Barack Obama est un mauvais président pour Israël. Si l’aide militaire qu’il a approuvée pour la décennie à venir est la plus importante jamais attribuée, alors comme président il est, pour Israël, le pire jamais connu. La dernière chose dont Israël a besoin c’est de plus d’armes qui le pousseront à plus d’actes de violence. Mais Obama est le président d’un pays où chaque maison a un petit tronc métallique – comme les boîtes bleu et blanc du Fonds National Juif que nous avons ici – dans lequel chaque citoyen U.S. doit mettre quelques pièces à titre d’assistance et de bienfaisance pour le pauvre Israël dans le besoin, faible comme une frêle feuille.
Trois cents dollars (269 €) pour chaque contribuable américain pour les 10 prochaines années. Non pas pour les besoins sociaux considérables en Amérique, non pas pour aider des pays véritablement dans le besoin – imaginez ce que 38 milliards de dollars (34 milliards d’euros) représenteraient pour l’Afrique – mais pour fournir des armes à une armée qui est l’une des plus puissantes au monde, l’une de celles dont les principaux ennemis sont des filles brandissant des ciseaux ; pour financer une armée qui ne combat aucune autre vraie armée en ce moment ; l’armée d’un pays tellement récalcitrant que peu d’autres peuvent l’égaler, lui qui défie systématiquement les États Unis et la communauté internationale. Et le pire de tout est que ce pays recevra un autre cadeau sans avoir à donner quoi que ce soit en retour. L’argent ne va aller qu’à l’armement, ce qui va pousser ce pays à mener plus d’agressions. C’est l’accord qui a été acté, sans débat sérieux ni en Israël ni aux États Unis.
En Amérique seules quelques personnes demandent pourquoi. Pourquoi faire ? Qu’y aura-t-il en échange ? Et même pas à quel intérêt américain sert l’énorme dépense du contribuable américain. Mais laissons l’Amérique aux Américains. Le seul point en discussion en Israël est de savoir si les Américains peuvent être pressurés pour avoir plus. C’et bien que la somme ait été plafonnée à 38 milliards. La députée à la Knesset Shelly Yacimovich (de l’Union Sioniste) a dit que le Premier Ministre avait déjà dit aux agents de la sécurité qu’ils peuvent « y aller ». Plus d’aide ouvrirait la voie à plus de sauvagerie. Une partie de l’argent ira au système de défense mais une autre partie servira à maintenir l’occupation et en particulier à financer des actions violentes et voyantes, à Gaza et au Liban et des exercices d’entraînement inutiles et mégalos contre des dangers imaginaires.
« Le porte-avion américain en Méditerranée » tel que des Américains (Alexander Haig) et des Israéliens (Moshe Ya’alon) aiment à décrire Israël, continuera à lâcher des bombes et des obus à grande distance, parfois sans aucune restriction, au nom des contribuables américains et de leur argent. Est-ce que c’est ce que veut Obama ? C’est le résultat de sa politique. Cette aide généreuse, dont aucun pays sur terre ne reçoit l’équivalent, rend la propagande américaine d’autant plus ridicule qu’Israël continue à défier Washington. Protestation américaine, fureur au Département d’État, colère à la Maison Blanche – des plaisanteries.
Si c’est le porte-avions américain, alors les colonies, la violation du droit international, les crimes, les raids et les guerres que l’Amérique est si prompte à critiquer, sont perpétrés sur son propre porte-avions. Chaque balcon supplémentaire construit dans une colonie est « Made in USA ». Chaque assassinat de femmes et d’enfants à Gaza est « né aux États Unis ». Obama est le parrain de l’occupation et au diable l’hypocrisie et l’autosatisfaction.
Les Israéliens ne devraient pas être reconnaissants envers la générosité américaine : elle gâche leur pays. Pour quoi Israël a-t-il besoin de plus d’armement ? Pourquoi a-t-il besoin de faire la guerre aux Gazaouis qui vont pieds nus et aux jeunes hommes de Cisjordanie ?
Un homme d’État israélien courageux et honnête aurait dit depuis longtemps : non merci. Cet argent n’est pas bon pour nous. Même sans ça, l’armée israélienne est trop importante pour ses besoins. Mais le rituel se poursuit. L’Amérique paie et Israël occupe et bombarde, comme s’il n’y avait pas d’autre moyen. C’est la victoire à la Pyrrhus d’Israël. C’est aussi la victoire personnelle du Premier Ministre Benjamin Netanyahou : toutes les accusations de liens détruits avec les États Unis sont absolument sans fondement. Les relations n’ont jamais été meilleures – regardez seulement les chiffres.
Rien n’a été détruit dans la relation et c’est une honte. Avec ce genre d’amis, on n’a pratiquement pas besoin d’ennemis. Israël peut continuer à faire ses affaires, il a un chèque en blanc et l’Amérique paie, sans conditions, pour au moins dix années de plus. Y a-t-il pire nouvelle pour Israël ?
Gidéon Levy, 18 septembre 2016
Traduction : SF pour l’Agence Media Palestine