Édition du 17 décembre 2024

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La Commune de Paris a 150 ans

Le 18 mars 1871 le peuple parisien se révolte (suivi de deux commentaires [Étienne Hudon et Guylain Bernier])

La France est un pays où nous dénombrons, entre les XVIIIe et XIXe siècles, plusieurs révolutions politiques. Il y a eu celle qui a fait basculer l’histoire dans l’ère contemporaine : la très célèbre Révolution française de 1789. Ensuite, quelques années plus tard, la Révolution française de 1830 (les Trois Glorieuses) et également celle de 1848. Ces moments de soulèvements populaires étaient dirigés par la classe gouvernante et visaient, pour l’essentiel, à régler le sort de la royauté et de la monarchie.

Photos wikipédia

Ce qui va se passer le 18 mars 1871 sera différent. Il ne s’agit pas uniquement de la substitution d’une clique au pouvoir par une autre ou d’une seule reconfiguration des institutions politiques (un changement de régime constitutionnel). À la fin de l’hiver et au début du printemps 1871 il se produit à Paris un véritable soulèvement populaire. Le peuple parisien se révolte et entame ce qui sera appelé par la suite : La Commune de Paris. Marx écrira au sujet de la Commune ce qui suit :

«  À l’aube du 18 mars, Paris fut réveillé par ce cri de tonnerre : Vive la Commune ! Qu’est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui met l’entendement bourgeois à si dure épreuve ?

Les prolétaires de la capitale, disait le Comité central dans son manifeste du 18 mars, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques… Le prolétariat a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir.

Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte. » (Marx, Karl. 1968. La guerre civile en France 1871. Paris : Éditions sociales, p. 59).

La révolution de 1871 est le produit d’un sentiment national exacerbé par la défaite française devant la Prusse et le résultat également des souffrances inutiles que le peuple a endurées durant la guerre franco-allemande de 1870-1871. La Commune sera sévèrement réprimée par les troupes militaires sous les ordres du gouvernement de Thiers réfugié à Versailles. Le 21 mai, les versaillais entrent dans la ville de Paris. Commence alors la « semaine sanglante » (du 21 au 28 mai). Le bilan est lourd. Entre 20 000 à 25 000 personnes sont exécutées sommairement (sans subir un procès en bonne et due forme), plus de 35 000 seront emprisonnées et environ 13 000 seront condamnées à la déportation ou aux travaux forcés.

Lénine, en prenant le pouvoir en octobre 1917 en Russie, exprimera le souhait suivant : que son régime dure « un jour de plus » que la Commune de Paris. C’est vous dire l’importance de cet événement dans l’histoire sociale et politique du mouvement ouvrier en général et du socialisme en particulier. Que dire et que retenir de cette agitation quasiment unique en son genre dans les démocraties libérales et qui occupe une place de choix dans l’histoire mythique de la gauche progressiste ?

Les événements qui conduisent à la formation du premier gouvernement ouvrier

Le 2 septembre 1870, Napoléon III capitule devant l’armée prussienne. La ville de Paris est encerclée. Les députés appellent la population à prendre les armes. Le 28 janvier 1871, Paris capitule. Le gouvernement Thiers, qui gouverne à partir de Versailles, veut désarmer Paris. Le matin du 18 mars 1871, sur la bute Montmartre, les militaires se préparent à reprendre les canons de la Garde nationale. Cette tentative provoque la révolte parisienne. Des soldats se mettent même à fraterniser avec les révoltéEs. L’insurrection commence. La guerre entre la France et la Prusse se mue dès lors en guerre civile. Les élections du conseil général de la Commune de Paris ont lieu le 26 mars. La Commune est officiellement proclamée le 28 mars 1871. Le mouvement communaliste s’étend à d’autres villes (Lyon, Marseille, Limoges), mais il sera rapidement écrasé.

