Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Afrique

Carnage au centre du Mali

En 2018, l’ONU a dénombré dans la région de Mopti 500 morts parmi les populations civiles. Les organisations des Nations-Unies en charge de suivre les mouvements de populations ont quant à elles dénombré près de 70.000 déplacés au cours du deuxième semestre de 2018.

Tiré du blogue de l’auteur.

Le 22 mars 2019 au moins 134 personnes dont des femmes et des enfants tous de la communauté peule périront à la suite de l’attaque du village de Ogossagou-peul. Depuis près de 3 ans un violent conflit intercommunautaire oppose les communautés peules de la zone de Mopti aux communautés Bambara, Bozos et Dogons. Stigmatisées, les communautés peules sont accusées d’être des complices passifs ou actifs des groupes armés terroristes opérant dans la zone. S’il est vrai que le leader de ce groupe s’exprime en peul et a un recrutement local, il n’en demeure pas moins que les communautés peules en ont été elles aussi victimes d’actes terroristes.

Les violences entre ces communautés se sont aggravées avec l’implication de milices armées communautaires « d’autodéfense ». D’une part dans les villages peul, les jeunes ont vendu les animaux pour acheter des armes et se défendre, et d’autres part les chasseurs traditionnels et des groupes de jeunes se sont également organisés pour se défendre. Cet course à l’armement est due aux diverses attaques contre les villages et à l’absence de réponses efficace des autorités aux défis sécuritaires.

Dans ce que l’on appelle communément « le pays dogon » qui s’étale sur les cercles de Bankass, Koro, Douentza et Bandiagara plusieurs groupes sont à l’œuvre. Le plus connu et celui qui est régulièrement pointé du doigt est la milice des chasseurs Dogon « Dana Ambassagou » tendance Youssouf Toloba, l’autre tendance restée fidèle à David Timbiné est engagée dans un cessez-le-feu depuis septembre 2018. Concernant le groupe de Toloba, il a su fédérer en son sein des jeunes qui ne sont pas des chasseurs dogons, mais principalement de l’ethnie dogon. Les recrutements s’opèrent par village et bien souvent les notabilités sont mises en difficultés. Cet ancrage au sein des villages en fait un groupe très mobile et qui arrive à opérer sur un territoire immense.

En plus des milices communautaires, les éléments armés terroristes opèrent également dans la zone et alimentent le cycle de représailles. Ainsi depuis début 2019 une quinzaine de villages et hameaux peuls et dogons ont été complètement incendiés et les habitants se sont déplacés pour tenter de se réfugier.

La faible réponses de l’Etat a et le climat d’impunité ont contribué à l’aggravation de la situation dans la Région. En effet à ce jour, peu d’enquêtes ont abouti et les personnes interpellées dans le cadre de ce conflit sont relâchées dans l’indifférence générale. On se rappelle les incidents de Malemana où 20 personnes de la communautés peule seront tuées. Les personnes arrêtées dans ce cadre là des chasseurs bambara s’en sortiront avec du sursis.

Le Plan de sécurisation intégré des régions du centre qui devait contribuer au redéploiement des forces de défense et de sécurité dans ces zones est inefficace pour l’instant dans la mesure où il n’arrive pas à sécuriser les populations.

Le centre du Mali a toujours été perçu dans le cadre de la lutte contre le terrorisme comme une zone test pour le Gouvernement malien, et les forces internationales se gardaient d’y intervenir. Ces derniers temps, la force Barkhane a mené trois opérations à moins de 40 km de Mopti, en plus de cela, les actions du Gouvernement dans le cadre de la résolution de la crise profonde que traverse le centre n’ont pas porté de fruits.

Les alternatives pour le Gouvernement ne sont pas très nombreuses, pour endiguer cette crise il doit en premier lieu réaffirmer sa souveraineté et assurer la sécurité des populations, et la meilleure manière est de mettre un terme aux agissements des milices en les désarmant. Il est impératif également pour la reconstruction de la zone que les auteurs soient arrêtés et jugés. Enfin le fond du problème, c’est-à-dire la gestions des ressources naturelles et le rétablissement du vivre ensemble devrait faire l’objet d’un processus politique inclusif et approfondi.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Afrique

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...