C’est ce qui ressort, entre autres, du mémoire présenté aujourd’hui, conjointement par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) en commission parlementaire, sur le projet de loi no 143, à l’Assemblée nationale.
Des mesures inefficaces
Bien qu’elles saluent l’initiative, elles estiment que le projet de loi ne répond malheureusement pas aux problèmes et ne permet pas d’atteindre les objectifs prévus à la Politique de la réussite éducative du gouvernement : « Il ne corrige pas, non plus, les effets néfastes des compressions budgétaires qui ont diminué grandement la capacité du réseau à répondre aux besoins des petits de 0 à 5 ans du Québec. Ce que nous déplorons surtout, c’est que ce projet de loi ne freine pas le développement de garderies privées non subventionnées, alors que pour assurer la qualité, un moratoire est nécessaire », dénonce Sonia Éthier, vice-présidente de la CSQ.
La présidente de la FIPEQ-CSQ, Valérie Grenon, abonde dans le même sens : « En permettant à des garderies privées qui auront cinq enfants ou plus d’être reconnues comme responsables de services de garde, le gouvernement encourage le développement de ces dernières. »
Or, pour les leaders syndicales, il est clair que les services éducatifs à la petite enfance devraient être publics, à contribution unique, réduite et universelle. Elles réclament également l’abolition du crédit d’impôt pour frais de garde. Les sommes ainsi économisées devraient être utilisées pour créer un nombre de places suffisant dans le réseau public, tant en milieu familial qu’en CPE, afin d’accueillir tous les enfants présentement en garderies privées non subventionnées.
Miser sur l’expertise du personnel
Par ailleurs, la CSQ et la FIPEQ-CSQ ne contestent pas la nécessité d’un processus d’évaluation et d’amélioration de la qualité de vie dans les services de garde, mais souhaitent rappeler au ministre qu’il existe déjà des moyens d’évaluer cette qualité : « Le ministre doit s’appuyer sur l’expertise développée par les personnels des réseaux publics pour l’élaboration des outils d’évaluation », soutient Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.
Le guichet unique trop contraignant
D’autre part, en ce qui a trait au guichet unique d’accès, la présidente de la FIPEQ-CSQ rappelle que les responsables de services de garde sont des travailleuses autonomes, ce que confirme leur entente collective, particulièrement dans le recrutement et la sélection des enfants : « L’obligation de guichet unique risque d’être une contrainte pour les parents qui souhaitent, par exemple, tisser un lien privilégié avec une responsable. C’est pourquoi nous demandons le retrait de l’obligation d’utiliser exclusivement la liste du guichet unique », ajoute la présidente de la FIPEQ-CSQ.
Un projet de loi à revoir
En terminant, la CSQ et la FIPEQ-CSQ souhaitent que le projet de loi soit revu, puisqu’il accentue la bureaucratisation des services de garde et le caractère punitif de la loi.
« Ce que nous souhaitons, c’est que le nouveau ministre de la Famille mette fin à la dérive vers le privé et mise sur l’accessibilité, l’universalité et la qualité de notre réseau éducatif public à la petite enfance », conclut Sonia Éthier.
Rappelons que la CSQ est un des trente organismes québécois à avoir signé la Déclaration pour la reconnaissance du droit de tous les enfants à des services éducatifs de qualité dès la naissance dans le cadre du Sommet sur l’éducation à la petite enfance, initiative de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE).
Pour consulter le mémoire de la CSQ, cliquez ici.
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