Édition du 28 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Élections Québec 2014

Benoit Renaud candidat de Québec solidaire dans Hull

Mon discours à l'assemblée d'investiture du 27 février 2014

Je me souviens du 22 avril 2012, la plus grande manifestation de l’histoire du Québec. Nous étions si nombreuses et nombreux dans les rues de Montréal que c’était impossible à mesurer 300 000, 400 000 ?

Nous étions pour l’accessibilité de l’éducation et contre la hausse des frais de scolarité, pour le jour de la Terre et contre le Plan Nord et l’exploitation du gaz de schiste.

Nous marchions pour une société plus juste et plus verte. C’était la rencontre du mouvement étudiant au sommet de sa force et d’un mouvement écologiste bien enraciné et déterminé.

C’était beau à vivre !

Il y avait beaucoup d’espoir ce jour-là pour un monde meilleur.

Que s’est-il passé depuis ?

La mobilisation sans précédent a forcé le gouvernement Charest à aller en élection.

Le PQ a gagné par 1% des voix, et 4 sièges, et en comptant sur une vague de fond « n’importe qui sauf les libéraux » qui a sans doute fait la différence.

Québec solidaire a malgré tout augmenté ses appuis avec 6%. On a fait élire Françoise David, notre deuxième députée.

Le gouvernement Marois, après avoir gouverné à gauche pendant deux ou trois semaines (fermeture de Gentilly, moratoire sur le gaza de schiste, annulation de la hausse…) a cédé devant « l’angoisse fiscale » des riches et abandonné ses promesses d’un financement plus équitable des services publics.
Il a maintenu la taxe santé après avoir protesté contre son adoption.

Il a maintenu des injustices flagrantes à l’aide sociale et entrepris de couper dans les budgets de la santé et de l’éducation.
Déjà à la fin de 2012, on pouvait difficilement faire la différence entre l’ancien gouvernement et le nouveau.

Sur l’environnement, ce gouvernement qui se présentait comme « vert » et a recruté des militants écologistes comme candidats et ministres, a ouvert grand la porte aux projets de pipelines qui apporteraient le pétrole des gaz bitumineux et le pétrole de schiste de l’Ouest.

Il a aussi rebaptisé le Plan Nord pour en garder l’essentiel, une vision de l’avenir du Nord qui s’organise autour des mines, avec des infrastructures payées par nos impôts, pendant que les compagnies ne donneraient presque rien en redevances.

Maintenant, on nous dit qu’il faut se préparer à aller chercher du pétrole de schiste sur Anticosti et à creuser au plus profond du Saint-Laurent malgré tous les risques que ça représente.

À Québec solidaire, on croit ce que nous disent les scientifiques et on veut prendre nos responsabilités en réduisant nos émissions de GES d’au moins 40 % d’ici 2020, et de 95 % d’ici 2050. C’est possible si on a la volonté collective d’y arriver et qu’on n’abandonne pas notre avenir aux forces du marché. On a besoin de transport collectif électrifié, pas de projets de gaz et de pétrole douteux.

Puis il y a eu la fameuse Charte des valeurs...

Au lieu de s’atteler à régler des problèmes réels, le gouvernement Marois a décidé d’en inventer un qui n’existait pas. Dans les manifs du printemps érable, les Femen au torse nu marchaient côte à côte avec des étudiantes musulmanes au foulard rouge, et personne ne s’offusquait des unes ou des autres.

À défaut de pouvoir rassembler la population autour d’une vision positive du Québec, pour une société plus écologiste et plus juste, comme le voulaient les manifestantes et manifestants du 22 avril, le gouvernement Marois a décidé de nous diviser sur des questions de religion et de culture, des questions d’identité.

Au lieu d’avancer vers l’indépendance ensemble, pour que tout le monde puisse devenir plus Québécois que jamais, il a décidé de créer une catégorie de citoyennes et de citoyens de seconde zone, les minorités religieuses visibles, qu’on accuse de mettre « nos valeurs » en danger, donc d’être moins Québécoises et Québécois que les autres. Ce qui justifie aux yeux de certains toutes les discriminations, les insultes et les injures.

Je ne m’identifie pas à ce Québec-là ! On croirait revenir le Québec du temps de Duplessis avec sa campagne contre les Témoins de Jéhova et les Communistes. J’aime mieux le Québec de Madeleine Parent ou de Gérald Godin.

Je veux être votre candidat pour mener une campagne à long terme, sur le terrain, en parlant aux gens pour leur dire qu’avec Québec solidaire nous avons une meilleure option politique. Pour leur expliquer qu’on n’est pas obligés de choisir entre couper dans nos services plus lentement avec le PQ ou plus vite avec les libéraux ou la CAQ.

Qu’on n’est pas obligés de détruire Anticosti pour trouver un peu de pétrole.

Qu’on n’est pas obligés d’accepter que les banques et les compagnies d’assurance fassent des milliards de profits pendant que les plus pauvres sont encore obligés à choisir entre se nourrir et se chauffer.

Il faut maintenant reconstruire, patiemment, ce que le PQ a mis 30 ans à démolir morceau par morceau : un mouvement indépendantiste progressiste et rassembleur.

Je veux aussi aller dire aux gens qu’en Outaouais, on n’est pas obligés de choisir entre les deux partis qui se sont succédés au gouvernement depuis 40 ans et sont également responsables du sous-financement de nos services de santé et d’éducation, de notre système de transport en commun et de nos logements sociaux.

Le meilleur choix pour Hull, pour l’Outaouais et pour le Québec, c’est Québec solidaire, un parti qui veut nous rassembler pour qu’on construise une société plus démocratique, plus écologique, plus égalitaire et inclusive de toute la population.

Je veux être votre candidat dans Hull parce que je refuse de croire que 18 mois de gouvernement péquiste auront suffi pour éteindre tous les feux d’espoir et de justice allumés par le printemps étudiant.

Je veux être votre candidat Parce que je crois que le Québec peut faire mieux.

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