend pas exactement les termes de la réforme qu’il avait proposée il y a deux ans, c’est probablement en partie parce qu’il n’est pas serein. En effet, son illégitimité n’a jamais été aussi flagrante et la réélection lamentable de Macron en est un des éléments. La défiance envers le pouvoir, les institutions et le gouvernement est largement partagée dans la population. Les mobilisations précédentes, en particulier celle des Gilets jaunes, l’ont fragilisé.

Les dynamiques à l’œuvre dans le mouvement social sont complexes. En particulier, l’approche du congrès confédéral de la CGT en mars a des répercussions sur les rythmes de mobilisation : contesté sur sa gauche de manière plus structurée que lors des congrès précédents, la direction autour de Martinez tente de reprendre la main en étant plus à l’offensive. Dans ce contexte, les rapports entre les différents courants de la CGT et la LFI et/ou le PCF jouent également. Ainsi, la compétition entre les différents courants a sans doute participé au fait que l’intersyndicale propose finalement une date avant la manif impulsée par la France insoumise le samedi 21 janvier. Contrairement à ce qui s’était passé avec les marées populaires de 2018, la CGT se montre beaucoup plus réticente au travail commun entre organisations syndicales et politiques. Du côté de Solidaires existent des contradictions internes par rapport à un syndicalisme qui se veut à la fois de masse et radical, une radicalité qui de plus peut rentrer en contradiction avec la participation de Solidaires à un cadre intersyndical très large.

Le fait que l’intersyndicale soit extrêmement large est un point d’appui pour démarrer le mouvement, même si nous ne nous faisons pas d’illusions sur les trahisons rapides probables de certaines organisations. Elle est le reflet du rejet massif de la réforme dans l’ensemble de la population et permet de le consolider. Le choix de Macron de s’appuyer sur les parlementaires LR réduit sa marge de manœuvre pour négocier avec la droite du mouvement syndical. Sans grain à moudre, le prix de la trahison sera plus élevé que d’habitude, ce qui joue objectivement au maintien de l’unité des appareils pour appeler aux grandes journées de grève, en tous cas pour l’instant…

Pour notre part, nous devons nous appuyer sur l’accumulation d’expériences des mobilisations précédentes : interpro de 2003, nuit debout en 2016, marées populaires en 2018, mouvement des Gilets jaunes en 2018, interorga et assemblées générales en 2019-2020… Nous devons avoir la préoccupation de participer à construire concrètement la grève, à l’ancrer sur les lieux de travail. Il y a un enjeu majeur à éviter la tentation de la grève par procuration, d’autant plus que l’émergence de secteur jouant le rôle de locomotive est peu probable. Même si cela est difficile, nous ne devons pas renoncer à massifier la grève dans le privé au-delà des équipes de militantEs syndicaux.

La journée du 19 a été extrêmement massive grâce à la présence d’un très large arc syndical et à l’appui des organisations politiques de la gauche. Deux millions de manifestantEs, il faut remonter aux mobilisations de 2010 pour retrouver un chiffre comparable. Les manifestations ont été importantes partout et notamment dans de petites villes, avec une présence significative du privé. Cependant, l’enjeu reste la construction de la grève reconductible. En l’état actuel les cadres d’auto-organisation sont trop faibles pour permettre d’envisager un débordement du calendrier intersyndical. L’enjeu des prochains jours est de les construire ainsi que de mettre en discussion la nécessaire reconduction au lendemain du 31. Les appels à la grève (comme celui des raffineries les 26-27 janvier), de mobilisations sectorielles (comme dans l’éducation ce mercredi 25 janvier ou autour de la préparation de la prochaine rentrée scolaire), ou de journées de grève à l’occasion des négociations salariales, vont d’ici-là constituer de possibles points d’appui. L’intervention de la jeunesse scolarisée dans la mobilisation pourrait participer à en changer le caractère. Plus que de chercher une improbable locomotive, il faut construire la grève dans l’ensemble des secteurs pour partir ensemble ce 31 janvier.

