Édition du 19 novembre 2024

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Le mouvement des femmes dans le monde

Trump, le mâle aux multiples cultes

tire de Entre les lignes entre les mots : 21 janvier 2017 - 5 - 28 janvier : Notes de lecture, textes, pétitions et liens

Empêtré dans ses dogmes, Donald Trump en a fait campagne et compte aujourd’hui appliquer ce que ses évangiles dictent – la supériorité du mâle blanc – aux États qu’il dirige.

Un infantilisme guide ses actes, vertèbre ses discours, nourrit le rôle messianique qu’il s’arroge. Ce trauma, pourrait-on dire, est bâti sur différents cultes : le culte du corps masculin bien fait, le culte de l’ordre, le culte de la réussite, le culte de l’argent, le culte de la blanchité. Il vaut à la population états-unienne et aux autres, un masculinisme d’État, à savoir un autre culte : la croyance érigée en système que les hommes (toutes classes confondues) sont les victimes d’offensives diverses de la part des féministes, des militants homosexuels, voire tout simplement des progressistes, en cela qu’elles remettent en cause leur virilité et leur capacité/rôle social de pourvoyeurs du foyer, d’être de « vrais hommes ». La défensive endosse alors tous les clichés et renforce les haines : xénophobe, raciste, sexiste, homophobe. Et elle s’assume complètement car elle est sincère. Certains grands supporters de l’actuel président des États-Unis (majoritairement des hommes blancs ruraux peu diplômés) considèrent par exemple que ce sont des femmes noires qui leur ont pris leur travail, ou « les réfugiés », travail qui leur revenait de plein droit, de façon immuable, et qui leur a été volé par les politiques d’Obama, le « Noir ». Cette victimisation volontaire révèle une ignorance, celle de la complexité de l’histoire contemporaine, et avec elle, le rejet de la responsabilité de sa propre situation sur l’Autre, cet inconnu.

Donald Trump s’est depuis longtemps posé en porte-parole de ces victimes oubliées de l’intelligentsia démocrate de Washington (la manosphère, l’Alt-Right, le Tea Party). La colère les anime et le fils héritier d’un magnat de l’immobilier, autoritaire et froid, se reconnaît en eux. La peur d’être humilié le taraude sans cesse. Aussi, la trame de ses actions et discours porte-t-elle sur la réhabilitation de l’identité/la sexualité masculine. Le sexe, mâle, ses représentations, sont omniprésents. Le sexisme arboré par l’homme d’affaires est une question de réaction, viscérale, tout comme le racisme (la peur de l’Autre), car il se sent atteint dans le pourquoi de son existence : un garçon, riche, blanc, viril, porteur de valeurs libérales, se devant d’être conquérant, « gagnant », « vainqueur », hiérarchiquement supérieur et en capacité de le démontrer en permanence. Ce sexisme n’est pas une simple manifestation de son socle patriarcal. Son phallus le guide. Le personnage est représenté sans testicules et avec un petit pénis par une artiste : qu’on la roue de coups ! L’image lui est insupportable car la castration signifie sa mort, la fin de ce pourquoi il est là. Parce qu’il sent sa masculinité précaire, il surenchérit dans les blagues salaces, l’almanach des conquêtes féminines, le vocabulaire misogyne, l’apanage des violences sexuelles, y compris pour évoquer les relations internationales. Le producteur de sperme, et, dans sa logique, producteur de plaisir sexuel, de vie humaine, se doit de coïncider avec le producteur de biens et de richesses, sans limites, avec excès et sans interruption. Sans quoi, la marionnette se désarticule et le mythe s’écroule. Autrement dit, dans le cas de Trump, masculinisme rime avec capitalisme, et le couple – masculinisme/capitalisme – doit impérativement rester blanc. Que Zuma, ses acolytes, et Erdogan se le disent !

Joelle Palmieri, 19 janvier 2017

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