Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

Discours de victoire d'Émilise Lessard-Therrien

La victoire d’Émilise Lessard-Therrien au poste de co porte-parole représente une avancée importante pour Québec solidaire et démontre que nous sommes liés au combat de toute la population du Québec. Émilise exprime l’esprit de combat contre les géants financiers et les multinationales, comme elle a si bien su le représenter lors de sa lutte contre la Fonderie Horne et les émissions toxiques. Elle a exprimé sa vision du combat que nous devons mener avec passion.

Voici le discours qu’elle a prononcé au moment de son élection.

Je veux commencer par m’adresser aux membres : on vient d’élire la première porte-parole de Québec solidaire de la ruralité. Nous on le savait déjà, mais là c’est plus clair que jamais : Québec solidaire c’est le parti du Québec au grand complet et nous allons désormais incarner encore plus fort les aspirations de la ruralité et des régions !

Je dis aux gens des régions, de la ruralité : vous avez maintenant une grande alliée qui vous comprend, qui va porter votre parole et qui va vous défendre.

Je dis aux gens qui habitent les villes, les banlieues : je suis ici parce que je crois à la justice, à l’égalité, à la démocratie pour l’ensemble du Québec.

Partout, on a besoin de ralentir et de retrouver du sens à nos vies, de l’élan pour le collectif et du pouvoir sur nos existences. Et ça, ça passe par plus de démocratie à la base, plus de démocratie locale. Les luttes qu’on mène ensemble résonnent partout au Québec.

Le peuple est en colère contre la CAQ. Un parti qui “sert les fortunés pis leur business”.
Le front commun du secteur public se fait niaiser. Les travailleurs et travailleuses se sentent méprisés et abandonnés par le gouvernement.

Les familles sont en mode survie avec le coût de la vie.

Le monde n’arrive pu à se loger, nos petites entreprises de quartier ou de village mettent la clé dans porte pour des loyers trop cher ou par manque de relève.

Notre territoire brûle, s’érode, s’inonde et ses richesses sont données pour une bouchée de pain à des multinationales qu’on subventionne à coup de milliards.

Et malgré nos protestations envers cette dégradation du “Nous” et du collectif, les élites continuent de s’accrocher à leurs pouvoirs, au détriment du bien-être de notre monde et du territoire.

Nous sommes en crise.

Frappé.e.s d’une immense impuissance collective. Une impuissance qui produit le décrochage et nourrit le cynisme.

Un sentiment d’impuissance qui peut aussi faire naître la colère et l’indignation et ça, ça peut aussi devenir un puissant moteur d’action.

On va avoir besoin de se reconnecter pour reprendre du pouvoir et agir sur nos conditions de vie et de travail. Je nous invite à nous rassembler autour de projets de société porteurs qui répondent aux aspirations des Québécoises et des Québécois. Des projets qui nous font prendre conscience des connexions entre nous et avec le territoire sous nos pieds.

On a besoin d’un nouveau souffle au Québec. Celui qui va rallumer les braises du sens et de l’espoir. Celui qui va raccrocher le monde aux possibles, au goût du pays et de l’avenir pour qu’on reprenne en main notre destin collectif et ce souffle-là, c’est Québec solidaire qui va le donner !

On en parle ici depuis deux jours, on le dit partout depuis longtemps : la CAQ échoue à régler les crises. La droite échoue. Le système échoue. La concentration du pouvoir échoue.
La solution à nos maux, elle va passer par la gauche .

Elle va passer par la démocratie et un vrai “par et pour”.
Avec l’indépendance du Québec.
Avec la plus grande opération de décentralisation de l’histoire !
Avec le retour de nos capacités de décider par soi-même, nos capacités alimentaires et manufacturières.
Nos capacités à prendre soin de notre monde pour vrai : nos travailleur.euse.s, nos plus vulnérables, nos enfants et nos ainé.e.s.
Nos capacités à prendre soin de nos territoires.

Pendant cette campagne, ensemble, on a parlé de nos milieux de vie qui sont mis à mal par la crise climatique, mais aussi par l’appât du gain qui provient de l’autre bout du monde.

On a échangé pendant des dizaines d’heures sur ce qui ne va pas sur notre territoire, mais surtout sur ce qu’on peut faire pour en prendre soin. En ville comme en banlieue, en ruralité, en région, on a besoin de se le réapproprier, de l’habiter, de le connaître pour mieux l’aimer et le protéger.