3- Construire le mouvement unifiant contre la réforme des retraites, contre le gouvernement

Nous avons entamé et devons poursuivre le travail de recensement de notre présence sur les lieux de travail. C’est absolument nécessaire pour avoir la vision la plus claire de l’état de la mobilisation dans divers secteurs. C’est aussi indispensable pour tester notre politique, avancer nos propositions et avoir des points d’appui pour étendre et construire la grève (sans pour autant se faire des illusions sur nos capacités au vu de nos forces). Une réunion des salariéEs du public et du privé se tiendra tout début avril : elle sera l’occasion sinon de faire le bilan mais de discuter de la mobilisation sociale et un point d’appui pour la reconstruction de notre intervention sur les lieux de travail.

En ce qui concerne les revendications à pousser pour faire bouger le niveau de conscience et construire la mobilisations :

. Nous avançons nos revendications contre la réforme des retraites (60 ans, 37,5 annuités, etc. cf. 4 pages) et mettons en évidence la question de la répartition capital/travail.

. Dans le secteur public, les attaques violentes en cours contre l’hôpital, l’école, les transports, etc. doivent permettre de construire des revendications liant les préoccupations sectorielles et plus globales pour solidifier la mobilisation. Par ailleurs, pour tous les usagerEs, les services publics sont essentiels. Nous serons sans doute amenés à proposer du matériel de soutien et de solidarité avec les grévistes de ces secteurs (comme nous l’avons déjà fait dès la grève de 1995).

. Pour tous les secteurs, la question des salaires reste un point chaud de la situation sociale dans le contexte inflationniste que nous connaissons. L’augmentation des salaires, des retraites, des minimas sociaux, de tous les revenus quels qu’ils soient et leur indexation sur les prix permet de faire le lien entre toutes les catégories de la population, qu’elles travaillent ou pas. L’inégalité salariale entre les femmes et les hommes est un élément également très important puisqu’elle conduit à des pensions très inférieures pour les femmes et participent significativement du manque à gagner pour les cotisations sociales. De plus, il a déjà été démontré que c’est un ressort important de mobilisations, en particulier des femmes évidemment.

Partout où nous sommes, nous devons construire la grève à la base, en partant du niveau de conscience et de combativité des travailleurEs qui est forcément très hétérogène. Nous devons construire des cadres, qu’ils soient intersyndicaux et/ou d’auto-organisation, permettant de faire progresser le plus collectivement et massivement les personnes mobilisées, tout en gardant la préoccupation permanente de l’extension. Nous avançons la nécessité de ne pas nous cantonner à des journées sans lien, mais bien de construire la grève générale reconductible.

Nous ne nous opposons pas à des manifestations le week-end, bien au contraire car, comme l’a montré le mouvement des Gilets jaunes, des éléments de confrontation au pouvoir peuvent s’y exprimer en dehors des cadres plus verrouillés des syndicats. Par contre, il est impératif d’œuvrer à la jonction entre de telles journées et celles proposées dans le cadre intersyndical.

D’ores et déjà nous réactivons les liens interpro et interorga qui ont pu exister dans le passé pour travailler à l’extension du mouvement. Nous gardons en tête qu’ils ne doivent pas se substituer aux cadres d’auto organisation sur les lieux de grève et de coordinations de ces cadres. Nous devons éviter les écueils du substitutisme et de l’avant-gardisme sur lequel nous ont parfois entraîné des dérives gauchistes.

Une victoire sociale contre Macron est à portée de main. Elle va nécessiter :

 Le maintien de l’unité de la classe, de ses organisations, tout en tentant de les déborder pour radicaliser et généraliser la grève sans la rendre minoritaire. Cela passera par un plus haut niveau d’auto-organisation que d’habitude : cortèges intersyndicaux, AG majoritaires, mais aussi interpro et mobilisations populaires dans les quartiers et les communes.

