Le projet de loi 31, qui permettrait aux propriétaires de refuser une cession de bail sans motif sérieux, est toujours en cours d’étude détaillée à l’Assemblée nationale du Québec. Cette semaine, la ministre Duranceau a encore une fois refusé d’inclure au projet de loi des dispositions qui protégeraient mieux les locataires, en rejetant notamment des amendements proposés par l’opposition qui auraient mis davantage de locataires aîné.e.s à l’abri d’une éviction.
« Le projet de loi 31, aussi indigne soit-il, est le reflet d’un problème beaucoup plus grave et beaucoup plus large, soutient Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ. C’est le reflet d’une ministre et d’un gouvernement qui considèrent le logement comme une marchandise plutôt qu’un droit, et qui semblent complètement indifférent.e.s à la misère dans laquelle les locataires s’enfoncent. Le retrait du projet de loi 31 et le départ de France-Élaine Duranceau sont la moindre des choses, mais c’est bien loin d’être suffisant. On a assez pressé le citron, les locataires sont à bout. Leur indignation et leur colère ne font que commencer à s’exprimer », poursuit le porte-parole.
Le RCLALQ réclame un gel immédiat des loyers afin de soulager les locataires, qui ont encaissé des hausses exorbitantes depuis plusieurs années. Le Regroupement continue également d’affirmer que la mise en place d’un véritable contrôle des loyers, surtout un registre des loyers, s’impose pour prévenir les augmentations abusives.
Des boucs-émissaires à la crise
Mercredi dernier, la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) publiait son plus récent rapport annuel sur le marché locatif, qui révélait notamment des sommets dans les augmentations de loyers et des creux historiques dans les taux d’inoccupation un peu partout au pays. Le cabinet de France-Élaine Duranceau avait mis en cause l’arrivée au Québec de résidents non permanents, dont les demandeurs d’asile. Il y a quelques semaines, dans le cadre d’un rassemblement du Parti Québécois tenu à Alma, le chef péquiste, Paul Saint-Pierre Plamondon, avait établi un lien semblable entre la crise du logement et immigration. Selon le porte-parole du RCLALQ, cet argumentaire simpliste et fallacieux n’a pour effet et objectif que de détourner l’attention des véritables causes de la crise du logement.
« Faire porter le blâme d’une crise du logement qui s’enracine partout au Québec depuis plusieurs années sur les demandeurs d’asile, c’est plus que malhonnête et irresponsable. C’est minable. Toutes les données montrent que la pénurie est encore plus sévère et que les loyers flambent encore plus rapidement dans des régions qui reçoivent très peu d’immigration. Ce n’est pas la faute des demandeurs d’asile s’il n’y a pas de logements et que le prix des loyers explosent en Gaspésie, en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord. Ce n’est pas de la faute des demandeurs d’asile si l’abordabilité du parc locatif s’est effondrée en raison de l’inaction ou des gouvernements et de leur complaisance envers le marché privé. Blâmer l’immigration est non seulement malhonnête, ça détourne l’attention de la vraie cause de cette crise, soit la marchandisation effrénée du logement facilitée par les gouvernements », s’indigne Cédric Dussault.
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