Je voudrais simplement attirer votre attention sur quelques faits.
Des conflits horribles se déroulent sous nos yeux dans plusieurs pays de cette région, dont la Syrie, l’Irak, le Liban, la Palestine, l’Afghanistan, le Yémen, notamment. Des centaines de milliers de civils sont la cible d’épouvantables exactions. On les tue, on les torture, on les expulse. Le « on » en question, c’est-à-dire les responsables de cette situation, inclut des gouvernements, des forces armées, des rebelles. Certains de ces responsables sont pour toutes sortes de mauvaises raisons des alliés ou des partenaires des États-Unis et du Canada. C’est le cas entre autres des gouvernements d’Israël, de l’Arabie saoudite, d’Afghanistan, d’Irak. Ces régimes ne respectent pas les gens. Ils se permettent de pratiquer un terrorisme d’état que condamnent régulièrement les organismes de défense des droits. Dans d’autres situations, ce sont des forces d’opposition qui commettent des atrocités. Quelques fois, ces forces sont également appuyées par des gouvernements des pays du G7 qui pensent, à tort, qu’il faut les appuyer. Une montagne d’experts, j’imagine que vous en connaissez quelques-uns, vous diront que la politique américaine et canadienne dans la région est mal fondée, sans principe, et qu’elle produit, depuis déjà de nombreuses années, une série de crises sans fin.
Aujourd’hui, des centaines de milliers de jeunes, surtout dans cette région, sont totalement révoltés de cette situation. La grande majorité veut réellement se battre pour la démocratie et la paix. Quelques fois, ils sont obligés de prendre des armes, devant des régimes sans foi ni loi. Autrement, ils essaient de soulever des mouvements populaires avec l’appui de la solidarité internationale. De temps en temps, certains d’entre eux sont manipulés par des groupes avec de mauvaises intentions. Des tas de personnes se retrouvent totalement outrées face à une situation inacceptable. Entre la volonté de résister et le désespoir, la distance est parfois bien mince.
On ne pourra pas changer cette situation en ignorant les causes de cette détérioration. Pour le moment, le Canada maintient des relations diplomatiques et commerciales avec des régimes qui violent des droits. On ne peut pas prétendre « lutter contre le terrorisme » en se disant ami et allié d’un régime comme celui de l’Arabie saoudite où des milliers de personnes sont victimes d’un État qui est non seulement « voyou » qui dispose de ressources énormes. Il est inacceptable que le gouvernement israélien continue de violer les résolutions de l’ONU et de maintenir des millions de Palestinien sous une occupation qui les empêche de vivre, alors qu’il le fait en toute impunité et même avec l’appui explicite du Canada et des États-Unis.
Quelle peut être la légitimité d’un État qui proclame son attachement aux droits et à la démocratie mais qui en pratique poursuit allègrement une politique de deux poids deux mesures ?
Pendant des années, le Canada a toléré des dictatures comme celle de Moubarak en Égypte ou de Ben Ali en Tunisie. Il a appuyé des gouvernements commettant des exactions au nom de la lutte contre le terrorisme, en Irak et en Afghanistan notamment. Ces politiques, comme celle du peu regretté Président Bush, aboutissent à encore plus de violences, plus de tempêtes. Vous connaissez l’adage, « Qui sème le vent … »
Il est très triste que des Canadiens soient victimes de cette tempête et que d’autres soient entraînés dans des actions regrettables et inacceptables. Pour empêcher cela cependant, il faut s’attaquer aux causes. Aussi pour retrouver son honneur, le Canada doit changer sa politique. Il doit appuyer les forces démocratiques qui luttent pour la paix et la démocratie, et non se ranger aux côtés de dictatures qu’on feint d’ignorer. On ne pourra pas éradiquer le terrorisme en perpétuant les situations qui l’ont créé.