Édition du 19 novembre 2024

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Politique d’austérité

Austérité-Québec

Pourquoi exige-t-on toujours plus de la part des assistés sociaux, quand on sait que le nombre d’emplois prévus atteint une chute vertigineuse. Et pourquoi seriner toujours le même refrain, arguant qu’il faut diminuer le nombre de jeunes sur l’aide sociale ? Pourtant, ceux-ci ne forment qu’une catégorie de prestataires. Il faut y ajouter entre autres, les 50 ans et plus, les familles monoparentales, les travailleurs dont le revenu est inférieur au montant de l’aide, les diplômés en quête d’un emploi, ceux ayant une contrainte sévère à l’emploi...

L’auteur est membre de l’Association pour la défense des droits sociaux du Québec métropolitain, Québec.

Dès qu’un nouveau gouvernement prend le pouvoir, l’assisté social se fait petit. En poursuivant dans le sens de la réforme Maltais, le ministre Blais ne fait que percer des trous dans une passoire. Bien conscient d’abuser de la classe moyenne en les surchargeant de taxes et d’impôts, il a compris lui aussi que toucher à l’aide sociale est une stratégie gagnante. Pendant ce temps, le riche s’enrichit, et le gouvernement a carte blanche pour imposer ses mesures. L’accusé social devient la tête de Turc sur laquelle on assène les coups : austérité, déficit, appauvrissement de la classe moyenne. 

Propagande, médisance, les accusations envers le prestataire d’Austérité-Québec ne tarissent pas. C’est le paresseux, le voleur-tricheur-fraudeur, et j’en passe. Dommage que la sous-information ait la couenne aussi dure, car l’assisté social a un visage. C’est la mère au foyer. Le bénévole qui oeuvre au vestiaire de la paroisse. La mère qui amène son enfant au parc.

La personne qui frappe aux portes avec son CV. Le malade qui tente de cacher son trouble de santé mentale. C’est un citoyen de bonne foi qui, lui aussi, a besoin d’un toit, de nourriture, de sa dignité. Mais rien ne lui est permis. Ni loyer décent, ni épicerie, ni valorisation, ni avenir. Une vie brisée, quoi. Mais, pourquoi resserrer l’étau autour de celui qui vit une situation aussi précaire ?

Avec ses réformes, le ministre fera sourciller les défenseurs des droits et libertés. M. Blais ne fait qu’empirer une situation déjà trop pénible. Tout en faisant croire qu’il rétablit ainsi la justice fiscale, il aggrave le cas de celui qu’on surnomme le B.S. Revenu de chambre et pension, séjour dans un centre offrant des services en toxicomanie avec hébergement, revenus de travail permis et fausse déclaration (s’il en est qui ne peuvent se permettre une telle cachoterie...), séjour hors du Québec, etc., Coupes ! À tout moment passible de se faire couper l’aide, le tissu le plus faible de notre société risque de s’effriter comme une banquise. On ne s’étonnera donc pas que le nombre d’alcooliques et de toxicomanes augmente, celui des sans-abris également. Toutes ces mesures sont une incitation à la fraude. Alors oui, l’assisté social se fera fraudeur, tricheur, voleur. Il n’aura pas le choix, et la classe moyenne aura eu raison de lui. 

Carole Towner

Membre de l’Association pour la défense des droits sociaux du Québec métropolitain, Québec.

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