Les Boliviens avaient la quasi-certitude de la réélection du président et l’opposition espérait, elle, ne pas s’effondrer. Ainsi, selon les sondages, l’homme d’affaires Samuel Doria Medina (Unité démocrate) a atteint entre 24% et 25,3%, soit presque 10 points de plus que les derniers sondages sur les élections présidentielles lui donnaient. L’ancien président Tuto Quiroga a recueilli 9% des voix. Les deux autres candidats, l’ancien maire de La Paz, Juan del Granado et l’environnementaliste Fernando Vargas, ont obtenu 3% des voix chacun.
À la publication des premiers résultats, le président est allé sur le balcon du palais présidentiel, sur la Plaza de Murillo, pour remercier ses partisans pour son nouveau triomphe électoral. Parmi les slogans anti-capitalistes, Morales a exhorté l’opposition à « travailler solidairement » pour la Bolivie. "Je ne mènerai pas une politique de confrontation", at-il insisté.
C’est la première fois que Morales remporte le département de Santa Cruz, bastion de l’opposition
Morales a également obtenu, pour la première fois, la victoire dans le département de Santa Cruz, le moteur économique du pays, le bastion de l’opposition et un des foyers de grande tension durant son premier mandat, en proclamant en 2008 sa volonté d’autonomie face au pays. Malgré son discours de gauche et anti-capitaliste, Morales a suivi une logique libérale avec les employeurs et a approuvé la feuille de route que ces derniers avaient défendu l’an dernier. Son avancée dans l’est du pays, dépendra de la réalisation ou de la non-réalisation de ces promesses.
La propagande de l’Etat et les indices de la popularité de Morales ont favorisé une campagne tranquille et sans débats. Le président ne voulait pas avoir un face à face avec les autres candidats. L’entrepreneur et magnat du ciment, Doria Medina, l’un des hommes les plus riches du pays, affrontait pour la troisième fois Morales. Promettant le maintien de l’État plurinational créé par le président, il s’est présenté comme un homme d’affaires expérimenté. La performance de Doria Medina a été diminué par l’arrivée de Tuto Quiroga (Parti démocrate-chrétien). Résident des États-Unis, il est le seul candidat, partisan d’une rupture avec la voie suivie actuellement par le pays. Enfin, il a réussi à rassembler ce qu’il a appelé la semaine dernière le « vote utile ».
Deux autres adversaires progressistes suivaient loin derrière. L’ex-maire de La Paz, Juan Del Granado (du Mouvement des sans peur – Movimiento Sin miedo) se présentait comme ayant exercé une bonne gestion comme maire de la capitale entre 1999 et 2010. Son slogan électoral affirmait : "Ni le passé néolibéral ni la stagnation actuelle". Le candidat Fernando Vargas du Parti Vert de Bolivie et l’un des leaders des marches indigènes qui ont partiellement arrêté la construction d’une route dans le Territorio Indigena Parque Nacional Isiboro Secure (TIPNIS), l’une des épisodes les plus critiques et difficiles du deuxième mandat de Morales, était l’autre candidat progressiste. Sa candidature a été considérée, dans une certaine mesure, comme celle des communautés autochtones en désaccord avec la politique gouvernementale.
S’il y a une date marquée au fer rouge en Amérique latine, ce sera sûrement le 12 octobre. En Bolivie, l’arrivée d’Evo Morales au pouvoir en 2005 a non seulement permis l’intégration progressive dans la société du secteur le plus discriminée, les indigènes, grâce à l’essor économique impulsé par les prix élevés des matières premières et des hydrocarbures. Depuis qu’il est au pouvoir au Palacio Quemado, Morales s’est fixé un objectif de rompre avec tout vestige du colonialisme, qu’il soit pratique ou symbolique.Ce n’est pas un hasard si la date choisie par le président pour convoquer une élection qui a mis l ’emphase sur une décennie de croissance et de stabilité politique.