En avril 2001, la Ville de Québec était au cœur de l’actualité. Les chefs d’État des Amériques se réunissaient dans une cité barricadée. Depuis le déraillement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, on assistait à des mobilisations massives contre la mondialisation néolibérale. Québec n’allait pas rater ce rendez-vous.
Loin de se résumer à une fin de semaine, les mobilisations autour du Sommet des Amériques ont donné lieu, dans les mois précédents, à des publications de journaux, à des conférences et à de nombreuses réunions d’organisation. Tout le Québec prend conscience du danger social et environnemental lié aux négociations secrètes de la Zone de libre-échange des Amérique (ZLÉA).
Malgré une campagne de peur relayée par les médias, plus de 60 000 personnes participeront à la Marche des peuples. La journée précédente, 15000 personnes s’étaient rendues au « mur de la honte » qui coupait le centre-ville en deux et l’avaient fait tomber.
Les suites du Sommet
La mobilisation contre le Sommet des Amériques aura été une victoire. Elle aura permis de mener au rejet de la ZLÉA. Les mouvements sociaux et les gouvernements de gauche d’Amérique latine qui ont fait tomber la ZLÉA en 2006, ont souligné le rôle clé de l’opposition lors du Sommet dans leur cheminement. Québec a aussi été le déclencheur de l’élaboration d’alternatives commerciales comme l’ALBA.
Plus globalement, toute une génération de militantes et de militants a été marquée par cette époque. On la retrouve encore aujourd’hui dans les mouvements écologiste, populaire, syndical et politique.
La construction du nouveau parti Québec solidaire est aussi un héritage de l’incapacité du Parti Québécois à répondre aux attentes soulevées par les mobilisations du Sommet, mais aussi à celles de la Marche mondiale des femmes, qui avait eu lieu l’automne précédent.
La crise économique mondiale que nous traversons toujours a démontré la justesse des revendications de l’époque : déréglementer le capitalisme, c’est laisser les puissances de l’argent provoquer des krachs et des récessions. Il faut en tirer les leçons et avoir le courage politique de faire d’autres choix.