La défense de la biodiversité, appelée couramment la protection de la nature, n’est pas (ou pas seulement) une question sentimentale, esthétique ou morale, elle est foncièrement politique. Son enjeu est capital puisqu’il s’agit d’assurer la pérennité de la vie sur Terre, et donc celle de l’humanité. Aucun parti politique ne peut prétendre préparer l’avenir sans aborder comme une priorité cette question capitale.
Les associations de protection de la nature assurent sur le terrain une sorte de fonction syndicale en défendant les arbres, les rivières ou les animaux, mais elles ne sont pas qualifiées pour intervenir politiquement. France nature environnement, qui fédère nombre d’associations, ou le parti des Verts, n’assument pas ce relais.
Pour ne pas adopter la phraséologie du libéralisme, il convient donc de parler de « nature » et non d’« environnement », concept idéologique qui place l’homme au sommet de la « création » comme on plaçait jadis la Terre au centre de l’univers. Le capitalisme véhicule une origine divine de la nature humaine. En termes scientifiques, l’homme est une espèce parmi les autres, un primate, et doit s’assumer dans la chaîne du vivant. La nature mérite d’être défendue non par rapport à un intérêt particulier : en fonction de ce qu’elle peut rapporter à tel ou tel, mais en soi, pour ce qu’elle est. Il existe historiquement deux manières d’aborder la question de la biodiversité :
– la conservation : qui se réfère aux ressources, à conserver pour leur valeur utilitaire, économique notamment, à épargner dans une perspective de marchandisation de la nature, de « développement durable » ;
– la préservation : qui se réfère à la protection de la nature en général, à une valeur intrinsèque.
Biodiversité et politique
Un parti politique conscient des enjeux se doit d’inaugurer une politisation de la biodiversité (de même qu’il y a eu dans la lutte féministe une politisation du partage des tâches ménagères). Il n’est pas question non plus d’abandonner cette question aux experts sous prétexte qu’elle relève d’une science. La désorganisation capitaliste et le chaos économique génèrent une agression directe de la nature qui se traduit par une destruction progressive des conditions de la vie sur Terre mettant en danger jusqu’à la survie de notre espèce. Cette destruction directe se fait par l’agriculture intensive, l’aménagement compulsif du territoire, la pollution des éléments, entre autres.
Il existe une symétrie entre le « social » et l’« écologique », les êtres humains et la nature subissant ensemble les méfaits du capitalisme, les humains dépendant à la fois de la société et de la nature. Au 19e siècle, il convenait de dépasser la contradiction entre les classes. Il s’agit à présent de surmonter la contradiction entre les espèces, pour vivre non contre la nature mais avec la nature. Une véritable révolution copernicienne doit modifier notre jugement, notre mentalité, nos concepts, nos pratiques, bien que le sujet soit moins mobilisateur que d’autres plus immédiatement concrets, comme le pouvoir d’achat ou l’emploi. De même que les ouvriers ont dû naguère dépasser leur intérêt individuel et accéder à la notion de classe ouvrière pour se défendre, l’humanité devrait maintenant dépasser son intérêt individuel pour accéder à la notion d’écologie pour survivre. Face à la grande propriété privée, le contrôle démocratique des outils de production est la clé pour intégrer la biodiversité à la base même des choix techniques de la production des richesses.
L’économie de pillage et d’épuisement des ressources, de destruction, l’idéologie de la croissance, du développement, de la consommation effrénée, le productivisme ne peuvent sans mettre en péril l’existence des écosystèmes et la vie sur terre. « Lorsque la dernière rivière aura été polluée, le dernier poisson pêché. le dernier arbre abattu. l’homme comprendra que l’argent n’était pas comestible », disait un chef indien à la fin du 19e siècle.
