Le FRAPRU lance donc l’appel à la résistance active de tous les mouvements sociaux contre les orientations budgétaires des gouvernements Harper et Charest. Cet appel a été lancé à l’ouverture du 30ième congrès annuel de l’organisme qui se déroulera jusqu’à dimanche à l’Université de Sherbrooke.
« Pas question de laisser Ottawa et Québec mener la lutte au déficit au détriment des droits de la majorité de la population, comme ils l’ont fait dans les années 1990 ! », s’est exclamé le président sortant du FRAPRU, Normand Couture.
Un avenir incertain pour le logement social
Le FRAPRU considère que l’avenir du logement social est plus incertain que jamais. Dans son budget du 4 mars, le ministre fédéral Jim Flaherty a annoncé la fin, à partir du 1er avril 2011, des investissements d’un milliard $ par année dans la construction et à la rénovation de logements sociaux. Selon le coordonnateur de l’organisme, François Saillant, « à partir de ce moment, le Québec ne recevra plus que des peanuts d’Ottawa pour la construction de logements sociaux ». Il précise que l’aide fédérale chutera à 29 millions $ par an, soit l’équivalent des subventions pour 415 logements sociaux dans le programme québécois AccèsLogis. « C’est ridicule quand on sait que le fédéral évalue, sur la base de chiffres qui datent d’avant la crise, que 260 000 ménages locataires québécois ont des besoins urgents de logement ! ».
Quant au gouvernement Charest, son dernier budget, présenté le 30 mars, annonçait les grandes lignes de son second Plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale d’une durée de cinq ans. Or, celui-ci ne garantissait que le financement de 3000 logements dans AccèsLogis. En comparaison, le Plan précédent présenté en 2004 en avait annoncé 16 000. Le FRAPRU admet qu’il est toujours possible que le gouvernement libéral annonce de nouveaux investissements dans les prochaines années, comme il l’avait fait au cours de ce premier Plan de lutte. Il estime cependant que le contexte sera beaucoup plus difficile cette fois, en raison des propres compressions budgétaires du gouvernement québécois, mais aussi de la très sérieuse diminution des fonds fédéraux pour le logement social.
Comment renverser la vapeur ?
C’est sur les stratégies à adopter pour renverser la vapeur que les congressistes seront appelés à débattre au cours de la fin de semaine. Leurs échanges dépasseront cependant le cadre du logement social, puisque c’est à des politiques plus globales que les demandes du FRAPRU et des autres groupes sociaux se buteront au cours des prochaines années. Après avoir réduit à répétition les impôts au profit des contribuables à revenu élevé et des grandes compagnies, puis avoir volé au secours des entreprises, dont les institutions financières, pour les sortir de la crise, les gouvernements se tournent maintenant vers le reste de la population pour payer la lutte au déficit. Alors que des compressions budgétaires sévères sont au programme à Ottawa comme à Québec, le dernier budget de ce dernier faisait aussi le choix d’une hausse de 2 % de la TVQ et de tarifications multiples dans la santé, l’éducation et l’électricité résidentielle.
Le FRAPRU, qui est un des groupes instigateurs de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, se penchera sur le plan de lutte de cette coalition pour les mois à venir. Il se demandera notamment s’il ne faut pas recourir à des moyens encore plus dérangeants pour obliger le gouvernement Charest à reculer sur les principales mesures de son budget.
Né en 1978, le FRAPRU est formé de 130 groupes dont 26 qui sont au cœur de son travail et qui sont présents dans presque toutes les régions du Québec. C’est son premier congrès tenu en 1981 qui a décidé de prioriser la lutte pour le logement social comme moyen de faire pleinement respecter le droit au logement.