Édition du 21 mai 2024

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Asie/Proche-Orient

Élections en Inde : Modi dans une dangereuse “escalade” antimusulmane

Alors que les élections générales viennent de débuter en Inde, le Premier ministre nationaliste hindou a multiplié cette semaine les attaques contre la minorité musulmane. Un tournant sinistre dans la campagne électorale, mais guère surprenant, selon la presse indienne.

Tiré de Courrier international.

“Le parti du Congrès a déjà déclaré que les musulmans avaient la priorité sur les ressources du pays”, a lancé dimanche 21 avril le Premier ministre indien, Narendra Modi, rapporte The Hindu, après la première phase des élections générales, qui se tiennent en Inde depuis le 19 avril et jusqu’au 1er juin.

Le leader nationaliste hindou, en quête d’un troisième mandat consécutif, est allé encore plus loin dans sa rhétorique antimusulmane en promettant que le principal parti de l’opposition et sa coalition, l’Alliance nationale indienne pour le développement inclusif (India), n’autoriseraient pas, s’ils arrivaient au pouvoir, le port du mangalsutra, un collier traditionnel chez les femmes hindoues mariées.

“Ils vont voler l’or de nos sœurs et de nos mères et le redistribuer à tous ces intrus qui font plus d’enfants. Cela vous convient-il ?” a-t-il même asséné à la foule dans cet État du Nord où 88,5 % de la population est hindoue, un chiffre au-dessus de la moyenne nationale. Les nationalistes hindous affirment que les musulmans indiens ont plus d’enfants que leurs compatriotes hindous, pour attiser l’angoisse de la majorité quant à un possible futur où ils se retrouveront en minorité. Le parti de Modi, le Bharatiya Janata Party (BJP), utilise également souvent le terme “intrus” pour désigner les immigrants clandestins, et pour alimenter l’idée que nombre des musulmans de l’Inde sont en fait des étrangers.

Mardi 23 avril, Modi a encore enfoncé le clou en utilisant à nouveau la minorité musulmane, qui représente environ 14 % de la population, pour attaquer l’opposition. Le parti du Congrès aurait essayé dans le passé de réduire le quota des emplois et postes dans l’éducation réservée aux anciens intouchables et aux peuples tribaux “pour les donner aux musulmans”, a assuré le Premier ministre, toujours depuis le Rajasthan, signale The Indian Express.

“Attaques répétées”

Ces déclarations, répétées et amplifiées par d’autres figures importantes du cabinet du Modi lors de rassemblements, marquent “une escalade significative” du ton du BJP dans cette campagne, estime The Times of India. Le Premier ministre avait attaqué l’opposition, et le parti du Congrès en particulier, ces dernières semaines, mais sans aller jusqu’à cibler au passage les musulmans.

“Les attaques répétées du Premier ministre pourraient faire partie d’une offensive plus large contre la section ‘équité’ du manifeste du [parti du] Congrès, selon le journal indien, ce qui pourrait pousser la compétition électorale désormais sur le terrain communautaire et sur celui de la laïcité.”

Apoorvanand, enseignant à l’université de Delhi, a pour sa part dénoncé cette pente dangereuse dans un article d’opinion paru sur le site qatari Al-Jazeera, alors que les élections générales vont encore durer plusieurs semaines, en rappelant que Narendra Modi était ministre en chef du Gujarat quand de violentes émeutes antimusulmanes avaient éclaté, en 2002.

“Modi est considéré comme un expert des appels du pied. Il est passé maître dans l’art d’insulter, de se moquer et d’attaquer les musulmans sans prononcer le mot ‘musulman’”, selon Apoorvanand.

Les élections indiennes en chiffres

 986,8 millions : c’est le nombre officiel d’électeurs enregistrés, sur une population totale de 1,45 milliard d’Indiens.

 Sept : c’est le nombre de semaines que prend l’ensemble du processus électoral pour que chaque électeur puisse exprimer son vote dans les 28 États et les huit territoires administrés qui composent l’Union indienne. Le scrutin débute le 19 avril ; les résultats seront connus le 4 juin.

 543 : c’est le nombre de députés qui composent la Lok Sabha, ou “assemblée du peuple” en hindi, la chambre basse du Parlement indien.

 334 : c’est le nombre de l’écrasante majorité de députés sortants appartenant à la coalition dirigée par le BJP et Narendra Modi, Premier ministre depuis 2014. Pour l’heure, les sondages lui prédisent une victoire aussi éclatante que lors des législatives précédentes, en 2019.

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