La Commune instaure une république sociale. Les principales mesures adoptées sont les suivantes :

Égalité des salaires ;

Journée de travail à 10 heures ;

Interdiction du travail de nuit pour les femmes ;

Adoption du drapeau rouge ;

Production par associations ;

Démocratie ouvrière ;

Employés communaux au tarif ouvrier ;

Élus révocables.

La Commune, sur le plan de ses réalisations programmatiques, mêle les préoccupations démocratiques (séparation de l’Église et de l’État, instauration d’une instruction laïque, obligatoire et gratuite pour les filles et les garçons) à des intentions socialistes et ouvrières (interdiction du travail de nuit dans les boulangeries ; remise aux locataires de deux termes de loyer ; moratoire pour le remboursement de la dette ; ouverture d’un bureau de placement ; suppression des amendes et des retenues sur les salaires ; préférence accordée aux coopératives de travail ; rôle nouveau accordé aux Chambres syndicales dans la détermination du salaire des ouvrières et des ouvriers ; abolition de l’armée au profit de milices populaires, etc.). L’expérience est brève, elle dure soixante-douze jours. Pendant deux mois, le drapeau rouge flotte sur l’Hôtel de Ville de Paris. Les femmes participent pleinement à la révolution communaliste. Elles se regroupent au sein de l’Union des femmes pour la défense de Paris.

La Commune est certes un soulèvement populaire, une insurrection sociale, mais c’est également un mélange de révoltes. On y retrouve des éléments socialistes mais aussi patriotiques, féministes (Louise Michel, Elisabeth Dimitrieff et Nathalie Lemel) et artistiques (Courbet, Daumier, Corot, etc.). Il s’agit incontestablement, par conséquent, d’un mouvement qui a un caractère pluriclassiste.

Michel, Louise (1830-1905).

Elle était une militante féministe et une combattante importante durant la Commune. Elle a été condamnée à la détention à vie et ensuite déportée en Nouvelle-Calédonie. C’est dans la foulée des amnisties qu’elle sera autorisée à rentrer à nouveau à Paris. Elle consacrera le reste de sa vie à parcourir la France en se faisant un infatigable propagandiste de la cause anarchiste.

Thiers, avec l’accord des Prussiens, va assiéger Paris. Il obtient de Bismark la libération anticipée des prisonniers militaires français. Ce qui lui permet sur le coup de grossir les effectifs de l’armée des versaillais. Le 21 mai il fait intervenir des troupes qui lui sont fidèles. Elles vont s’adonner à de véritables carnages. Elles mettent huit jours à mater et à écraser la révolte populaire parisienne. Le 28 mai 1871, après une résistance acharnée et de durs combats, la Commune subit une cuisante et retentissante défaite. La répression est brutale, féroce et impitoyable. La Commune est écrasée sans aucun ménagement. Le mouvement révolutionnaire et le mouvement syndical parisien seront réprimés et décapités. L’état de siège de la ville sera maintenu jusqu’en 1876. Il faudra attendre entre 1879 et 1881 avant que les condamnéEs soient amnistiéEs.

La victoire de Thiers a pour effet de rassurer les groupes dominants et dirigeants. Elle montre également que la République est capable d’assurer le maintien de l’ordre et pas n’importe quel ordre, l’ordre conservateur. À ce sujet, Thiers déclarera en novembre 1872 : « La République sera conservatrice ou ne sera pas ».

Que retenir de La Commune ?

Dans la Guerre civile en France 1871 Marx ne parle pas encore de la dictature du prolétariat[1]. La Commune de Paris est un banc d’essai, une ligne de partage entre le socialisme utopique et le socialisme qui se confronte à l’exercice réel du pouvoir. Un moment où s’est posé toute une série de problèmes à résoudre dans le chemin qui mène vers l’émancipation des classes opprimées de la société : à savoir, nature de l’État ? Centralisme ou fédéralisme ? Rôle des associations ouvrières syndicales et de production ? Formes de propriété ? Gestion collective de l’économie ? Exercice de la démocratie ? Patriotisme versus internationalisme ? Place des femmes dans la société ? Place de la religion dans les affaires de l’État ? La question de l’éducation (son caractère obligatoire pour les deux sexes, laïc et gratuit) ?

