Édition du 19 novembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Les gratte-papier israéliens ont du sang d’enfants sur les mains

Les gens de la COGAT (Unité de coordination des activités gouvernementales dans les territoires) israélienne n’ont pas d’enfants. Tout comme les membres du service de sécurité du Shin Bet. Des parents n’auraient jamais pu faire ce qu’ils font aux enfants de Gaza et à leurs parents. Il y a du sang sur les mains es gens de la COGAT, du sang sur les mains des gens du Shin Bet, du sang de petits enfants, la vengeance à laquelle le poète a déjà appelé*.

Tiré de Tlaxcala.org

Ils ne tirent pas sur les enfants et ne les exécutent pas. Mais ce qu’ils font, qui parfois conduit à leur mort et leur cause toujours des souffrances, ne sera jamais pardonné. Comment pouvez-vous dormir la nuit, chers membres de la COGAT et du Shin Bet ? Pensez-vous parfois à ce que vous faites aux enfants malades de Gaza ? Vous imaginez ce qui arriverait si quelqu’un faisait ça à vos enfants ? Leur avez-vous déjà parlé de votre travail ? Je vais leur en parler.

Vous avez causé la mort d’une fillette de 5 ans de Gaza, seule, sans ses parents, sans aucun parent ni personne qu’elle connaissait à ses côtés dans ses derniers jours. Aïcha Al Loulou, qui avait une tumeur au cerveau, a été envoyée de Gaza dans un hôpital de Jérusalem-Est, accompagnée d’une étrangère, pour une chirurgie compliquée et une chimiothérapie qui n’étaient pas disponibles à Gaza ssiégée, et personne dans sa famille, y compris sa grand-mère âgée, ne pouvait être avec elle. La bureaucratie de l’occupation l’a empêché. La petite fille a été envoyée, seule et effrayée, à la porte de la mort et a été renvoyée dans le coma, enveloppée dans un drap, jusqu’à sa mort. Les médecins qui l’ont soignée ont dit que le fait qu’elle était seule avait contribué à son déclin.

Mais même cela n’était pas suffisant pour les gratte-papier de l’occupation. Au lieu d’exprimer des remords, les petits têtes maléfiques du bureau du porte-parole de la COGAT ont publié une déclaration non moins maléfique que les événements qui ont précédé la déclaration, qui se glorifiait d’avoir permis à la petite fille de quitter Gaza, dans sa miséricorde et sa compassion, et niait toute responsabilité avec une affirmation on ne peut plus méprisable ni abjecte : « Les parents ont signé une déclaration selon laquelle ils ne voulaient pas quitter Gaza avec la fille ».

Le péché de dureté de cœur est donc aggravé par le crime d’accusation de meurtre rituel**. Les parents ne voulaient pas quitter Gaza avec leur fille. C’est comme ça que sont les parents à Gaza. Ils n’aiment pas leurs enfants et ne veulent pas être avec eux quand ils meurent. Wissam et Mouna, qui ont couru paniqués d’un médecin à l’autre à Gaza, qui ont été rendus fous par l’idée qu’ils envoyaient leur fille pour une opération dans un pays hostile toute seule « ne voulaient pas partire.

Et les mots doux habituels : « L’Administration de coordination et de liaison de Gaza exige que les parents accompagnent les mineurs, étant entendu qu’un enfant a besoin de ses parents à de tels moments ». Janusz Korczak*** a été ressuscité au centre militaire Kirya**** à Tel Aviv.

Et maintenant, les faits. Les parents d’Aïcha ont fait tout ce que les parents enfermés dans une cage pouvaient faire pour sauver la vie de leur fille et aller avec elle à l’hôpital de Jérusalem-Est, qui, soit dit en passant, est également sous occupation. Le Ministère palestinien des affaires civiles, qui s’occupe des demandes de sortie, a des critères que les Israéliens dictent pour présenter de telles demandes. Là, on a dit au père qu’en raison de son jeune âge, la vérification de ses antécédents prendrait trois semaines. Quant à la mère, elle n’est pas inscrite à l’état-civil israélien et elle n’avait donc aucune chance dès le départ. Les demandes de la grand-mère âgée, des tantes et d’un oncle ont également été rejetées. Les parents ne pouvaient rien faire d’autre que signer le document qui leur était dicté, afin que leur fille puisse se rendre à l’opération, même accompagnée d’une étrangère.

Les Médecins pour les droits humains s’occupent actuellement de quatre autres cas dans lesquels la COGAT et le Shin Bet ne permettent pas aux parents d’accompagner des enfants malades. A., la mère d’un garçon de six ans, attend depuis deux mois la permission de l’accompagner pour un traitement en Jordanie. Une fillette de quatre ans, A., attend depuis près d’un an un permis pour que sa grand-mère l’accompagne pour une opération à Jérusalem-Est. Il est interdit à la grand-mère de sortir pour des raisons de sécurité. Une terroriste. Une autre toute-petite, R., âgé de trois ans, qui a avalé de l’acide, attend une opération à Naplouse et a déjà manqué son rendez-vous. D., la mère d’un enfant de quatre ans atteint de leucémie, qui suit une chimiothérapie à Naplouse sans ses parents depuis 43 jours maintenant, a vu une fois de plus sa demande rejetée.

Leur sang crie.

NdT

*Allusion au vers « Cette vengeance pour le sang d’un bébé et d’une jeune fille n’a pas été encore forgée par Satan … », du poème écrit en 1903 par Haïm Nahman Bialik après le pogrom de Kishinev (Moldavie), « La ville du massacre », cité par Netanyahou en juillet 2014 après la mort de trois adolescents israéliens attribuée à des Palestiniens.

** « Alilat dam » (hébreu, « accusation de sang ») : allégation médiévale selon laquelle les Juifs assassineraient des enfants non juifs à des fins rituelles, en particulier la confection de pains azymes pour la Pâque.

*** Janusz Korczak (1878-1942) : pédiatre et pédagogue polonais qui accompagna dans la mort à Treblinka les 192 enfants de l’orphelinat du Ghetto de Varsovie dont il s’occupait.

****HaKirya (Le Campus) est le siège de l’État-major de l’armée israélienne, après avoir été celui de l’armée et de la police britanniques, au centre de Tel Aviv, où sont hébergés les bureaux de la COGAT, qui gère l’occupation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et le siège de Gaza, ains que l’enseignement de l’arabe aux militaires israéliens, sous la direction du général-major Yoav Mordechai.

Gideon Levy

Journal Haaretz, Israël

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