Édition du 19 novembre 2024

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Syndicalisme

BAnQ : Des négociations qui traînent en longueur

De la « loi du silence » au « cri de protestation »

Si jamais vous effectuez, au cours des prochains jours, une visite à la Grande Bibliothèque située sur le boulevard de Maisonneuve à Montréal, vous serez en mesure de constater que les employé.e.s membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs uni.e.s de BAnQ-CSN sont de plus en plus visibles.

Photo /Membres du syndicat Banq

Dans ce lieu de travail qui se caractérise par l’obligation - pas nécessairement absolue – de respecter le silence, les syndiqué.e.s ont décidé d’afficher leurs couleurs. Elles et ils dénoncent, à travers des signets suspendus ici et là dans l’édifice et le port d’un chandail mauve-violet, la lenteur des négociations avec leur employeur dont on est en droit de se demander s’il s’agit réellement de la direction de BAnQ ou du bailleur de fonds principal, à savoir : l’intransigeant gouvernement Legault.

Sans nouveau contrat de travail depuis le 31 mars 2020, les 350 employé.e.se syndiqué.e.s[1] ne demandent pas, sur le plan salarial, la Lune. Un tout petit 6% d’augmentation pour les trois années couvertes par la période allant de mars 2020 à mars 2023 (soit les mêmes paramètres que ceux que le gouvernement Legault a réussi à faire accepter aux organisations syndicales lors de la dernière négociation dans les secteurs public et parapublic) plus une augmentation de 3% (au 1er avril 2022) pour récupérer face à l’inflation et pour continuer à assurer l’attractivité des emplois. Soit au total, 9% (2% en 2020, 2% en 2021 et 2% en 2022 + 3% pour rattrapage salarial et aussi à cause de l’inflation). Est-il nécessaire de mentionner que leur rémunération est inférieure à ce qui est versé pour des postes identiques ailleurs ? Voilà un peu pourquoi certain.e.s employé.e.s préfèrent aller travailler là où c’est plus payant.

L’article 53 du Code du travail (C-27) prévoit que « Les négociations doivent commencer et se poursuivre avec diligence et bonne foi ». On peut se demander où elle est cette « bonne foi » quand jour après jour les membres du Comité de négociation patronal et les représentants du Conseil du trésor font la sourde oreille aux demandes des salarié.e.s syndiqué.e.s en refusant de conclure « avec diligence » une entente de principe.

Qui ne protesterait pas haut et fort devant ces interminables négociations qui ont pour effet d’imposer des choix difficiles à des personnes dont la rémunération ne leur permet pas toujours de combler la totalité de leurs besoins essentiels ? Le travail est pour toutes et tous un facteur de dignité et le travail, dans une société comme la nôtre, ça se paie. Au gouvernement de réaliser le caractère ridicule de son bouclier anti-inflation et d’adopter une véritable politique de pleine indexation des salaires des travailleuses et des travailleurs. En l’absence d’une telle politique, ce sont les personnes privilégiées de notre société qui profitent le plus de la présente situation.


Pour conclure

Si jamais vous effectuez, au cours des prochaines semaines, une visite à la Grande bibliothèque située sur le boulevard de Maisonneuve à Montréal, il se peut que le silence qui est normalement observé dans ce haut lieu de culture soit rompu occasionnellement par un cri de protestation de la part les employé.e.s de soutien en négociation. Un cri de protestation, est-il nécessaire de le rappeler, pleinement justifié dans les présentes circonstances.

Pour en savoir un peu plus sur les revendications du STTU-BANQ et le déroulement de la négociation, je vous invite à consulter le site suivant : https://sttubanq.csn.info/info-nego/. Consulté le 29 janvier 2023.

Cliquez sur le tableau pour mieux lire

Yvan Perrier

29 janvier 2023

9h45

yvan_perrier@gmail.com

[1] Le STTU BAnQ regroupe environ 350 membres qui occupent en majorité les postes d’emploi suivants : commis de bibliothèque, agent.e.s de bureau et technicien.ne.s en documentation. Le syndicat regroupe également des technicien.ne.s en administration, en informatique, en mécanique du bâtiment, en muséologie, à la numérisation, etc. ainsi qu’un ouvrier certifié et des manutentionnaires.

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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