Les prétentions humanistes du nouveau chef du gouvernement d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, ne seront prises au sérieux que si des gestes suivent ses paroles. La libération de Raif Badawi pourrait faire beaucoup pour le rétablissement de la réputation de son pays dans le monde.
Emprisonné depuis 2012, Raif Badawi est un blogueur tout ce qu’il y a d’ordinaire pour les standards de l’occident. Il a pourtant été condamné en 2014 à 10 ans de prison, a une amende de 260 000 $ et 1000 coups de fouet pour insulte à l’islam. Cette dernière partie de sa sentence a cependant été suspendue pour des raisons médicales le 9 janvier 2015 après les premiers 50 premiers coups de fouet.
Pourtant, les écrits de son blogue qui ont été la cause de cette condamnation ne contenaient aucun propos qui puisse être considéré comme criminel au sens ou l’entend la loi internationale. Ce que Mohammed ben Salmane dénonce dans son gouvernement est exactement ce qui a causé la condamnation injuste de ce citoyen de l’Arabie Saoudite. C’est l’utilisation d’une religion, l’islam, dont les visées pacifiques ont été détournées pour des fins politiques. Cela est évident en lisant le blogue de Raif Badawi « Free Saudi Liberal » qui ne présentait que des propos modérés en accord avec la charte des droits de l’Homme et prônait la liberté de religion. S’il veut montrer qu’il a changé les mœurs de son pays, Mohammed ben Salmane doit libérer Raïf Badawi qui, rappelons-le, a reçu le prix Nobel de la paix, le prix Netizen de Reporters sans frontières, le prix Sakharov pour la liberté d’expression, le prix de la Liberté d’expression de Deutsche Welle et le Prix Voltaire de l’Union internationale des éditeurs.
En libérant Raif Badawi, Mohammed ben Salmane lancerait un message au monde entier puisque depuis cinq ans, un très grand nombre d’organismes internationaux tels Reporters sans Frontières (RSF) et de villes telles Strasbourg, se mobilisent pour défendre cet homme emprisonné pour des motifs qui montre plus le manque d’humanisme des lois de l’Arabie Saoudites qu’une véritable culpabilité. Il rétablirait aussi la réputation de son pays qui diminue à chaque fois que les écrits de Raif Badawi sont lus sur des places publiques dans le monde, ce qui va continuer jusqu’à ce qu’il soit libéré.
Michel Gourd
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