Ce qui pose problème n’est pas tant la ténacité de ses défenseurs et défenseures que l’acharnement de ses détracteurs et détractrices, lesquels se retrouvent surtout parmi les membres des classe politiques occidentales et aussi bien entendu parmi divers lobbys juifs, influents et en moyens.
On observe un contraste toujours plus fort entre des classes dominantes acquises dans leur grande majorité au soutien sans failles à l’État hébreu d’une part, et d’autre part des opinions publiques plus compréhensives et même sympathisantes envers les Palestiniens et Palestiniennes.
Sur le plan social, cette dichotomie se détecte entre des électorats toujours plus critiques, sinon hostiles à l’égard des politiques d’inspiration rétrolibérale et les équipes au pouvoir (ou à vocation de pouvoir), lesquelles s’accrochent à leurs privilèges et à leurs alliances avec les gens de la haute finance. Ces groupes essaient de sauvegarder les mécanismes de la « nouvelle économie » et s’alarment de la montée de ce qu’ils qualifient de « populisme ».
Sur ces deux plans (internationale et social), il leur faut résoudre la quadrature du cercle : comment continuer à nier en pratique le droit à l’autodétermination des Palestinien-ne-s au nom de la sauvegarde de la démocratie israélienne ? De quelle manière maintenir sans trop d’altérations un système économique et fiscal qui profite avant tout aux nantis... tout en soutenant que les travailleur-euse-s en bénéficient ?
Bien entendu, la cause palestinienne n’est pas la seule « valable » et plusieurs autres peuples opprimés ont besoin de notre appui. Cependant, l’acharnement de la plupart des responsables occidentaux à défendre l’État hébreu contre vents et marées et leur dénigrement constant de la culture politique arabe mettent en évidence un certain racisme larvé de leur côté et d’autant plus odieux qu’il se cache sous une fausse innocence démocratique. La situation demeure hautement explosive en Palestine occupée. À quand le prochain soulèvement ?
Pareil pour le rétrolibéralisme et le néoconservatisme qu’on a longtemps présentés comme un rempart conte le dirigisme politico-économique de « l’Empire du mal » soviétique et de ses satellites. C’est une façon de présenter la situation qui a pu faire illusion un certain temps mais dont on constate aujourd’hui l’imposture.
De tout cela résule une colère montante tout à fait compréhensible à l’aboutissement imprévisible. Les gilets jaunes en France et les canaris ont une chose en commun : leur couleur. Mais les politicards et les empocheurs préfèrent tout voir en noir et blanc. Ils se veulent daltoniens. Si les « élites » politiques et financières continuent à faire la sourde oreille ou ne font que maintenir une apparence d’écoute envers les doléances des gens, d’autres coups de grisou sociaux deviendront inévitables. Les dégâts seront considérables.
À qui la faute ?
Jean-François Delisle
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