« Les problèmes sont évidents dans le cas du Dossier de santé Québec, mais il ne faut pas oublier que le laxisme touche la gestion d’un grand nombre des projets informatiques au gouvernement, rappelle Amir Khadir député de Mercier. Le gouvernement laisse trop souvent entre les mains des grandes firmes privées la gestion des contrats. Cette complaisance coûte un fortune aux contribuables québécois. »
Des constats inquiétants
Dans la partie de son rapport concernant « les projets d’affaires liés aux ressources informationnelles » le VG dresse des constats inquiétants.
Ainsi, sur l’ensemble des contrats analysés d’une valeur totale de 3,2 milliards de dollars, le VG constate que « deux projets sur trois ne respectent pas au moins l’un des paramètres initiaux, soit les coûts, l’échéancier et la portée. »
Le VG explique également que « plus de dépenses en ressources externes qu’en ressources internes sont faites en ressources informationnelles (RI) au Québec » que le gouvernement « repose beaucoup plus que d’autres administrations publiques sur les ressources externes. » Il note aussi que « faute d’expertise à l’interne, on confie à ces ressources des postes stratégiques. » Finalement, il constate que « des personnes expérimentées quittent la fonction publique et reviennent à titre de consultants, et ce, à des coûts plus élevés ».
Une fonction publique privatisée ?
À titre d’exemple, en 2010, la Régie d’assurance maladie du Québec, en partie responsable du DSQ, comptait presque autant de ressources externes que d’employés à l’interne pour gérer les RI. À la Commission administrative des régimes de retraite et d’assurance (CARRA), les sous-traitants représentent 60% des ressources en RI.
Même la présidente du Conseil du trésor a admis le problème le 8 décembre dernier devant la presse : « Trop de contrats externes ? Probablement », a-t-elle admis. Mme Courchesne a également affirmé qu’« il faudra être beaucoup, beaucoup plus, je dirais, vigilants, ou, en tout cas, plus précis dans la façon d’octroyer nos contrats. »
« Alors que l’on sait que le recours aux ressources externes coûte jusqu’à 2,5 fois plus cher, le temps de voeux pieux est dépassé et la présidente du Conseil du trésor doit agir pour que cesse le développement de cette fonction publique privatisée qui échappe, semble-t-il, à toute forme d’imputabilité. On a l’impression que c’est bar ouvert pour elles dans ce type de contrats. Doit-on s’en étonner quand toute l’expertise est peu à peu siphonnée par le privé ? »
D’ailleurs, le projet de loi 133 portant sur la gestion des ressources informationnelles ne prévoit pas obliger le Centre de services partagés du Québec à évaluer ce qu’il en coûterait de réaliser les travaux à l’interne.
L’imputabilité des firmes privés
Amir Khadir souhaite que le Vérificateur général s’intéresse davantage au partage des risques dans les projets informatiques gouvernementaux et à l’imputabilité des firmes privés. Selon le député solidaire, « il faut rendre les grandes firmes informatiques plus imputables pour mettre fin à l’explosion des coûts des grands projets informatiques du gouvernement. » Voici des questions qui méritent d’être posées sur leur imputabilité :
Une firme qui fournit une évaluation de coût erronée pour un projet est-elle tenue responsable de cette erreur ?
Les contrats signés avec les firmes externes protègent-t-ils adéquatement les ministères et organismes contre les augmentations de coûts ?
Les ministères et organismes exercent-ils les contrôles requis et prennent-t-ils les mesures appropriées pour rappeler les firmes externes à leurs obligations contractuelles ?