 La confiance politique que pourra avoir notre camp à rompre avec les politiques procapitalistes. Cela passe par l’unité politique et sociale de toutes celles et tous ceux qui participent à construire la mobilisation pour faire chuter ce gouvernement. Cette unité doit se construire autour de revendications (retraite à 60 ans, salaires, services publics) et de la participation à la construction de la grève. Macron va jouer sur la légitimité institutionnelle. Nous sommes de celles et ceux qui souhaitons la chute d’un parlement illégitime qui s’apprêtent à passer en force sur la réforme, ce qui poserait le problème de la construction d’une alternative politique en rupture avec le système.

Nous continuons donc à participer à tous les meetings unitaires qui se construisent sur le territoire. Nous essayons d’y associer partis, syndicats, associations qui participent au mouvement, mais également des représentants des secteurs en lutte. Nous poussons à ce que ces meetings aient le plus de contenus possible à la fois en termes de revendications transitoires mais également en vue d’un affrontement politique avec le pouvoir.

Nous déclinons cette politique au plus près de notre camp. Dans les entreprises bien sûr, mais également à l’échelle territoriale en mettant en place des collectifs de soutien à la grève qui permettent d’associer des secteurs de notre camp qui ne sont pas structurés sur des lieux de travail où le mouvement ouvrier est présent et organisé.

4- Lutter contre le monde de Macron

Si la séquence des retraites qui s’est engagée cette semaine va durer plusieurs semaines, on ne peut pas s’attendre à ce que le gouvernement suspende ses autres offensives réactionnaires et liberticides, bien au contraire. Nous devons donc continuer à animer tous les fronts de lutte déjà ouverts en cherchant à les articuler avec la mobilisation sur les retraites. Notre boussole, c’est que, loin d’être une diversion, la construction de ces mobilisations aide à unifier et renforcer notre camp social dans le contexte de la bataille des retraites.

La première échéance d’ampleur nationale et la plus évidente à raccrocher au combat pour la défense de nos retraites est la grève des femmes, la grève féministe autour de la journée du 8 mars. La place spécifique prise, y compris dans les argumentaires syndicaux, par l’enjeu de l’égalité salariale pour lutter contre la faiblesse des pensions des femmes (inférieures de 40 %) en même temps que d’abonder les caisses de la sécurité sociale (plus 10 milliards par an), sera indéniablement un point d’appui comme il l’a été en 2019. Notre axe sera de développer la nécessité d’un mouvement autonome des femmes pour porter dans la durée et sous ses propres formes, dans le cadre du mouvement général, ses revendications : la grève des femmes, la question du travail reproductif, de la charge mentale, des enjeux du soin aux enfants et aux personnes en perte d’autonomie en articulation avec la lutte pour les services publics de la petite enfance, du handicap et du grand âge.

Les LGBTI seront également spécifiquement touché·e·s par la contre-réforme des retraites. L’exclusion du salariat, particulièrement pour les personnes trans, et les inégalités salariales et les discriminations à l’embauche, qui persistent pour celles et ceux qui font leur coming out, impactent sur le montant des pensions. Si elle était appliquée, la contre-réforme viendrait donc précariser les LGBTI. La pandémie de VIH/Sida et les parcours de transition ont aussi pu amener à des carrières hachées, une retraite à taux plein devenant ainsi impossible avec une pension à taux réduit. De plus, quand une personne a des problèmes de santé et que les pensions sont trop faibles, la famille est souvent une structure sur laquelle beaucoup doivent s’appuyer pour pallier à la dégradation de nos protections sociales. Les LGBTI n’ont pas les mêmes possibilités de compter sur la structure familiale à cause du potentiel rejet de leurs familles et de l’interdiction d’avoir pu construire les leurs pendant des années.

