L’AREQ déplore que la sexualité et les agressions sexuelles chez les personnes aînées constituent un tabou, alimenté par de nombreux mythes. « Dans la croyance populaire, les femmes aînées ne sont pas concernées par les agressions sexuelles. En fait, elles ne sont même pas concernées par la sexualité ! Pourtant, rien n’est moins vrai. Plusieurs femmes aînées ont été et sont victimes d’agression sexuelle. Les conséquences de ces agressions sont tout aussi traumatisantes pour les aînées que pour les femmes et les filles des autres groupes d’âge », a souligné Nicole Patry-Lisée, responsable politique du dossier de la condition des femmes à l’AREQ.
Un problème ignoré
De fait, l’Association déplore qu’il n’existe que très peu, voire aucune recherche portant spécifiquement sur la problématique des agressions sexuelles chez les femmes aînées. Tant au sein de la population que dans les orientations gouvernementales, tout donne à penser que les femmes aînées seraient miraculeusement protégées. Or, les ressources spécialisées en agression sexuelle, notamment les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), confirment offrir des services à un nombre important de femmes aînées.
Aussi, bien qu’elles touchent à la fois les hommes et les femmes, les aînées sont particulièrement concernées en raison, notamment, de leur espérance de vie plus longue. S’ajoutent à cela des facteurs de vulnérabilité, par exemple le fait qu’elles sont plus nombreuses à vivre seules, avec des ressources financières plus limitées.
Des conséquences importantes
L’AREQ rappelle que les personnes qui subissent une agression sexuelle doivent vivre avec d’importantes séquelles : problèmes de santé physique et psychologique, honte, culpabilité, isolement et divers problèmes associés à un stress post-traumatique. Aussi, les impacts d’une agression sexuelle sont susceptibles de se manifester à différents moments de la vie.
La gravité des conséquences des agressions sexuelles que subissent les femmes aînées ainsi que la force des mythes et préjugés qui ont cours, indiquent la nécessité d’agir pour prévenir ce type d’agression et pour soutenir celles qui en ont été victimes.
En conséquence, l’AREQ formule cinq recommandations à la Commission, soit :
– documenter, par des recherches quantitatives et qualitatives, la situation des femmes aînées agressées sexuellement ;
– combattre le tabou sur les agressions sexuelles chez les femmes aînées à l’aide d’une vaste campagne de sensibilisation auprès de la population ;
– informer les femmes aînées sur les agressions sexuelles en développant des outils et des activités d’information à leur intention ;
– former le personnel intervenant auprès des personnes aînées, que ce soit à domicile ou en hébergement ;
– contraindre les établissements d’hébergement, privés et publics, à adopter un protocole d’intervention à l’égard des agressions faites par un membre du personnel ou par des résidants.
« Le prochain plan d’action gouvernemental en matière d’agression sexuelle devra prendre en considération la réalité des femmes aînées. Pour nous, il s’agit d’une question de justice et d’humanité à l’égard de femmes qui ont largement contribué à construire le Québec moderne », a conclu Nicole Patry-Lisée.