Certaines de ces questions se posent encore aujourd’hui avec une grande acuité.

Que conclure ?

La Commune de Paris de 1871 est probablement, cent cinquante ans plus tard, l’épisode le plus héroïque de la classe ouvrière et des groupes démunis et défavorisés des pays développés et industrialisés. Il s’agit d’un mouvement révolutionnaire dans lequel Marx a reconnu la première insurrection prolétarienne autonome. La Commune de Paris est incontestablement un véritable symbole de la lutte des classes. Elle a par contre un caractère plus populaire qu’ouvrier. Une chose est certaine, les ouvrières et les ouvriers y ont quand même laissé leur marque. D’où l’intérêt de s’y intéresser d’un point de vue dialectique : c’est-à-dire dans son mouvement ascendant (son installation et ses mesures prises) et dans son mouvement descendant (sa chute et son échec).

Dans l’histoire contemporaine du monde occidental, la Commune de Paris de 1871 a eu une existence éphémère alors que le coup d’État bolchevique a débouché sur non pas la suppression et l’extinction de l’État, mais paradoxalement sur un renforcement excessif de la présence de l’État et de ses appareils de contrôle et de répression de la population et des mouvements oppositionnels. Le régime issu de ce coup de force (et qui a été rendu possible grâce à l’appui de certains militaires hauts gradés) a duré de 1917 à 1991. C’est probablement l’inverse que nous aurions souhaité voir se produire. Mais, comme dirait l’Autre, nous ne faisons pas l’histoire avec des « si ». Constatons alors que les masses ne font pas toujours l’histoire. Elles ont en effet parfois l’initiative, alors qu’à d’autres moments, elles encaissent les mesures coercitives et subissent des défaites.

Yvan Perrier

12 mars 2021

21h30

yvan_perrier@hotmail.com

Pour voir un film sur La Commune de Paris nous vous suggérons : La Commune (Paris 1871) de Peter Watkins.

Un de mes anciens étudiants Étienne Hudon, qui poursuit actuellement ses études de maîtrise à Paris (son sujet de mémoire porte justement sur La Commune de 1871), nous recommande de lire le livre d’Édith Thomas sur Les pétroleuses. Par « pétroleuses » il faut comprendre ces femmes qui se sont courageusement et pleinement engagées dans la défense de la Commune. Elles ont risqué leur vie pour freiner les troupes des Versaillais durant la Semaine sanglante.

Glose marginale

« Frapper ou être frappé ; voilà toute la question (…) » Hérodote. 2003. L’enquête : Livres V à IX. Folio classique : Paris, p. 182.

« Être ou ne pas être : telle est la question ». Shakespeare, William. 1609. Hamlet.

« Nous ne sommes rien soyons tout ! ». Poitier, Eugène. 1871. L’Internationale.

Et pourquoi pas :

« Être et ne pas être » ?

Réflexion provisoire sur le mouvement de l’histoire :

Thèse / antithèse et synthèse (selon Hegel et Marx également).

Et pourquoi pas : position / opposition / dépassement (c’est-à-dire écrasement des forces progressistes d’où une impasse [victoire du conservatisme et de la réaction]).

L’écrasement correspond souvent à ce moment qui débouche sur le passage à une étape suivante. L’affrontement entre la thèse et l’antithèse conduit-il nécessairement à un dépassement ? Là est en partie la question. L’histoire de la Commune de Paris (1871) appartient à ces épisodes où l’opposition entre la thèse (la réaction) et l’antithèse (le progressisme) n’a pas été « sans issue » ni non plus un « blocage de l’histoire ». Le nouveau prometteur n’a tout simplement pas triomphé ou vaincu comme le souhaitaient les combattantes et les combattants. Question : jusqu’à quel point n’est-il pas impératif et nécessaire de réviser, dans un tel cas, le projet mobilisateur ?

