Tiré de Entre les lignes et les mots
Publié le 15 novembre 2021
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/11/15/25nov-appel-a-laction-les-paysannes-luttent-pour-leurs-droits-contre-la-faim-et-la-violence/
Aujourd’hui, les sociétés ont besoin de politiques publiques qui garantissent leurs droits et une vie digne pour les femmes et les communautés. Ces multiples formes de violence ont un impact sur plus de la moitié de la population mondiale et ne peuvent pas être ignorées.
Nous traversons actuellement une crise structurelle aux multiples visages : crise sociale, économique, climatique et alimentaire. Nous sommes également confronté·es non seulement à une féminisation croissante de la faim – qui viole le droit humain à l’alimentation – mais aussi aux mesures néolibérales du FMI, qui ouvrent la voie à une nouvelle perte de droits, avec des taux élevés de pauvreté, de chômage, de migration forcée, d’exclusion et des taux de féminicides honteusement élevés.
C’est pourquoi, en ce 25 novembre, nous demandons que les droits humains soient garantis pour toutes et tous et que le droit à l’alimentation constitue l’objectif qui guide les actions urgentes, les processus décisionnels et les politiques publiques pour atteindre la souveraineté alimentaire. Pour cela, il faut des réformes agraires et de l’agroécologie paysanne, l’accès aux services de santé et à l’éducation dans les zones rurales, des prix et des marchés équitables basés sur la solidarité, une alimentation saine pour les campagnes comme les villes, prendre soin de l’eau et des forêts. Notre tâche est de s’assurer que personne ne meurt de faim !
11 personnes meurent de faim chaque minute, selon le rapport OXFAM de juillet 2021… Ce chiffre est encore plus élevé que le taux de mortalité lié au COVID-19 qui est de 7 personnes par minute. Ce rapport indique que « ce que nous considérions comme une crise sanitaire mondiale s’est rapidement transformé en une flambée de la crise de la faim qui a mis à nu les inégalités criantes de notre monde. »
Cette inégalité est née du système économique, social et politique dominant. Aujourd’hui, la faim porte le sceau et la marque du capitalisme, puisque le problème n’est pas l’insuffisance de la production. L’alimentation est devenue une marchandise dont l’objectif est le profit, une version réelle de « Hunger games », au mépris des droits humains et de la vie elle-même.
Comme l’a annoncé la CEPALC (Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes), en 2020, l’extrême pauvreté dans les zones rurales pourrait atteindre 42%, un chiffre totalement inédit. Selon ces estimations, 10 millions d’habitant·es des zones rurales – dont près de 6 millions de femmes – pourraient être confronté·es à la situation de ne pas disposer d’un revenu suffisant pour couvrir les besoins nutritionnels les plus élémentaires.
Cependant, pendant la pandémie, les familles paysannes, les pêcheur·euses, les indigènes, les travailleur·euses ruraux·ale, les travailleur·euses saisonnier·es et les afro-descendant·es travaillant dans les champs ne se sont jamais arrêté·es. Ils et elles ont continué à faire leur travail productif et reproductif, à promouvoir l’agroécologie, la solidarité et à dénoncer le système ; ils et elles ont continué à relever le défi de répondre à la demande de nourriture des villes, des communautés rurales et de leurs propres familles.
La Via Campesina demande la garantie immédiate de tous les droits des femmes et des communautés paysannes. Il est impossible de continuer à produire de la nourriture dans un contexte d’inégalités flagrantes et de conditions de travail épouvantables, de travail informel, d’instabilité, de migration, du poids des tâches ménagères et des soins non rémunérés. Et cela sans compter la difficulté d’accès pourtant fondamental à la terre, à l’eau, à la gestion des ressources naturelles, au financement, aux assurances et à la formation. Les paysannes doivent pouvoir exercer l’ensemble de leurs libertés et droits fondamentaux, tels qu’établis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes et autres personnes travaillant dans les zones rurales.
En ce sens, nous appelons tout le monde à rester en alerte face aux graves revers subis par les femmes et les personnes LBTQIA+ au Brésil, en Colombie, au Honduras, en Palestine, aux Philippines, au Guatemala, au Costa Rica, au Kurdistan et au Mexique. Nous saluons et célébrons également la lutte et l’organisation des femmes qui se battent pour leurs droits dans le monde entier. On estime que 87 000 femmes ont été victimes de féminicides commis par leur partenaire ou un membre de leur famille, selon les statistiques mondiales de 2017. Cela représente un total de 137 femmes par jour. En Amérique latine, une femme est assassinée toutes les deux heures, simplement parce qu’elle est une femme.
« Aujourd’hui plus que jamais, la souveraineté alimentaire avec l’agroécologie paysanne est notre tâche la plus urgente. Les femmes et les membres de la communauté LGBTQIA+ sont actif·ves sur tous les fronts organisationnels, mais nous avons besoin que nos droits soient garantis afin de lutter contre la faim. En Europe, le prix de l’électricité dépasse celui de l’or, tandis que les multinationales qui vendent « l’énergie verte » comme une solution s’engagent dans un vaste processus d’accaparement des terres pour installer de grands parcs industriels avec des panneaux solaires et d’énormes éoliennes qui produisent de l’énergie à vendre à des prix inabordables », déclare Sonia Vidal, membre du syndicat des paysan·nes de Galice, d’ECVC et de l’articulation internationale des femmes de La Via Campesina.
« Ces entreprises empêchent les paysan·nes d’avoir accès aux terres qui serviraient à produire des aliments sains pour lutter contre la faim, un besoin plus urgent que jamais qui touche de plus en plus de familles et de personnes dans le monde. Tant en raison de l’accaparement des terres que de l’utilisation de la pandémie comme excuse, à tous les niveaux, pour augmenter les prix des aliments sans revoir les coûts de production. Celles et ceux d’entre nous qui sont producteur·ices voient leurs coûts monter en flèche. Et plus les aliments sont sains, basés sur des méthodes agroécologiques, plus ils deviennent chers à produire et à vendre. Pour lutter contre la faim, c’est de la souveraineté alimentaire basée sur l’agroécologie dont il faudrait débattre. C’est vital aujourd’hui en Europe ainsi que dans beaucoup d’autres régions », a souligné Sonia Vidal.
La Via Campesina réaffirme l’urgence de protéger celles et ceux qui produisent la nourriture, les femmes, les enfants et les membres de la communauté LGBTQIA+ ; de protéger nos modes de vie, nos coutumes, nos traditions et nos connaissances ancestrales ; nos territoires, notre alimentation et l’accès aux biens communs. En ce 25 novembre, les sociétés doivent exiger des États qu’ils mettent fin à la mainmise des entreprises, à la criminalisation, au pillage et à la violence ; qu’ils stoppent tous les processus qui permettent aujourd’hui aux multinationales et aux acteurs puissants de prendre les décisions en matière d’alimentation.
Nous croyons que pour mettre fin à la violence et à l’inégalité, nous devons changer le système capitaliste et travailler à la mise en place de systèmes alimentaires diversifiés incluant la souveraineté alimentaire, ainsi que la justice sociale et environnementale. Nous appelons tout le monde, de chaque territoire, à poursuivre avec détermination la lutte pour mettre fin à toute violence contre les femmes, contre les personnes LBTQIA+ et contre la classe ouvrière.
Des paysannes luttant pour leurs droits, contre la faim et la violence !
#Stoppons la violence contre les femmes
#La souveraineté alimentaire maintenant
Globalisons la lutte, globalisons l’espoir !
Via-info-fr@viacampesina.org
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