Évidemment, on doit le faire avec les Premières Nations et les Inuit, dans les pistes que Manon trace depuis des années avec tant de bienveillance, pour arriver à construire un pays avec toutes celles et ceux qui vivent et chérissent le territoire.

On a aussi parlé d’économie et de réfléchir à l’alternative : une économie de proximité, locale, circulaire à l’échelle de nos quartiers et de nos villages. Qui développe notre résilience collective, qui nous sort de nos trop nombreuses dépendances, qui rend nos régions fortes et qui nous fait habiter le pays partout !

On a parlé d’indépendance ! L’indépendance du Québec est un projet immense et incontournable. C’est la clé de voûte de tout le reste ! Porteur de sens, de rêves et de possibilités incroyables pour l’avenir.
Faire notre pays, c’est la seule voie possible pour réaliser notre projet de société. Pour rapprocher le pouvoir du monde et redonner toute la substance à notre démocratie !

On a parlé de souveraineté alimentaire. De ce projet porteur pour nos campagnes, pour notre résilience alimentaire et territoriale.
Nourrir nos plus vulnérables avec les meilleurs aliments qui soient.
Choisir nos agriculteurs et agricultrices qui travaillent comme des acharnés jour après jour et qui ont tellement besoin d’une grosse dose d’amour ces temps-çi.

Arrêter de faire venir du blé et des courges de l’autre bout du monde. Cette capacité-là, nous l’avons et en plus ça nourrit notre fierté. Que serait le Québec sans nos fromages, nos petits fruits, notre sirop d’érable ? Y’a de quoi faire bien du millage sur notre identité alimentaire !

Ces idées, je veux qu’elles continuent de faire du chemin au sein de notre parti parce que je suis convaincue qu’elles vont nous aider à planter nos racines dans de nouveaux territoires.

Et, parlant de racines, vous savez bien qu’on ne peut pas faire tout ce travail tout seul pour rester bien “groundé”, et qu’on en doit beaucoup à tous ceux et celles qui nous entourent :

Je voudrais maintenant procéder à quelques remerciements ;
Mes premiers mots iront à mon équipe rapprochée : Élisabeth, Jonathan, Janek, Éric et les dizaines d’autres qui nous ont aidés, qui m’ont soutenue de près ou de loin, vous êtes si nombreuses et nombreux. MERCI.
Merci à Marie-Ève Turgeon qui nous a fait des illustrations extraordinairement magnifiques !

Des doutes, j’en ai eu souvent, mais vous m’avez portée, vous m’avez laissé prendre un pas de recul quand j’en ai eu de besoin. On ne s’est jamais mis de pression, on a eu du fun, on a pris soin les uns des autres, on s’est fait confiance et même si on s’est répété pendant six mois qu’on ne faisait pas ça pour gagner eh bien on a réussi !

Bravo et merci 1000 fois pour votre confiance, votre temps et votre engagement.

Un merci immense à Vincent Marissal qui a été un allié au jour 1 de mon entrée en politique alors que j’étais toute neuve. J’ai un peu plus d’expérience aujourd’hui, mais ta présence, tes conseils, ton écoute et nos moments d’échanges sont toujours si précieux. Merci d’avoir cru en moi.

Évidemment, merci à ma famille, mes parents, France et Robert qui sont d’un soutien remarquable avec les enfants, qui ont fait la tournée avec moi cet automne pour éviter des déchirements trop longs. Mes beaux-parents, qui prennent le relais très souvent. Guy et Nicole, aussi, mes parents solidaires de Rouyn-Noranda. Rien de tout ça ne serait possible sans ce soutien.

Mon chum Fred, ce n’est pas tout à fait la vie qu’on avait imaginée au départ, mais je te promets qu’on va vivre ça ensemble.

Maintenant, un mot pour mes sœurs de course : Ruba et Christine.

Les 6 derniers mois ont été éreintants, chargés, très difficiles parfois et nous voilà enfin arrivées en bout de piste.

Juste cette course, c’est un véritable exploit.

Plein de fois, vous m’avez impressionnée. J’ai trouvé vos idées excellentes et j’ai eu le goût de réfléchir avec vous, pis maudit, course oblige, ce n’était pas vraiment le bon moment.

Alors, maintenant qu’on se retrouve, j’ai hâte qu’on s’assoie toutes les trois et qu’on construise les prochaines années de ce parti-là ensemble.