[1] Dans la Critique du programme de Gotha (ouvrage écrit en 1875), Marx précisait ce qui suit au sujet de la dictature du prolétariat : « Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l’État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat. » Marx, Karl. 1975. Critique du programme de Gotha. Pékin : Éditions en langues étrangères, p. 26. La dictature du prolétariat désigne une « période de transition » au cours de laquelle les membres de la classe ouvrière (la majorité de la société) imposent aux anciennes classes dirigeantes (la minorité) des mesures permettant d’avancer vers le communisme. La « dictature du prolétariat », c’est donc selon Marx la démocratie ouvrière. Pour Lénine et ses successeurs, ce sera bien entendu la dictature autoritaire et hiérarchique du Parti (ou de certains apparatchiks de la nomenklatura) sur le prolétariat !

Commentaire 1 :

Cher M. Perrier,

Votre esprit de synthèse m’épatera toujours ! Quel beau texte qui rend bien hommage à la Commune, aux leçons qu’elle nous offre ainsi qu’à ses potentialités et projets inaccomplis, mais dont elle nous a légué la mémoire et l’espoir.

Je savais bien que le travail de nuit avait été interdit pour les boulangers (question centrale de mon mémoire), mais j’ignorais que c’était aussi le cas pour les femmes ! Auriez-vous une référence ? Elle me serait très utile.

Aussi, ce qui est très intéressant dans l’expérience communarde c’est la grande diversité des positions politiques, tant dans le peuple que chez les élus, et le pluralisme présent à l’Hôtel-de-Ville (peut-être contrairement à 1793 ?). Ce pluralisme n’empêchait pas une base idéologique commune, sur laquelle tous pouvaient se rejoindre et, de là, construire davantage : la « République démocratique et sociale ». Certes, les communard.e.s ne sont pas les anarchistes ou intersectionnel.le.s que nous aimerions bien qu’ils.elles fussent, mais ils.elles démontrèrent une conscience politique très aiguë pour l’époque, entre socialisme utopique et socialisme confronté au pouvoir, comme vous l’écrivez justement, et entre révolution purement politique (jacobine, issue de 1789) et révolution sociale, voire socialiste (de la fin du XIXe siècle). Finalement, il faut noter le rôle des militant.e.s (Léo Frankel, Eugène Varlin, Louise Michel, pour ne citer qu’eux), notamment issu.e.s de l’AIT, qui participèrent à faire d’une révolte d’abord républicaine et plutôt patriotique une vraie expérience ouvrière et populaire. J’ai bien hâte de vous faire lire mon mémoire, question de poursuivre plus en profondeur cette réflexion historienne si passionnante sur la (les) révolution(s).

Dans le cadre de mon mémoire, je cherche à reconstituer une micro-histoire de la Commune à travers le prisme de la boulangerie parisienne. Cette échelle très fine et attentive à la moindre trace, permet une histoire « par le bas », comme le dit l’expression, des mesures de la Commune et de leurs conséquences concrètes (suppression du travail de nuit, municipalisation des bureaux de placement) ; de l’engagement citoyen, individuel (« protagonistes ») et collectif (syndicat, mutualité) en temps de révolution ; puis de la place des espaces publics urbains populaires dans la solidarité et la sociabilité du Paris communard (les boulangeries comme lieux de discussion, de débats, de repère). C’est notamment par les expériences quotidiennes que s’analyse et se juge un événement révolutionnaire, entre théorie et pratique, entre rituel passéiste et spontanéité révolutionnaire.

Étienne Hudon
DEC Histoire & Civilisation au Cégep du vieux Montréal, baccalauréat en Histoire de l’UQÀM
étudiant à la maîtrise, Université de Paris

PS : merci pour la référence sur le travail nocturne des femmes, elle enrichira ma recherche !

