Pas vraiment. En fait, il y a de fortes chances qu’elle protège ses revenus des impôts. Selon une récente estimation de l’organisme Canadiens pour une fiscalité équitable (CPFE), le montant d’argent dissimulé dans le top 10 des paradis fiscaux est passé à 199 milliards de dollars en 2014, comparativement à 187 milliards l’an dernier.
La majorité de cet argent « est là pour éviter de payer des taxes à la maison au Canada », selon Dennis Howlett, le directeur exécutif de CPFE.
« Marchez dans une rue aux îles Caïman et vous verrez très peu de preuves des présumés 36 milliards en investissements. Mais vous verrez de petits immeubles avec des centaines de boîtes aux lettres qui sont les bureaux de plus de 18 000 sociétés fictives – la plupart étant des succursales de compagnies qui veulent éviter de payer de l’impôt. Le même scénario se produit au Luxembourg et dans d’autres paradis fiscaux. »
Les compagnies canadiennes renflouent les coffres du Luxembourg ; on estime qu’il y aurait cinq milliards de dollars placés dans les paradis fiscaux l’an dernier, révélait une enquête journalistique baptisée « Luxembourg Leaks ».
Une partie de cet argent pourrait se retrouver en Suisse, qui a vu ses avoirs corporatifs canadiens tripler depuis 2011, à 11 milliards de dollars.
Et ce ne pourrait être que la pointe de l’iceberg. Les chiffres de CPFE se basent sur les chiffres de Statistique Canada sur les positions d’investissements directs à l’étranger, et n’incluent pas l’argent des entreprises détenues à l’étranger par des Canadiens.
Le CPFE estime que 199 milliards de dollars à l’abri de l’impôt auront coûté aux gouvernements quelque 7,8 milliards de dollars en revenus perdus.
L’organisme demande à l’Agence du revenu du Canada de calculer l’écart fiscal – le montant dont se prive le gouvernement en raison de l’évasion fiscale.
Alors que plusieurs pays rendent ces chiffres publics, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, l’Agence du revenu, sous le gouvernement Harper, a été accusée d’obstruction sur cette affaire.