La biodiversité et ce qui la menace
Le terme « biodiversité » est la contraction de « diversité biologique », qui désigne la multiplicité des différentes espèces animales et végétales dans un milieu. Un écosystème se compose d’un biotope inerte, déterminé principalement par le climat et la géographie (une forêt, un marécage ... ) et une biocénose : l’échange entre les espèces vivantes (végétales, animales, microbiennes ... ). Plus un milieu est divers, plus il est équilibré. Un champ de maïs de 1 00 hectares, malgré ce qu’il peut rapporter économiquement à court terme, est en réalité l’éclaireur du désert. Une chenille suffit à le ravager, de même qu’un coup de vent peut abattre toute une « forêt » ( en fait une plantation commerciale d’arbres de même essence, même âge même taille), alors que dans une forêt non artificielle les dégâts sont limités par la diversité des sujets. Détruire une espèce ce n’est pas comme enlever une pierre dans un tas, c’est comme enlever un maillon dans une chaîne.
Sur les 400 000 variétés de riz naguère cultivées, il en reste cinquante. Trente plantes fournissent 95 % de l’alimentation humaine. 90 % de la forêt tropicale a déjà disparu et ne repoussera pas. 70 % des stocks mondiaux de poissons sont surexploités par la pêche industrielle et sont désormais incapables de se renouveler Ce qu’on appelle par un mot idéologique la « sélection » ou le « perfectionnement » des espèces est à vrai dire un extraordinaire appauvrissement du patrimoine génétique. Les espèces animales domestiques sont réduites aux plus productives. Les autres disparaissent. Quant aux animaux sauvages, clés de voûte de leur milieu, ils sont presque tous menacés d’extinction à plus ou moins long terme. Beaucoup ont déjà disparu au 17e, trente-huit au 18e, quatre-vingt-quatre au 19e, deux cent soixante-dix au 20e. 8 500 sont menacées à court terme aujourd’hui. Les causes principales sont : la destruction de l’habitat (raser une forêt, assécher une zone humide) ; la chasse et le braconnage ( destruction volontaire pour des raisons ludiques ou lucratives). 33 % des espèces ont disparu par fait de chasse ; le morcellement des territoires (qui limite les proies et la reproduction) ; l’introduction d’une espèce invasive (écureuil gris, perche du Nil).
On considère qu’une extinction animale de masse, la première depuis l’extinction des dinosaures, il y a 65 millions d’années, est en cours. Les espèces disparaissent à une vitesse et à un nombre au moins cent fois supérieurs à la vitesse normale. On estime en gros à 1 00 millions le nombre d’espèces vivantes sur Terre, dont 80 % sont menacées. Le quart des mammifères est en danger d’extinction immédiate (tigre, grands singes, panda géant .. ). La gravité de la menace n’est pas estimée à sa juste valeur car ses effets ne sont pas immédiatement visibles.
On connaît l’image du canari dans la mine : les mineurs descendaient dans la galerie avec un canari en cage. Si le canari mourait c’est que l’air était dangereux et les mineurs devaient sortir au plus vite. Le canari, sur Terre, ce sont les espèces animales et végétales. Tous les maux dont la Terre est affligée retentissent dramatiquement sur !a faune : !e réchauffement climatique (les ours blancs sans banquise) : la pollution (les bélugas cancéreux ou stériles) ; la chasse (les ours bruns ou noirs abattus un à un) ; la concentration des populations qui concurrencent les zones de vie animale (les éléphants qui ne peuvent plus se déplacer).
Aujourd’hui le canari meurt dans sa cage et les mineurs continuent à creuser, malgré ceux qui crient casse-cou. Un crime contre la nature, c’est aussi un crime contre l’humanité.
Situation en France
En matière de protection de la nature, la France mène une politique particulièrement retardataire et fait l’objet de dizaines de procédures d’infraction au niveau européen. Elle signe les conventions internationales mais ne réprime pas le braconnage et ne protège pas les espèces sur son sol (voir par exemple le sort fait à l ’ours ou à l’ortolan). À ce titre, elle occupe le neuvième rang mondial des États laxistes, soumise à la puissance de nombreux lobbvies antinature qui estiment qu’il faut « donner la priorité à l’homme »,et autres propos aussi absurdes qu’irresponsbles justifiés probablement par l’ignorance, la cupidité et le clientélisme électoral. Cette incurie traverse toutes les tendances (alors que la France, par sa situation géograhique, détient40 % de la flore européenne).