NDLR : Université de Paris (anciennement Paris-VII)

Commentaire 2 :

Ce portrait historique de la Commune de Paris démontre à quel point les structures ont tendance à primer dans l’incertitude. Le renversement de la classe populaire, étant parvenue à s’imposer pour le temps que cela a pu durer, expose encore une fois comment les structures ont été érigées de manière à toujours entretenir une distinction de classes. Qu’est-ce qui manquait aux révolutionnaires ? Certes, le pouvoir des structures, surtout l’armée. Si une prise de pouvoir implique de vouloir changer le monde, les idées qui le motivent doivent être solides et exprimer déjà comment les structures seront changées. Il ne s’agit aucunement de croire que les structures en place serviront automatiquement les nouvelles mentalités. Penser de cette manière, c’est s’illusionner. Les structures en place ont été créées en fonction d’idées et de mentalités qui les ont façonnées ainsi, ce qui veut dire que des idées nouvelles doivent imposer des structures nouvelles. Malheureusement, vouloir améliorer les conditions d’existence et proclamer une redistribution équitable de la richesse en conservant le même système équivaut à croire que tous les abus disparaîtront par pure magie. Il semble que Marx pointait vers une distinction entre l’État et la société : l’État c’est le cadre structurant de la société, c’est la continuité de la hiérarchie, c’est le souhait d’un Dieu terrestre qui suppose une transcendance et une omniscience unilatéralement dirigées : la soumission au système et aux structures, peu importe. Il y a les forts et il y a les faibles, disait Aristote, fondateur par défaut de l’État (occidentalisé). Aujourd’hui, on parle de démocratie, de gouvernance plus que de gouvernement. Une illusion de plus. Pourquoi ? Parce que ces notions sont encore ancrées à l’intérieur des mêmes structures d’autrefois. Il y a encore des forts, il y a encore des faibles : mentalité pluriséculaire d’une dialectique impitoyable et incapable d’accepter les nuances, d’acquiescer au fait que le fort peut être faible sur certains aspects et le faible surpasser le fort dans d’autres. L’idée, comme dirait Platon, prend forme dans la réalité ou dans la matérialité de l’existence ; l’idée structure avant que n’apparaisse la véritable structure. En bref, on a bien beau vouloir changer d’idée, mais si on ne tente pas de la structurer dans le monde physique, elle sera confrontée ipso facto à la Structure (la structure qui englobe toutes les structures) déjà en place et donc aux idées qui l’ont générée et qui font force de loi. Dans une société démocratique, la loi représente ce qui est le plus fort. Elle fait foi de pouvoir et est donc contrôlée par des mains appartenant à des individus positionnés dans une structure déterminée. Est structure, ce qui ne bouge pas, ce qui est immuable, ce qui est stable, ce qui est conforme, ce qui est traditionnel, ce qui symbolise l’ordre, ce qui crée la certitude et nous éloigne de l’inconnu, ce qui fait l’affaire, ce qui garantit la perpétuité... Il n’y a aucun mal d’avoir des points de repères. En revanche, des questions doivent se poser : à qui ou à quoi se réfèrent-ils ? pour faire quoi ? dans quel but ? La société est un rassemblement de personnes ayant choisi de vivre sur un territoire donné. Cette population s’accorde sur la manière de vivre et d’échanger. Plusieurs possibilités de structures s’offrent alors, et l’État en est une parmi d’autres. C’est l’Histoire qui constitue pour nous la genèse de l’État, ce recueil pseudo-religieux sur ce Dieu créé par les hommes afin de se glorifier eux-mêmes. Malheureusement, cette glorification a subi l’effet des structures, d’une hiérarchie, parce qu’au départ, comme dans la Bible, il n’y a qu’un Dieu avec des légions d’anges et des soumis mortels. Dieu possède sa structure de domination des âmes avec son armée d’anges, comme Thiers possédait la sienne pour désarmer Paris. L’État est une création réalisée à partir de plusieurs phases d’hommerie, et Dieu a été mal compris, voire même instrumentalisé.

Guylain Bernier

Zone contenant les pièces jointes

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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