Tiré du site de l’IRIS.
Du côté albertain, on allègue de l’importance à ce projet pour l’économie et l’emploi ; tandis que du côté britanno-colombien on invoque le droit de la province de refuser un projet qui ne lui apportera que des miettes, tout en lui faisant courir d’importants risques de déversements.
Dans ce débat, le premier ministre canadien a choisi son camp. Voici ce qu’il avait à dire :
C’est dans l’intérêt de tous les Canadiens qu’on ait de nouveaux marchés pour nos produits pétroliers. On est prisonniers du marché américain et, à cause de ça, on fait bien moins d’argent pour nos ressources que l’on devrait. C’est un moteur économique important pas seulement pour l’ouest du pays, mais pour tout le pays. - Justin Trudeau
Paradoxalement, M. Trudeau y est allé de cette défense sans nuance de l’industrie pétrolière, comme porte-étendard des intérêts fondamentaux canadiens, durant la conférence de presse d’un projet qui, entre autres choses, participera à convertir 5300 automobilistes aux transports collectifs et à réduire de 25 tonnes la production de gaz à effet de serre.
D’une main, on annonce en grande pompe le développement du métro, pendant que de l’autre on soutient l’inévitable importance stratégique de poursuivre le développement pétrolier. Pour la cohérence globale, on aura connu mieux.
Bien entendu, le premier ministre est sous pression d’un lobby puissant. Seulement en exportation pour 2017, le pétrole brut et le pétrole issu des sables bitumineux ont atteint une valeur de 63,7 G$, représentant soit 11,6 % de l’ensemble des exportations canadiennes. Il a raison alors, dans une certaine mesure : le pétrole, tout comme l’exportation de produits minéraux, est central dans la structure actuelle de l’économie canadienne.
Et justement, le problème est là. On peut tout à fait reconnaître la place du pétrole pour l’économie. Mais, au lieu d’en célébrer l’importance, M. Trudeau pourrait, au contraire, profiter de l’occasion que lui offre le gouvernement britanno-colombien en adoptant un discours selon lequel il n’y a pas d’avenir dans le pétrole, sinon qu’une fuite en avant, dont les effets néfastes se font déjà sentir.
Il ne faut donc pas chercher de nouveaux débouchés pour le pétrole canadien, mais au contraire travailler à limiter la place de cette industrie dans l’économie pour qu’un jour, pas si lointain on l’espère, il ne soit plus possible qu’un premier ministre se sente obligé de se porter à sa défense.
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