Édition du 24 septembre 2024

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Nouvelle tuile sur la tête des travailleurs forestiers : l'assurance-emploi est refusée à une centaine de travailleurs de Lousiana-Pacific Saint-Michel-des-Saints

La crise forestière continue de faire des victimes, alors qu’une centaine de travailleurs mis à pied de la scierie et de l’usine de panneaux Louisiana-Pacific à Saint-Michel-des-Saints se retrouvent injustement sans prestations d’assurance-emploi, donc sans aucun revenu depuis lundi dernier.

Pour la communauté de Saint-Michel-des-Saints, ville mono-industrielle de la région de Lanaudière, c’est une véritable douche froide. Les prestations d’assurance-emploi attendues ont récemment été refusées par l’Agence du revenu du Canada pour des raisons douteuses qui soulèvent plusieurs interrogations sur la question de l’accessibilité à l’assurance-emploi.

Ces travailleurs recevaient depuis le 5 novembre 2007 des formations rémunérées en foresterie, financées par Louisiana-Pacific et par Emploi-Québec. Les quelques cent personnes qui suivaient ces formations étaient toujours à l’emploi de Louisiana-Pacific, même si les activités de l’usine avaient cessé depuis août 2006. Selon la Loi sur l’assurance-emploi, les heures effectuées pour une formation rémunérée doivent être comptabilisées afin d’accéder au régime. Or, ce n’est pas le cas cette fois-ci, l’Agence du revenu du Canada refusant de considérer les travailleurs comme salariés, sans en expliquer la raison.

Ces formations d’une durée de 19 semaines à raison de 30 heures par semaine, se terminaient le vendredi 28 mars. Celles-ci visaient à reclasser les travailleurs en vue, notamment, d’une réouverture de l’usine de panneaux gaufrés.

Le gouvernement fédéral affame les travailleurs

La décision de l’Agence du revenu du Canada survient au moment où le gouvernement fédéral restreint de plus en plus l’accès aux prestations d’assurance-emploi, malgré des surplus démesurés de la caisse, qui atteignent maintenant 54 milliards de dollars. La CSN exhorte le gouvernement à offrir une meilleure accessibilité à l’assurance-emploi, de façon à ce que l’argent des travailleurs revienne aux travailleurs.

Le comité de relance de Saint-Michel-des-Saints, composé de 20 personnes dont des élus de la région de Lanaudière et de représentants syndicaux, s’indigne du traitement réservé aux travailleurs. Ce comité interpelle le gouvernement fédéral pour qu’il intervienne dans ce dossier. Le comité formé entre autres du député provincial, François Benjamin (ADQ), du député fédéral de Joliette, Pierre Paquette (Bloc Québécois), du préfet de la MRC de Matawinie, Gaetan Morin, du maire de Saint-Michel-des-Saints, Jean-Pierre Bellerose, de la mairesse de Saint-Zénon, Murielle Richard, du chef de bande de la Manawane, Paul-Emile Ottawa, du président du Conseil central de la CSN de Lanaudière, Daniel Tessier et des représentants de la Chambre de commerce de la Haute-Matawinie, des forestiers, de la CRRNT, des syndicats CSN de l’usine et de la scierie, du représentant des camionneurs, Gilles Sénécal etde la CRE, Suzanne Dupuis.

"Ces travailleurs suivaient leurs cours à l’usine, étaient payés et contrôlés par l’employeur, leur formation concernait leur travail, on ne peut accepter ce geste horrible des fonctionnaires de Revenu Canada", de déclarer Daniel Tessier lors d’une conférence de presse à Saint-Michel-des-Saints.

« Manifestement, le gouvernement Harper manque totalement à ses responsabilités dans le dossier des travailleurs forestiers, de dire le député fédéral de Joliette, Pierre Paquette. Le gouvernement fédéral a laissé tombe ces travailleurs et a oublié la Matawinie pendant qu’il donne des cadeaux aux pétrolières albertaines. »

Le député à l’Assemblée nationale, François Benjamin, espère vivement que les fonctionnaires fédéraux vont changer d’idée tout assurant de son appui pour obtenir la collaboration des gens de Revenu Québec : « nous ferons tout ce qui est dans notre pouvoir pour aider les travailleurs de Saint-Michel-des-Saints. »

« Ces travailleurs se retrouvent maintenant devant rien. Nous ne pouvons pas les laisser tomber ! », rappelle le préfet de la MRC de la Matawinie, Gaetan Morin.

Le maire de Saint-Michel-des-Saints s’indigne également de ce traitement : « la municipalité est déjà assez touchée par la crise ; nous nous serions bien passé de ces difficultés supplémentaires. »

Les travailleurs n’ont pas dit leur dernier mot

Les membres des deux syndicats de Louisiana-Pacific à Saint-Michel-des-Saints se sont réunis en assemblée générale le jeudi 27 février afin d’adopter un plan d’action pour forcer le gouvernement Harper à reconnaître leurs droits. Les travailleurs manifesteront notamment leur mécontentement le 8 avril, à l’occasion d’une assemblée générale du conseil central CSN de Lanaudière. En outre, la CSN et les différents partenaires du comité de relance ont entamé des démarches juridiques et politiques afin de faire renverser la décision de l’Agence du revenu du Canada. Une contestation de la décision de l’Agence est d’ailleurs en cours. Le président du conseil central, Daniel Tessier ajoute : « Nous allons faire la bataille car il s’agit d’une énorme injustice face à ces gars qui ont déjà beaucoup perdu » !

Une région durement touchée

C’est une autre mauvaise nouvelle qui s’abat sur la région de la Matawinie. En tout, 250 personnes ont été mises à pied à la scierie et à l’usine de panneaux gaufrés Louisiana-Pacific. L’employeur a signifié en octobre dernier aux travailleurs que l’usine serait définitivement fermée, alors que la scierie est à vendre. Indirectement, ce sont plus de 1000 emplois qui ont été perdus. Ces fermetures représentent également un véritable drame pour les populations entières de Saint-Michel-des-Saints (2500 personnes) et de Saint-Zénon (1200 personnes), qui dépendent des emplois reliés aux deux usines. Au Québec, ce sont quelque 15 000 travailleurs qui ont perdu leur emploi depuis quatre ans, d’une façon définitive ou temporaire.

La CSN est présentement en campagne pour soutenir les travailleurs forestiers dans une perspective de préservation de la ressource forestière. Elle revendique notamment auprès du gouvernement fédéral la création d’un véritable programme de soutien du revenu pour les travailleurs âgés, la mise sur pied d’un programme de prêt et de garantie de prêts pour les entreprises, la remise sur pied du fonds de diversification des économies forestières et des sommes additionnelles pour la recherche et le développement.

La CSN représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, dont quelque 13 000 dans le secteur du papier, de la forêt et des imprimeries dans 185 syndicats.


Source : FTPF –CSN - 3 avril 2008

Mots-clés : Communiqués

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