Nos réponses à la contre-réforme sur les retraites, c’est « travailler moins » en réduisant le temps de travail, en augmentant les congés payés, en baissant l’âge de la retraite. Mais c’est aussi poser la question : quoi produire et pour quels besoins sociaux ? Dans quelles conditions pour les êtres vivants et la planète ? Pour qui ? Et de qui décide ? Des préoccupations qui ne manqueront pas de s’inviter dans les AG de grève pour alimenter la détermination, d’autant qu’elles entrent en échos aux diverses formes de la crise écologique (lutter contre le réchauffement climatique, ne subir ni la crise énergétique ni la crise alimentaire). La construction de l’échéance des méga-bassines les 25 et 26 mars à Sainte-Soline sera une priorité du fait de sa visibilité nationale et du niveau de confrontation politique et répressive auquel le gouvernement a mis la barre. Il faut également réfléchir aux connexions possibles dans les différentes régions entre les projets inutiles en cours et la mobilisation politique anti-gouvernementale que peut prendre la lutte des retraites.

Deux autres projets de loi sont dans les tuyaux législatifs qui visent les plus précaires de notre camp. L’enjeu est d’empêcher ces lois d’être votées, en construisant des liens avec la bataille des retraites.

C’est d’abord la loi Darmanin, qui se situe entièrement sur le terrain de l’extrême droite, qui vise à systématiser et encadrer le droit au séjour par les seuls besoins économiques ponctuels. A l’opposé, nous défendons la liberté de circulation et d’installation pour touTEs les migrantEs, la régularisation des sans-papiers qui permettrait de plus, en luttant contre la trappe à bas-salaires, de renflouer les caisses de retraite. Face aux idées rances de l’extrême droite, aux préjugés qui fleurent bon le suprématisme, nous opposons des principes, ceux de la solidarité pour défendre le droit de chacunE à vivre dignement là où elle /il le choisit. La préparation de la journée du 18 mars s’inscrit dans ce cadre.

C’est aussi l’enjeu de la mobilisation contre la loi Kasparian, loi qui criminalise celles et ceux qui ne peuvent plus payer leurs loyers ou qui ne peuvent trouver un logement légal dans le contexte de libéralisation renforcée de la spéculation immobilière. Cette loi affaiblit les plus pauvres, parmi lequels les retraitéEs touchant des pensions rognées par la décote des annuités, et le report de l’âge de départ, les femmes isolées et les migrantEs. Des luttes se développent aujourd’hui, éclatées et spécifiques à des contextes locaux (squats, occupations d’écoles, mobilisations contre les augmentations en flèche des charges locatives…). Les dates de mobilisations contre la loi Kasparian (samedi 28 janvier) et à la fin de la trêve hivernale (fin mars) seront des échéances à construire.

Enfin la lutte contre l’extrême droite sera un enjeu déterminant de la mobilisation pour nos retraites. Il nous faut développer un contre-argumentaire à la posture d’opposant à la réforme que Le Pen et le Rassemblement national commencent à mettre en scène : en rappelant leur programme, mais aussi la politique de leurs alliés là où ils sont ailleurs au pouvoir. C’est d’autant plus vital que l’issue de la période de mobilisation posera la question de l’alternative à Macron dans les futures échéances, et qu’en cas de défaites et de démoralisation sur le terrain des luttes, le risque de renforcement de l’extrême droite comme réponse politique serait démultiplié.

Il nous faut également être capable dans le cours de la mobilisation, en nous appuyant sur le renforcement des luttes spécifiques, d’avancer dès que possible des mots d’ordre pour dire que ce n’est pas que la contre-réforme des retraites qu’il faut bloquer, mais toute la politique du gouvernement Macron. Et qu’il y a besoin de construire une alternative politique en rupture avec Macron et son monde, jusqu’à l’extrême droite, une alternative qui parte des besoins des salariéEs de la jeunesse, des retraitéEs et qui s’appuie sur leurs mobilisations pour les imposer.

5- Accélérer les décantations politiques, relancer et construire le projet du NPA

Les luttes actuelles montrent donc l’urgence de construire une alternative politique aux gestionnaires du système, même quand ils se revendiquent de « la gauche ». Contre une orientation d’adaptation au système, nous réaffirmons la nécessité d’une « gauche de combat », anticapitaliste, révolutionnaire et unitaire, ce qui nécessite de trouver les voies pour franchir ces prochains mois des paliers dans la construction d’un outil politique qui dépasse le NPA actuel. Notre objectif reste celui de construire un parti pour la transformation révolutionnaire de la société, une force pour contribuer au renversement du capitalisme, vers une société écosocialiste. La crise qui travaille la France insoumise, les contradictions importantes au sein de la NUPES, l’immobilisme des organisations d’extrême gauche, dégage un espace : à des degrés divers, il existe des individus et des forces militantes disponibles pour un tel projet et à qui nous devons nous adresser.

