Édition du 28 mai 2024

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Syndicalisme

"On ne profite pas de l'inflation, nous !"

Le 1er mai dernier, des milliers de personnes ont marché dans les rues de la province à l’occasion de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs pour dénoncer la pression de l’inflation sur leur quotidien.

Tiré du Monde ouvrier.

Sous le thème On ne profite pas de l’inflation, nous !, les manifestants et les manifestantes ont voulu exposer l’impact de l’importance de l’augmentation du coût de la vie sur une grande partie de la population. En effet, de plus en plus de travailleurs et de travailleuses se retrouvent dans une situation financière précaire et un nombre grandissant d’entre eux ont maintenant recours aux banques alimentaires pour se nourrir. Pour d’autres, c’est de devoir choisir entre leur médicament et le paiement de leur loyer. Comment se fait-il qu’on en soit rendu là dans une société riche comme le Québec.

Portrait de la situation

L’inflation de 2022 (6,7%) est la pire enregistrée en 40 ans. L’augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC), qui mesure l’inflation, oscillait généralement autour de 1% à 2% au cours de deux dernières décennies. Les causes de cette période d’inflation sont multiples : les problèmes des chaines d’approvisionnement, les répercussions de la guerre en Ukraine déclenchée en février 2022, ainsi que les profits démesurés des entreprises. Certains estiment même que l’accélération des changements climatiques jouerait un rôle dans la hausse des prix. Même si l’inflation augmente moins rapidement au cours des prochains mois, les prix resteront beaucoup plus élevés qu’il y a quelques années.

Les salaires

Comme les salaires ont progressé moins vite que la hausse de l’inflation, les travailleurs et les travailleuses se sont généralement appauvris au cours des dernières années. Contrairement à ce qu’affirment certains économistes ou commentateurs de droite, les salaires trop élevés ne sont pas une cause de l’inflation, mais plutôt une conséquence. Les demandes salariales plus élevées des travailleurs et des travailleuses sont plus que légitimes et visent essentiellement à freiner la baisse de leur pouvoir d’achat. Ceux et celles qui ont un revenu moins important souffrent généralement davantage de la hausse des prix, car ils peuvent difficilement réduire certains postes budgétaires, comme l’épargne ou les loisirs, pour compenser la hausse des prix.

L’habitation

Avec la hausse du taux directeur, les propriétaires d’un domicile qui ont une hypothèque à taux variable ou qui doivent la renouveler ont vu leurs paiements augmenter de manière considérable. Quant aux ménages locataires, se loger devient de plus en plus cher. En 2022, le prix d’un loyer de deux chambres dans la grande région de Montréal était de 1 022$ en augmentation de presque 10% par rapport à l’année précédente. On peut s’attendre à une hausse similaire en 2023. À ce rythme, qui aura encore les moyens de se loger convenablement ?

L’alimentation

En une seule année, le prix de l’ensemble des aliments a augmenté de 9,2% ; celui des produits de boulangerie a augmenté de 11,7% ; les légumes frais de 7,7% ; la viande de 8,3% ; ainsi que de 7,9% pour les produits laitiers et œufs. Se nourrir convenablement devient donc de plus en plus difficile, particulièrement pour les personnes à faible revenu. En témoigne l’augmentation fulgurante de 33% du nombre de personnes qui ont eu recours au réseau des banques alimentaires du Québec entre 2019 et 2022. Avoir faim dans une société aussi riche que le Québec est tout simplement indécent.

Source  : Calculs FTQ à partir de Statistique Canada, Indice des prix à la consommation, moyenne annuelle, non désaisonnalisé, Tableau 18-10-0005-01 ; Les Banques alimentaires du Québec, Bilan-faim 2022.

Le taux directeur

La Banque du Canada a le mandat de limiter l’inflation d’une fourchette allant de 1% à 3% afin de stabiliser les prix. Lorsque l’inflation est trop élevée, comme à l’heure actuelle, elle peut ajuster son taux directeur (voir graphique ci-après). Ce faisant, on souhaite faire augmenter les coûts d’emprunt et décourager les dépenses et ainsi contribuer à une diminution de l’inflation. Depuis le début de l’année 2022, la Banque du Canada a adopté une stratégie agressive pour relever le taux directeur, et ce, sans égard aux impacts sur la population et l’emploi. Cette politique monétaire est mal adaptée au contexte actuel où les principales sources de l’inflation n’ont rien à voir avec une trop forte demande. La FTQ rejette cette politique de taux d’intérêt élevés de la Banque du Canada et estime que son mandat doit être revu.

Il existe pourtant des solutions pour combattre l’inflation

Les gouvernements ne sont pas impuissants face à l’inflation. Ils ont à leur disposition plusieurs outils qui permettraient de s’attaquer aux véritables causes de l’inflation et de soutenir les Québécois et les Québécoises. Voici quelques mesures qui pourraient être mises en place.

▼ Bonifier l’aide financière aux personnes les plus vulnérables, par exemple par l’entremise du crédit d’impôt pour la solidarité ou des programmes d’aide sociale ;

▼ Hausser le salaire minimum à 18 $ l’heure ;

▼ Mieux contrôler les coûts du logement, notamment en instaurant un registre des baux ou un contrôle obligatoire du prix des loyers ;

▼ Augmenter les investissements en matière de logement social ;

▼ Geler temporairement les tarifs contrôlés par le gouvernement (éducation, électricité, services de garde, transport en commun, etc.)

▼ Mettre sur pied un impôt sur les profits excessifs ;

▼ Instaurer d’autres mesures de contrôle des prix.

Qu’est-ce qu’on attend  ?

Le Monde ouvrier

Journal de la FTQ

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