Rappelons qu’Arianne Phosphate prévoit l’exploitation de quelques 3 millions de tonnes de concentré phosphaté par année dans le secteur du Lac à Paul, au Saguenay Lac-St-Jean, et son transport sur quelques 240 km de routes forestières.
Ne pas scinder les projets miniers en morceaux
La Coalition est aussi inquiète du précédent créé par la scission du projet, qui a permis à Arianne Phosphate d’éviter d’assujettir au BAPE l’analyse des impacts de la construction et l’opération d’un terminal maritime, de même que les opérations de transbordement et de transport du concentré par bateau dans le fjord du Saguenay.
« Le promoteur semble avoir tronqué le projet en vue d’en faciliter l’acceptation, notamment car le site retenu pour le terminal est situé en amont du parc marin du Saguenay, un milieu hautement valorisé pour les bélugas et pour les activités récréotouristiques. Nous recommandons de revoir les lois du Québec afin d’interdire aux compagnies minières de scinder leurs projets en morceaux » affirme Dominique Bernier, coordonnatrice de la Coalition, présente hier soir lors des audiences au Saguenay.
Revoir le tracé routier pour le transport minier
La Coalition questionne également le choix du tracé routier retenu, qui ne semble pas rencontrer l’acceptabilité sociale en plus de mettre en péril la sécurité routière, le développement récréotouristique local, la qualité de vie des résidents du secteur, de même que certains habitats à haute valeur écologique.
« Nous recommandons, à ce titre, une révision en profondeur des différentes options de tracés routiers soumis par le promoteur, en portant une attention particulière aux tracés alternatifs proposé par la Ville de Forestville et plusieurs autres intervenants lors des audiences », affirme Ugo Lapointe, coordonnateur du programme canadien de Mining Watch Canada et l’un des porte-paroles de la Coalition.
Air, eau et droits autochtones
La Coalition se préoccupent également des impacts du projet sur la qualité de l’air, tant sur le site minier que le long du tracé routier ; aux impacts sur l’eau, notamment en raison de la quantité phénoménale d’eau prélevée, de la nature du produit extrait et de sa présence dans l’effluent final ; de même qu’au respect des droits et des intérêts des Premières nations et des populations directement affectés par le projet.
« Chaque jour, un volume d’eau équivalent à dix piscines olympiques sera prélevé dans le Lac à Paul. On peut s’attendre à un impact certain. De plus, au long du projet, ce sont plus de 20 tonnes de phosphore, connu pour causer la dégradation des cours d’eau, qui sera rejeté dans l’environnement », s’inquiète Dominique Bernier.
Viabilité économique remise en doute
La Coalition remet également en cause la viabilité économique du projet et souligne l’importance d’analyser en profondeur cet aspect et d’obtenir des garanties financières permettant couvrir réellement les frais de restauration et de suivi du site minier sur le long terme.
« Trop souvent, la rentabilité des projets est surestimée. Cela entraîne un grand nombre de problèmes allant du non respect des engagement en matière de protection de l’environnement, à la fermeture anticipée de mines devant être restaurées aux frais des contribuables, en passant par l’injection massive de fonds publics pour maintenir à flot des projets non rentables. Nous recommandons au BAPE et au gouvernement de recourir à une expertise externe et indépendante afin d’analyser les risques financiers du projet, et d’effectuer une analyse « coûts-bénéfices » à long terme du projet pour la société québécoise », insiste Ugo Lapointe.
Revoir les normes qui encadrent les grandes mines à ciel ouvert
Pour la Coalition, les audiences publiques offrent l’occasion de réitérer l’importance de revoir les normes actuelles, qui ne sont pas adaptées à la réalité des impacts générés par les mégamines à ciel ouvert à proximité de milieux sensibles. « La multiplication de ce type de projets à l’échelle du territoire québécois et les conséquences environnementales et sociales majeures que cela entraîne justifient, à notre avis, une action en profondeur de la part du gouvernement », de conclure Dominique Bernier, coordonnatrice de la Coalition.