Dominer la nature c’est dominer l’homme
Marcuse ( 1968) écrivait dans L’homme unidimensionnel : « La méthode scientifique qui a permis une maîtrise toujours plus efficace de la nature en est venue aussi à fournir les concepts purs de même que les instruments pour une domination plus toujours plus efficaces de l’homme sur l’homme au moyen de la domination de la nature.
C’est-à-dire que la domination de l’homme passe par la domination de la nature, comme on l’a vu au 19e siècle avec les Indiens d’Amérique. On brûle l’herbe pour affamer les bisons, on supprimes les bisons pour affamer les Indiens qu’on enferme dans des réserves. On remplace l’herbe par le blé, les bisons par des vaches et les Indiens par des esclave. Ce système continue, par exemple, en Amazonie aujourd’hui, il s’applique aussi aux populations déportées dans des cités-dortoirs à cause de grands travaux comme les barrages. Un barrage, qui détruit un milieu, c’est un moyen de contrôle de la ressource en eau et des population désormais parquées, c’est une logique totalitaire et irréversible. À l’heure des manipulations génétiques et du brevetage du vivant. Il est capital de ne pas se laisser confisquer la nature vivante par les maîtres du monde.
Prenons une image : sur un pré, les lois de la nature s’appliquent : la pluie, le beau temps, l’hiver, l’été ... Sur le même pré bitumé en parking, ne s’appliquent plus que les règles arbitraires du propriétaire : le tarif de stationnement, la durée ou les jours d’ouverture. Sur une Terre bétonnée avec des tapis roulants et des écrans, sans arbres ou sans oiseaux, il n’existerait de liberté qu’illusoire. C’est pourquoi on ne choisit pas de tracer une autoroute en zone naturelle malgré la nature et faute de mieux, mais à cause de la nature, pour la vaincre.
Un exemple : la protection de la faune
Défendre les animaux sauvages, ce n’est pas jouer avec des peluches, c’est une cause, c’est défendre le milieu qu’ils habitent. Il n’existe pas d’intérêt plus général que la défense de la nature, laquelle n’appartient à personne et profite à tous. Les animaux y jouent un rôle déterminant. Sans eux, pas de vrai milieu.
Par exemple, dans le parc américain de Yellowstone, mis sous cloche, on s’apercevait que les éléments continuaient de se dégrader, les rives s’érodaient. les arbres se raréfiaient, les effectifs diminuaient. La réintroduction d’une douzaine loups du Canada a permis de réguler les herbivores, qui ont donc cessé de brouter les arbres. Sur les arbres plus nombreux, des oiseaux ont pu nidifier. Lorsque les arbres tombaient dans la rivière, ils ralentissaient le cours de l’eau, où des poissons pouvaient frayer et se reproduire. Les barrages des castors ont formé des étangs appréciés des canards, qui attiraient à leur tour des rapaces, les insectes sont revenus sur les carcasses. En moins de dix ans, grâce à une douzaine de loups le parc Yellowstone a retrouvé son équilibre originel.
Des mouvements populaires africains on pu dénoncer avec raison un « colonialisme écologique » , refusant que leur pays soit transformé en parce de loisir pour Occidentaux. Cependant, inciter les populations à remplacer leur faune sauvage par du bétail, c’est les pousser à transformer de façon irréversible le milieu dont ils tiraient leurs ressources et à détruire leur économie traditionnelle. D’ailleurs, les animaux sauvages sont parfaitement adoptés au milieu. Une antilope trouve dans la brousse tout ce dont elle a besoin. Pas la vache, qu’il faut abreuver, vacciner, défendre contre les prédateurs., quitte à éliminer ceux-ci et à transformer la forêt en pâturage. Lorsque le troupeau disparaît , il faut s’endetter pour le reconstituer. Les animaux d’élevage placent les populations et les milieux dans la dépendance de l’Occident qui applique son « modèle ». S’il y avait encore des hippopotames dans le Nil, il y aurait aussi des poissons qui se nourrissent des déjections d’hippopotames, et donc des pêcheurs qui subviendraient à leurs propres besoins. L’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria est en train de tuer le lac et de détruire les populations riveraines, comme l’illustre le film de Hubert Sauper Le cauchemar de Darwin.
