Samedi 4 novembre, Naomi Klein est venue présenter son livre (lire ci-dessous) lors d’une discussion publique, co-organisée par Mediapart et Attac, et en partenariat avec Basta. En voici ci-dessous la vidéo :
En partant de la double invitation de Naomi Klein à désaméricaniser le problème Trump et penser les alternatives à son monde, nous avons invité cinq actrices et acteurs de luttes sociales et écologiques à échanger avec elle. Quels enseignements tirer en France de ce qu’elle nous apprend des États-Unis ?
Avec Clara Gonzales, militante féministe et co-initiatrice du numéro « anti relous », elle parle de l’importance de la lutte des femmes contre les violences sexuelles.
Avec Nicolas Haeringer, chargé de campagne de 350.org, réseau militant pour le désinvestissement des énergies fossiles, elle explique que le manque d’ambition climatique des gouvernements occidentaux, et notamment français, est aussi grave que le climatoscepticisme de Donald Trump.
Avec Verveine Angeli, militante à l’union syndicale Solidaires, elle défend l’importance des luttes dans le monde du travail pour faire le lien entre questions sociales et écologiques
Avec Maxime Combes, économiste et militant à Attac, elle insiste sur l’importance de relocaliser les activités économiques contre les projets de libre-échange commercial
Avec Sihame Assbague, journaliste et militante antiraciste, elle appelle les mouvements politiques blancs à prendre beaucoup plus en considération l’importance de la question des violences policières contre les personnes racisées.
Vous pouvez retrouver ici l’intégralité de cette séquence d’échanges ci-dessous :
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L’homme-marque, le prédateur en chef, l’égo ivre de lui-même, celui qui court-circuite la démocratie : dans son nouveau livre, Dire non ne suffit plus, la journaliste et militante canadienne Naomi Klein se livre à un exercice de journalisme chirurgical. Elle analyse le phénomène politique Trump comme on pèle un oignon : en ôtant une peau après l’autre et en se frottant les yeux. Son rapport au pouvoir, à l’argent, à l’image, aux femmes, au reste de la planète. C’est l’occasion d’un portrait, glaçant, d’un dominateur évoluant dans un show permanent.
C’est aussi pour l’auteure la poursuite d’un précédent ouvrage, la Stratégie du choc. En 2008, elle expliquait que partout dans le monde, des chocs sociaux et économiques (coup d’État, tsunami, ouragan, effondrement économique) sont utilisés par des dirigeants pour imposer un programme de réformes néolibérales extrêmes, renforçant leur pouvoir et leur richesse au détriment des populations. Aujourd’hui, face à l’élection du milliardaire Trump à la tête du pays le plus puissant du monde, elle écrit :
« La logique de la stratégie du choc est totalement en phase avec la vision du monde du président Trump qui conçoit résolument la vie comme un exercice de domination. C’est même son obsession : il piste les gagnants. Dans les négociations dont il est si fier, il se pose toujours les mêmes questions : quel est le maximum que je puisse retirer de cet accord ? Comment exploiter les faiblesses de mon adversaire. »
Dire non ne suffit plus reprend ainsi des thèmes travaillés par Naomi Klein depuis une dizaine d’années, dans ses livres et articles et les synthétise. Son principal apport est d’expliquer que l’accession de Donald Trump à la présidence américaine n’est pas un accident de l’histoire. Elle marque au contraire l’aboutissement de processus politiques qui le dépasse et se développe dans le reste du monde : l’avènement d’un capitalisme sauvage qui place le profit personnel au-dessus de tout, le repli nationaliste et xénophobe qui criminalise et tue les migrant.e.s, la négation farouche de la responsabilité humaine dans les dérèglements climatiques et la mise en danger de l’écosystème.
Autrement dit, la personne Trump n’est que la forme la plus identifiée et la plus visible d’un problème plus vaste : celui d’un rapport dominateur et prédateur au monde. Il existe bien d’autres Trump dans vos sociétés, prévient-elle, et y compris en vous-même.
Face à ces phénomènes écrasants, il ne suffit pas de s’opposer. Il devient indispensable d’affirmer et de défendre des alternatives démocratiques, solidaires, écologiques et sociales, conclut-elle.
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