Après le succès du meeting du NPA le mardi 17 janvier, le CPN décide d’organiser une campagne de réunions publiques du NPA jusqu’à l’été. Autour de nos quatre porte-parole et des membres des directions nationales et locales, nous y portons nos analyses de la situation et de la nécessité (dans la suite du projet du NPA) de construire une force révolutionnaire et unitaire utile pour notre camp social. Un groupe de travail du CE associant les camarades du CPN est mis en place pour construire un calendrier de réunions publiques.

En tant qu’organisation politique nationale, nous continuons aussi à discuter et à débattre avec différentes forces avec qui nous sommes pour la plupart engagées dans la construction d’échéances de mobilisations autour des salaires, des retraites ou de différentes luttes sur le terrain de l’écologie, de l’antiracisme ou de l’égalité des droits. Ainsi nous allons rencontrer (ou revoir) ces prochaines semaines La France insoumise, l’Union communiste libertaire, ENSEMBLE !, la Gauche écosocialiste, le regroupement Rejoignons-nous !… pour échanger voire confronter nos orientations et perspectives, au-delà de notre pratique de front unique.

C’est aussi dans ce cadre que nous mettons en discussion la tenue au printemps d’une échéance publique type « forum pour l’anticapitalisme ». L’enjeu d’une telle initiative, adressée aux individus inorganisés ou en rupture avec d’autres organisations, aux courants et organisations se revendiquant de la rupture révolutionnaire avec le capitalisme, est de dégager des éléments d’« appréciation commune de la période et des tâches », pour mesurer si ce socle partagé peut permettre de renforcer des interventions communes, voire des sauts organisationnels.

Tout cela nécessite en complément d’abord d’aller jusqu’au bout de la séparation décidée lors du dernier congrès. Les discussions autour d’un possible protocole national de séparation avec l’ex-PFC, ainsi que la déclaration de la réunion nationale de l’ex-PFA et leur choix de continuer avec nous de construire le NPA, exigent des actions de réorganisations/reconstructions substantielles du NPA actuel. Cela concerne les questions de communication internes (listes…) comme externes (expressions du parti), l’animation des commissions d’intervention ou d’organisation (à relancer, élargir…), ainsi que bien entendu le fonctionnement des instances de direction (avec en particulier un rôle plus central du CPN). Le travail lancé à l’occasion de ce CPN doit continuer et s’approfondir ces prochaines semaines.

Dans ce cadre, une échéance importante de reconstruction du NPA sera la rencontre nationale des salariéEs du public et du privé qui aura lieu le week-end des 1er et 2 avril, et dont l’organisation sera assurée par la Commission d’intervention sur les lieux de travail (CILT) pour laquelle cette réunion nationale sera une échéance de relance centrale. Un groupe de travail associant camarades de la CILT et du CPN est mis en place pour assurer le suivi de la préparation.

Enfin, le CPN décide qu’au plus tard fin juin, sera organisée une réunion nationale des comités. Dans un contexte de réarmement de notre projet et de l’organisation pour le porter, cette réunion permettra comme le prévoit les statuts « de mettre en commun l’activité des comités, de faire partager les expériences, d’aborder des sujets ayant pour enjeu l’intervention et la construction dans des domaines particuliers et d’avancer dans l’élaboration de notre stratégie et de notre projet en tant que parti anticapitaliste ».

Enfin, l’université d’été, rendez-vous désormais traditionnel des militantEs et sympathisantEs de notre courant, aura lieu à Port Leucate du dimanche 27 au mercredi 30 août (accueil le samedi 26, départ le jeudi 31 au matin).

NPA

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