De Paris, Omar HADDADOU
Immensurable ! C’est le moins que l’on puisse dire de cette 2ème mobilisation du 31 janvier contre la réforme des retraites qui sonne le round déterminant du rapport de forces entre le gouvernement d’Elisabeth Borne et les syndicats, à l’origine du déploiement des 200 défilés dans toute la France, empreints du chiffre record de plus de 2 millions de manifestants. Cette démonstration de force s’élançant de la Place d’Italie à Paris, ne semble pas donner de sueurs froides à la Première ministre qui, forte de ses 11000 policiers et gendarmes dont 400 à Paris, signe et persiste en entérinant le report de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, vivement dénoncé par les syndicats et une majorité de l’opposition. L’argumentaire est tranchant : « Ce report de l’âge n’est plus négociable et ne sera plus remis en question. C’est le compromis que nous avons proposé après avoir entendu les organisations patronales et syndicales. C’est nécessaire pour assurer l’équilibre du système ».
Coup dur pour le front social, en dépit des revers infligés à l’Exécutif par le Conseil d’Orientation des Retraites qui dénonce une manœuvre du chef de l’Etat en vue de « capitaliser 8 milliards d’euros » nécessaires à la mise d’aplomb du déficit budgétaire en augmentant les annuités au détriment des personnes en position de pénibilité et d’âge avancé. Personnes sommées de trimer plus, au grand dam de leur santé.
Dans l’une des banderoles de la CFDT qui espère que la rue sera entendue, il est consigné : « La Retraite, c’est mieux quand on est encore vivant ! ».
Un mardi noir et, au bas mot, une mise de « plein gaz » irréversible, sont en train de s’inscrire dans la durée. L’ancrage d’un mouvement plus fort et pérenne, n’est plus à démontrer. C’est la réalité de l’instant présent auquel se sont joints récemment les artisans et les commerçants. Les médias font état de fermeture de mairies, de nombreux établissements scolaires, 50% de professeurs en grève, de blocages et de débrayages dans les entreprises, de fortes perturbations dans les transports (1 train sur 10 et 1 TGV sur 3). On annonce entre 1000 et 2000 gilets jaunes, 100 à 200 Radiaux dans le défilé. Les Hauts de France sont aussi de la partie. La CGT et FO ont procédé à une campagne de mobilisation sur les axes routiers qui a porté ses fruits. L’objectif affiché : dépasser les 2 millions de manifestants (es).
Prenant acte du durcissement du ton d’Elisabeth Borne, le Secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a réagi hier sur les ondes de France Info : « La Première ministre ne peut pas rester sourde à cette formidable mobilisation. J’appelle les salariés à être très nombreux dans les rues partout en France. S’il n’y a pas d’écoute de la part du gouvernement, il aura sans doute un acte 3 » a prévenu le leader du 1er syndicat de France.
A l’Assemblée nationale, le spectre de la dissolution ne plane pas, pour l’instant, de manière ostensible. On joue sur une marge de 20 députés. Mais une perte de la bataille de l’opinion par l’Exécutif serait déjà édictée massivement par la rue. O.H
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