En les désignant comme « précautions excessives », l’OMC estime que les filets qui épargnent les tortues ou les dauphins, l’interdiction de fourrures d’animaux pris dans des pièges à mâchoires sont un « obstacle au commerce » et elle sanctionne ainsi les États qui souhaitent protéger leur faune et leur nature. Les « ennemis de la Terre », multinationales, financiers, promoteurs et autres. ont un intérêt direct à la confiscation et à la destruction de la nature, qui gêne l’augmentation de leurs profits et leurs moyens de contrôle. Ils remplacent ce que fournit la nature, qui est propre, abondant et gratuit, par ce qu’ils ont rendu sale, rare et cher, comme l’eau par exemple.
Pourquoi défendre la biodiversité
Tous les biens matériels et toutes nos ressources alimentaires proviennent de l’écosystème, dont le bon fonctionnement ne peut être garanti sans le maintien de la diversité biologique des organismes qui le composent. La biodiversité peut s’exprimer à l’échelle de la diversité des espèces sauvages et des variétés domestiques, ou à l’échelle de la diversité génétique de leurs populations. Elle agit comme un réservoir et une garantie des possibilités futures de la production des richesses. Sans elle, pas d’avenir pour l’humanité Sans abeilles, pas de fruits. Dans une mer sans requins, les algues et les méduses prolifèrent, l’oxygène vient à manquer. L’océan meurt. Il s’agit d’un phénomène d’effondrement aux conséquences illimitées (auquel on assiste déjà avec les abeilles, les poissons, etc.). Voilà pourquoi il faut défendre
les requins, par exemple, qu’on les aime ou non.
On entend dire : nous n’avons pas connu les mammouths, nous pourrons vivre sans baleines Oui, mais vivre comment et sur quelle Terre ? Nous pourrions aussi vivre sans musique, sans fleurs et dans un camp. D’ailleurs, la disparition des mammouths annonçait un nouveau monde, fondé sur la sédentarité, l’agriculture, la propriété, la hiérarchie des pouvoirs, ce qu’avait senti et décrit Rousseau dans le Discours sur l’origine de l’inégalité. La menace de vivre dans un monde désenchanté avec un imaginaire mutilé serait une raison suffisante de protéger une Terre vivante. Toutefois, on ne saurait répondre à cette question seulement par des arguments utilitaristes, strictement conservateurs ou subjectivement esthétiques, voire économiques et touristiques. On défend d’abord la biodiversité pour assurer les conditions de la vie et offrir une planète vivante et viable à nos descendants. C’est un patrimoine commun à l’humanité incalculable en termes économiques (bien que certains l’aient chiffré). On ne peut négliger pour autant que ce soit un formidable réservoir thérapeutique qu’il faille aussi prendre en compte des raisons scientifiques, éthiques, culturelles ...
Les solutions existent mais n’ont été mises en œuvre par aucun gouvernement, aucun « Grenelle de l’environnement ». Il faudra pour les appliquer une volonté politique qui, pour l’instant, n’est revendiquée par aucun parti politique.
Pistes et solutions
Défendre la biodiversité, c’est d’abord faire échec à ceux qui entent de s’approprier la totalité du monde vivant, en l’achetant, en l’artificialisant ou en le détruisant, dans le but de réaliser davantage de profit et d’exercer un plus grand contrôle sur les hommes comme sur les ressources.
Il importe de rétablir les équilibres naturels : maintien des écosystèmes avec proies et prédateurs, suppressions de la notion d’espèce « nuisible », réintroduction quand c’est possible d’espèces après avoir remédié aux causes de leur disparition, régénération naturelle (et non commerciale) des forêts, dépollution des cours d’eaux, conservatoires botaniques, etc.
