Si lors des campagnes électorales précédentes, le bilan média démontrait que QS était fortement négligé dans les médias nationaux et régionaux, on ne peut reprocher une présence réduite de la formation de gauche dans les pages des médias de masse pour ce qui est de l’élection de 2014. Selon le bilan de la couverture de presse des plus récentes élections québécoises par Influence communication (1), QS a occupé 8,35% de l’espace médias durant la campagne 2014, soit un peu plus que les résultats électoraux obtenus (p. 4). Toutefois, le rôle d’influence de l’opinion par les médias s’est poursuivi. Tout comme les orientations de la couverture accordée à la formation politique. Par exemple, les co-porte-paroles nationaux de QS sont mis en scène davantage que les candidatEs locaux, ce qui va dans le sens de la personnalisation de la politique dans les démocraties des pays capitalistes avancés. Plus largement, le discours dominant consistait à présenter les positions de QS tout en soulignant que la formation n’a aucune chance de prendre le pouvoir alors elle peut bien s’engager sur n’importe quoi. Bref, que QS entretient des rêves, des mythes dont le sérieux ne tient pas à grand chose.
Les médias influencent plus généralement en mettant à l’ordre du jour des thématiques qui gagnent un poids bien au-delà des débats citoyens qui ont cours lors de la campagne : ainsi, les questions touchant l’éligibilité des candidatEs et la position du DGE vient en tête des thèmes de la campagne électorale avec 17,5% des contenus (p. 17), suivi des questions relatives à la corruption avec 17,1% des reportages. Suivent les diverses controverses (12,8%), l’économie (12,1%) et la souveraineté (9,35%). Des questions aussi essentielles que l’environnement (1,22%), l’immigration et la Charte des valeurs (6,2%), l’éducation (2,0%) ou la santé (2,0%) sont passés sous les écrans radars de la presse. Les questions comme les enjeux relatifs aux arts, les revendications des nations autochtones, la langue française, la pauvreté ou les questions internationales ne font même pas 1% des contenus.
En compilant sur toute la durée de la campagne électorale les thèmes les plus dominants et les plus négligés et en comparant leur poids médias par rapport aux plus récentes campagnes électorales, Influence communication en vient à la conclusion que :
1) Depuis dix ans, l’environnement, la famille, la santé, la pauvreté et les autochtones n’ont jamais généré si peu d’intérêt lors d’une campagne électorale
2) Les médias accordent 6,5 fois moins d’attention à la santé qu’en temps normal
3) Les médias accordent 25 % moins d’attention à l’économie qu’en temps normal
Enfin, certains médias entretiennent des préférences : si Françoise David obtient 14,8% du temps d’antenne à Radio-Canada, elle ne reçoit que 2,2% à TVA. Dans les stations anglophones (p. 37-38), le déséquilibre est tout aussi perceptible : la co-porte-parole de QS décroche 7,3% du temps d’antenne à la CBC, 9,1% à CTV mais 0,7% à Global.
Les médias ne négligent pas seulement les partis de gauche, ils négligent aussi les mouvements sociaux. Plus récemment, le CTC tenait son congrès à Montréal. Le plus gros syndicat canadien, comptant plus de 3 millions de membres avec des invités comme le maire de Montréal et pas une ligne dans la presse de masse. On se rend compte que les médias de masse ne couvrent plus le mouvement syndical sauf en cas de controverse ou de conflit grave et généralement sous un angle défavorable.
L’étude d’influence communication ne va pas jusqu’à vérifier l’équilibre des orientations des chroniqueurs des grands médias. Mais que ce soit les blogueurs de Québecor qui sont tous, sauf exception, marqués à droite, l’équipe du Club des ex de Radio-Canada ou les sbires de TVA, l’orientation est fortement anti-QS.
Enfin, la firme d’évaluation des médias souligne la qualité du travail de QS dans les médias sociaux (pp. 42-50) : Françoise David et QS arrivent 2e pour son utilisation de Twitter ; QS et Françoise David arrivent devant le PQ pour son utilisation et le nombre d’abonnés sur Facebook ; le temps de réponse aux questions des internautes place QS en première place. Influence communication lui décerne même la médaille d’or (p. 45) pour la clarté de ses communiqués de presse (le prix Citron va à la CAQ).
Bref, cette rapide analyse empirique de la couverture de presse de la récente campagne électorale démontre s’il fallait le faire de nouveau que l’absence d’un média de masse d’orientation de gauche fait cruellement défaut à QS.
1-Bilan de la campagne 2014 d’Influence communication : http://www.influencecommunication.com/content/bilan-de-campagne-2014