Enfin, merci à vous tous et toutes de croire que j’ai ce qui faut pour faire grandir notre mouvement. 12 000 km pour aller à votre rencontre. Ces moments d’échanges ont été tellement riches. Je me suis présentée à vous dans ma plus franche authenticité sans chercher à vous vendre quoi que ce soit, vous m’avez accueillie et aujourd’hui vous me faites l’immense honneur de me choisir telle quelle. MERCI.
(Retour sur le legs de Manon)

Manon, aujourd’hui, tu passes le flambeau.
J’espère qu’il y a un peu de poids de tes épaules qui vient de s’enlever. Ce sera pas long que je vais le sentir sur les miennes.
Mais je n’ai pas peur.

Je n’ai pas peur parce que tu as battu une nouvelle trail pour les femmes en politique. Pour faire de la politique différemment, avec nos couleurs, avec notre langue vivante, riche, populaire, avec nos imperfections.

De la politique qui ne s’apprend pas dans les livres, mais dans les petites misères, les rêves et les espoirs du monde ordinaire. Dans le cœur de ceux et celles qui aiment fort. Dans les cernes de ceux et celles qui travaillent trop tard.

J’ai pas peur parce que pendant 4 ans j’ai eu l’immense chance d’évoluer à tes côtés. De t’observer, d’apprendre, de réfléchir avec toi.

On a tellement besoin de nouveaux modèles en politique et tu es un monument Manon.
Notre camarade, Élyse Tanguay l’a si bien écrit récemment :

“Dans un monde où on attend de nos leaders qu’ils tranchent, négocient, s’ingèrent ou s’imposent, exigent et ordonnent, Manon a dirigé autrement, au-delà du cliché. Elle a consulté, écouté, guidé, fait confiance, concilié, réconcilié, assumé et rallié.”

C’est tellement vrai.

Manon, aux côtés de toi, on se sent encore plus forte, plus pertinente.

Tu as repoussé les frontières de l’impossible pour tellement de femmes, de jeunes, de marginaux qui se sont nourri de ton courage, de ta force pour s’engager et transformer le monde autour d’eux.
C’est un legs géant.

En terminant, j’aimerais envoyer un message aux femmes, aux personnes non-binaires dans la salle.

En fin de semaine, on vient d’adopter une proposition pour vous -nous- garantir une place aux prochaines élections partielles jusqu’à ce qu’on atteigne la parité au caucus. Cette place, il faudra la prendre.

Penser faire de la politique c’est vertigineux. Ça peut faire peur. Des fois, on a l’impression que tout joue contre nous.

Faire campagne, ça peut être précarisant, ça nous plonge dans le flou, c’est stressant.

On n’a pas de contrôle et on remet littéralement notre sort dans les mains des autres.

Les contraintes extérieures nous jouent dans tête, nous font douter.

Y’a rien de rationnel à mettre sa vie personnelle, son salaire de côté pour 5-6 semaines, pour six mois, le temps d’une campagne.

Dans ce temps-là, j’ai envie de vous dire : reconnectez-vous sur votre cœur, sur vos tripes, sur ce qui vous fait bouillir dedans.

Ça peut être une soif infinie de justice. Ça peut être le rêve fou d’un pays. Ça peut être l’espoir d’un avenir viable pour nos enfants.

Raccrochez-vous à ça. Raccrochez-vous à cette vérité-là qui vous habite, qui vous soulève.

Je suis passée par là 3 fois dans les 5 dernières années. La première fois, ç’a été un rêve.

La deuxième fois, la plus grosse gifle de ma vie.

Mais comme disait je sais pu qui, l’important c’est pas de tomber, c’est comment on se relève.

Pis ça se peut. Ça se peut qu’on se relève encore plus forte.

Aujourd’hui, je reviens à Québec solidaire par la grande porte et cette victoire-là, je veux la dédier à toutes celles qui s’engagent, celles qui luttent, qui subissent des revers, qui tombent, mais qui se relèvent.

Parce qu’elles sont mues par des convictions profondes de faire le bien, de prendre soin, de sauver la beauté du monde et d’être du bon côté de l’histoire.

Comme Manon je veux nourrir le courage de l’action et continuer de battre la trail pour que d’autres s’engagent et que le Québec se remette à marcher comme le disait Miron : “vers l’horizon de la justice”.

Merci !

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