Sous le thème « Être Lean, ensemble », le colloque, qui se tient à compter d’aujourd’hui jusqu’à vendredi, est organisé par la Communauté virtuelle de pratique en amélioration continue, qui rassemble des cadres du réseau. Durant trois jours, les cadres entendront des conférences données notamment par des firmes privées, dont le but est d’en faire des maîtres en gestion Lean, après avoir acquis leurs ceintures blanche, verte, jaune et noire.
Des dépenses fortement questionnables
La présidente de la CSQ soutient que ce colloque est très mal venu et s’interroge sur le bien-fondé de financer, à même les fonds publics, la participation de nombreux cadres à un tel événement pendant que nos personnes âgées dans les CHSLD doivent se contenter d’un seul bain par semaine, faute de budget.
« Le gouvernement fusionne les établissements pour créer des méga structures, impose des compressions de toutes sortes, place le personnel dans une grave situation d’insécurité et d’instabilité et ensuite on réunit les cadres en colloque pour leur enseigner comment exiger encore plus de performance des travailleuses et des travailleurs. Sous le couvert d’une supposée approche scientifique de gestion, on est en train de déshumaniser nos établissements de santé, sans égard pour le personnel et la population qui reçoit les soins et services », dénonce Louise Chabot.
Gestion sournoise du démantèlement du réseau public
Cette dernière soutient que la méthode Lean n’est ni plus ni moins qu’un modèle de gestion et de gouvernance qui permet de gérer habilement et sournoisement le démantèlement du réseau public de santé et de services sociaux.
« Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Couillard, dont son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, est en train de modifier en profondeur notre modèle de santé en changeant les structures et la gouvernance, en réduisant le financement et l’offre de services publics. En même temps, le réseau public recule de plus en plus au profit de l’entreprise privée. C’est dans ce contexte qu’il faut s’alarmer d’un colloque Lean où l’on rassemble un grand nombre des cadres du réseau pour qu’ils se fassent dire par des « spécialistes » du privé comment gérer nos établissements publics », analyse la présidente de la CSQ.
Une course à la performance aux conséquences ignorées
Louise Chabot soutient que plutôt que de soutenir une méthode de gestion qui vise la performance à tout prix sans regard aux conséquences physiques et psychologiques sur le personnel du réseau, le gouvernement et son ministère de la Santé seraient mieux avisés en augmentant les ressources humaines et financières qui manquent grandement.
« Les travailleuses et les travailleurs sont déjà à bout de souffle dans les établissements et plutôt que de chercher des moyens pour réduire la lourdeur de leur tâche, on cherche des astuces de gestion, telle la méthode Lean, pour les inciter à performer encore plus. Il serait temps que le ministre de la Santé comprenne qu’on ne gère pas des établissements de santé comme s’il s’agissait de chaînes de montage en usine. La mission du personnel dans les hôpitaux n’est pas de fabriquer un produit le plus rapidement possible mais de soigner des gens le mieux possible dans les conditions les plus humaines possibles », conclut la présidente de la CSQ, Louise Chabot.