Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique d’austérité

Un appel à la mobilisation contre l'austérité des libéraux

Le projet des libéraux de couper les programmes afin de récupérer quelque cinq milliards sur deux ans à même les fonds publics relève de toute évidence de l’improvisation et d’une vision purement idéologique. Quoi qu’ils en disent, leur plan de dupes viendra sabrer dramatiquement les services à la population.

Même des gestionnaires publics, qui exécutent habituellement les ordres sans mot dire, se rebiffent contre cet exercice d’austérité qui cible toute la population du Québec.

L’austérité détruit

Durant la campagne électorale, les libéraux prétendaient vouloir faire place à la consultation, favoriser la transparence et amorcer un dialogue social pour aborder les problèmes de tous genres. Il a abondamment parlé d’économie et de création d’emplois.

Le contraste est grand avec leur projet de démolition en cours. Depuis la rentrée parlementaire de l’automne, il ne s’est guère écoulé une journée sans que les médias ne rapportent de nouvelles intentions de charcuter les services et les programmes sociaux : coupes dans la santé et transformation du réseau en un organisme mammouth centralisateur entre les mains du ministre, coupes dans l’aide sociale, coupes dans les conservatoires de musique en région, coupes en éducation qui atteignent au premier chef les plus pauvres, coupes dans les services de garde, coupes dans les Carrefours jeunesse emploi (CJE), sans oublier bien sûr les atteintes aux régimes de retraite des travailleurs municipaux. Toutefois, en matière de compressions, nous sommes encore loin du compte !

Les deux dernières semaines ont été particulièrement éloquentes quant aux effets des intentions libérales sur les services à la population. L’Agence de santé et de services sociaux de Montréal, qui doit se taper des compressions de 80 millions, n’a pas eu d’autre choix que de déposséder les personnes les plus vulnérables pour remplir l’odieuse commande gouvernementale avec, à la solde, un camouflet et un désaveu du ministre de la Santé sur la place publique.

Au CSSS Laval, les nouvelles compressions entraînent la diminution de services indispensables à la population et l’abolition de plus de 200 postes à l’hôpital de la Cité-de-la-santé. Imaginons un peu ce que provoqueraient les deux milliards que le gouvernement veut retrancher au budget de la santé et des services sociaux pour la prochaine année. Pendant ce temps, au gouvernement, on continue de parler « d’optimisation »... Quel langage trompeur !

L’austérité est un échec

À Québec, les libéraux ne peuvent nier que l’austérité est un échec. Depuis 25 ans, nos services sont diminués, tarifés, privatisés. Pourtant, les urgences continuent de déborder, les services aux aînés demeurent inadéquats, les listes d’attentes s’allongent toujours. Il ne s’agit ici que d’exemples dans la santé où les coûts demeurent élevés, en raison surtout du prix des médicaments et de la rémunération des médecins.

En outre, à la promesse de créer 250 000 emplois en 5 ans, dont 31 000 en 2014, le Parti libéral constate plutôt la perte de 21 000 emplois depuis le début de l’année... L’austérité est même un frein à la création d’emplois.

C’est ce que démontre la situation dans plusieurs pays, dont la Grèce, le Portugal et l’Espagne où la population souffre de l’échec des mesures d’austérité. N’est-ce pas le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz qui a récemment déclaré que « l’austérité a échoué » ?

Pourquoi alors vouloir s’entêter à appliquer des mesures d’austérité ? Pour que le Québec perde sa spécificité et devienne une province comme les autres. Pour privatiser encore et tarifer davantage. Pour briser le modèle québécois qui a pourtant été le choix de notre société.

L’austérité n’est pas une solution

Il est faux de dire que nous n’avons plus la capacité de nous offrir l’accès aux services en santé et en éducation, et à des mesures comme l’aide sociale, les services de garde et les congés parentaux. Plusieurs moyens existent pour pouvoir les maintenir et il est absolument nécessaire de tenir de réelles consultations publiques sur les programmes et la fiscalité afin de les mettre en lumière. Comme plusieurs groupes, nous avons déposé nos orientations à la Commission d’examen sur la fiscalité. Mais avant de revoir de fond en comble les missions fondamentales de ce Québec moderne que nous avons construit voilà cinquante ans et que nous tentons de maintenir, un tel débat public, large et transparent, est essentiel.

Par ailleurs, et de façon plus immédiate, le gouvernement doit abandonner l’idée d’atteindre à n’importe quel prix le déficit zéro en 2016, et arrêter de s’en prendre de façon draconienne et irraisonnée aux services à la population.

La riposte s’organise

Nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas croire ce gouvernement lorsqu’il dit que cette poursuite du déficit zéro d’ici deux ans n’aura pas d’impact sur les services à la population. La CSN lance un appel à ses 2000 syndicats pour participer à une large mobilisation qui s’opposera au démantèlement de l’État social du Québec par le gouvernement Couillard.

Dans les prochains mois, nous démontrerons tous les effets des compressions sur les services publics où œuvrent 130 000 membres de la CSN. Nous invitons celles et ceux qui ont à cœur le maintien de ces services pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois, dont les comités d’usagers, à faire de même. Lorsque les gens comprendront ce qu’ils perdront et ce qu’ils devront payer pour obtenir ce qui est gratuit encore aujourd’hui, ils se mobiliseront.

Partout, nous solliciterons travailleuses et travailleurs, citoyennes et citoyens pour qu’ils se mobilisent afin de défendre vigoureusement les services publics et les programmes sociaux. Il est de notre devoir de faire entendre raison à ce gouvernement sourd et insensible au sort des classes moyennes et des plus démunies. Nous mettrons toute notre énergie pour contrer ses plans dévastateurs.

Plusieurs actions contre l’austérité sont prévues au cours des prochaines semaines. Nous invitons nos membres à y prendre part. Le samedi 29 novembre prochain, nous marcherons avec des dizaines de milliers d’autres personnes à Montréal et à Québec pour dire NON au démantèlement de l’État social du Québec.

Jacques Létourneau

Conseil central de Montréal CSN

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