L’espace doit faire l’objectif d’une autre politique, Des parcs nationaux, y compris en plaine, méritent d’être créés et préservés des activités humaines destructrices, reliés entre eux par des couloirs biologiques qui permettent à la faune de se déplacer librement. Sans cela, dans des parcs-piles, elle est condamnée. Les parcs naturels régionaux, les réseaux Natura 2000 et les Zones d’intérêt écologique qui font l’objet d’une gestion particulière, permettent de constituer un maillage propice à la vie sauvage en dehors des parcs sans gêner les activités humaines. Les parcs ne serviraient donc plus d’alibi à une destruction généralisée. Un tel objectif implique une remise en cause de la politique urbaine, des paysages, des pratiques cynégétique, agricole, halieutique, du système dans son ensemble.
La biodiversité ne connaissant pas les frontières, il manque une autorité supranationale pour superviser et harmoniser les politique nationales et veiller à l’application ds règles internationales, en sanctionnant par exemples les États qui violent impunément les réglementations comme le Japon avec les baleines.
Le système agricole doit être transformé en profondeur à partir de quelques principes : repenser l’organisation du territoire et l’exploitation agricole en fonction des besoins écologiques et humains : diversifier les production pour accroître la diversité ; produire en général et non pas en fonction des exigences de l’agrobusiness, contrairement par exemple à la production massive d agrocarburants qui entre en concurrence avec l’agriculture vivrière ; recentrer l’alimentation sur les besoins réels (augmentation excessive de la consommation de viande qui a été multipliée par trois en trente ans) ; revenir sur les choix de consommation, en promouvant notamment une alimentation moins carnée (le bœuf du riche mange 43 % des végétaux du pauvre, participe à la déforestation et dégage du méthane).
L’expertise doit être assurée par un service public unifié de la biodiversité massivement financé et à l’indépendance garantie. Aujourd’hui, elle est de plus en plus abandonnée à des structures privées commerciales, où les experts des structures publiques sont mis au pas.
L’information et la connaissance sont des armes capitales contre l’assujettissement et la propagande libérale destructrice. Pour que ces mesures soient admises et que chacun protège la biodiversité comme un bien dont il est responsable ou comme un patrimoine commun, l’enseignement, à tous les niveaux, ne peut se dispenser d’expliquer le fonctionnement des écosystèmes, leur utilité et la nécessité de les défendre. La promotion populaire et la défense de la culture naturaliste doivent être l’une des taches de I offensive culturelle dont nous avons la responsabilité. L’intégration de la biodiversité comme critère élémentaire de nos choix économiques et politiques suppose un niveau de conscience qui permet de placer le postulat du long terme et de l’imperceptible au niveau du choix immédiat, et un rapport d’appartenance à la planète comme indissociable du sentiment de classe.
Comment le faire sans inventer une nouvelle organisation de la production des richesses menée de façon démocratique, avec la prise en compte des critères écologiques et des critères sociaux ? Comment le faire sans remettre en cause le principe m^me de l’économie de marché qui oppose les profits à l’humanité et à la nature, la rapidité des rythmes économiques spéculatifs à la lenteur des cycles de la Terre ? Comme le faire sans placer le combat pour sa sauvegarde au centre de la lutte globale pour l’émancipation humaine, et comment envisager celle-ci sans la prise en compte des conditions à long terme de son épanouissement ?
Conclusion
De telles mesures ne sauraient être comprises comme un luxe à l’usage de nantis. mais comme un remède urgent aux maux qui menacent la vie sur Terre, et en premier lieu celles des plus pauvres, qui sont les premières victimes. C’est pourquoi les partis qui prétendent gérer les affaires publiques en négligeant ces questions ne prouvent que leur incapacité. Après la révolution pour la république ou pour le socialisme, la nécessité d’un nouvelle révolution politique apparaît. Une vraie politique écologique implique plus qu’un changement de cap : un changement radical, de civilisation, économique, politique, idéologique, une autre façon de partager entre tous les peuples les vraies richesses, d’établir des rapports avec les autres cultures, les autres hommes et les autres espèces, qui servira d’exemple et de modèle au monde entier. C’est une question de survie. La « conservation » de la biodiversité, loin d’être un « conservatisme » politique, demeure l’un des sauts du progrès réel que le combat pour un socialisme du 21e siècle devra accomplir.