Pour la centrale syndicale, il est avant tout important de rappeler que si la volonté du gouvernement est réelle, il faudra un travail d’envergure pour replacer le français sur le même pied d’égalité que l’anglais au pays. Malheureusement, cinquante ans après l’adoption de la Loi sur les langues officielles, le constat est plutôt sombre. Le livre blanc de la ministre nous confirme que l’usage de la langue française a nettement reculé au Canada, que la diminution du poids démographique des francophones est une tendance qui se poursuit et que l’utilisation du français au travail et à la maison est en baisse depuis plusieurs années, y compris au Québec.
C’est à la suite de l’annonce en février dernier de la ministre responsable des Langues officielles, Mélanie Joly, d’offrir une version modernisée de la dualité linguistique et du bilinguisme au Canada que la FTQ dépose aujourd’hui ses recommandations au Comité permanent de la Chambre des communes qui se penche sur le sujet.
« Nous comprenons l’obligation du gouvernement fédéral de promouvoir le principe de dualité linguistique au Canada. Toutefois, le contexte actuel force à agir dès maintenant pour la protection et la promotion de la langue française au Canada, car il est clairement établi que, des deux langues officielles reconnues dans la loi, le français est la langue minoritaire au pays et donc celle qui doit être protégée », déclare le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc.
Au moment de son adoption en 1969, la Loi sur les langues officielles prévoyait établir le bilinguisme institutionnel et permettre aux francophones et aux anglophones minoritaires de faire carrière dans la fonction publique dans leurs langues. Pour la FTQ, il est évident que les objectifs de la Loi sur les langues officielles adoptée il y a plus d’un demi-siècle ont lamentablement échoué. « Nos collègues de l’Alliance de la fonction publique (AFPC) et de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) interviennent fréquemment auprès de la direction de la FTQ pour partager des situations désolantes, notamment en qui a trait aux attributions de poste. Comment expliquer qu’il s’avère nécessaire pour un fonctionnaire au Québec d’être bilingue pour avoir accès à certains postes supérieurs alors que cette même exigence n’est pas forcément obligatoire dans la capitale fédérale ? Nos membres travaillant dans la fonction publique fédérale ont le droit de bénéficier d’un réel milieu de travail en français ! », déclare Denis Bolduc.
À ce propos, la FTQ considère essentiel que tous les travailleurs et toutes les travailleuses du Québec aient accès aux mêmes principes de droits linguistiques au travail, et ce, peu importe, s’ils travaillent pour une entreprise de compétence fédérale ou provinciale. La FTQ réclame depuis des années que les entreprises privées de compétence fédérale soient assujetties aux dispositions de la Charte de la langue française du Québec. Cette revendication est toujours d’actualité. Nous croyons aussi que les droits en matière de langue de travail au Québec doivent être mis en application par l’Office québécois de la langue française (OQLF). Il ne saurait y avoir deux systèmes pour la mise en place de cette réglementation.
La FTQ fera également part aux membres du comité de travail ses positions sur l’unilinguisme de plusieurs acteurs du système fédéral ainsi que sur le rôle que devraient jouer le Québec et le Canada dans le développement de contenu culturel en français pour l’ensemble de la francophonie.
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