Depuis l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement conservateur, nos tentatives d’engager avec lui ont toujours été conditionnées par la primauté de ses principes. Pourtant, nous serons au rendez-vous, encore une fois, dans l’espoir que cette grande rencontre marquera le début d’une ère nouvelle dans nos relations avec l’État canadien.
Pendant ce temps, la communauté d’Attawapiskat attendra le verdict de ce même gouvernement qui a répondu à la crise en imposant la tutelle à la communauté, alors qu’elle aurait, de toute évidence, besoin d’un gouvernement avec un peu plus de compassion. Hélas, c’est une valeur que n’épouse pas ce dernier.
On aura vite oublié que Stephen Harper est le premier ministre qui a nié l’existence du colonialisme dans l’histoire de son Canada devant le monde et ses homologues du G20, en octobre 2009. C’est le même gouvernement qui est resté muet sur le dernier rapport de la vérificatrice générale, le printemps dernier, lequel réitérait encore une fois l’échec des politiques fédérales dans les questions touchant nos communautés. C’est ce même gouvernement qui, en 2008, a présenté des excuses à ces milliers d’étudiants des pensionnats indiens, réalité d’une période sombre dans l’histoire canadienne où l’intention, maintenant avouée, était de tuer l’Indien chez l’enfant.
Il y a presque 20 ans maintenant, le monde entier était horrifié par ces reportages montrant de jeunes adolescents de Natuashish (Davis Inlet) inhalant des vapeurs d’essence et clamant leur désir d’en finir avec la vie. Cette fois-ci, les horreurs semblent avoir fait place à une indifférence généralisée, reflétant une ignorance collective qui, disons-le, frise parfois le racisme.
Dans le retour à la normale, qui caractérise trop souvent les situations que nous jugeons pourtant inacceptables, nous sommes un peu fautifs comme leaders. Nous donnons la chance à un coureur qui risque de ne jamais arriver à destination. Et nous finissons nous-mêmes par normaliser des crises comme celle que traverse Attawapiskat. Je veux croire que nous en avons fini avec les processus qui nous ramènent trop souvent au point de départ, parce que nous réalisons que nos « partenaires » gouvernementaux qui prêchent la bonne foi finissent toujours par arriver à destination avant que nous ayons pu comprendre ce qui se passe au juste.
Il serait peut-être temps que nous fassions en sorte que la poussière créée par les indignés d’Attawapiskat reste dans l’air assez longtemps pour que les changements nécessaires deviennent des engagements réels. Il serait peut-être temps que nous mettions sur la table nos conditions gagnantes pour renouveler la relation avec l’État ou il serait peut-être temps que nous occupions le parlement !
Au fait, le gouvernement fédéral cumule un déficit de plus de 500 milliards de dollars. Qu’attendons-nous pour le mettre sous tutelle ? Heureusement, l’absurdité, tout comme le ridicule, ne tue pas.
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, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador