Tiré du blogue de l’auteur.
Storm Alliance était le groupe organisateur de départ, comme c’est souvent le cas lors des rassemblements à la frontière. Rappelons qu’il s’agit d’une formation extrémiste née d’une scission au sein des Soldiers of Odin, qui compte principalement des néonazis. D’autres groupes se sont greffés à eux, dont la milice III%, armés, vêtus d’uniformes militaires et toujours prêts à se battre.
Dans le stationnement d’un IGA où ils s’étaient donné un premier rendez-vous, des gens du III% ont d’ailleurs tabassé deux personnes dont une jeune femme, s’en vantant eux-mêmes par la suite sur leurs tribunes : « Je lui ai fait manger un peu de gravelle » :
Les III% est une milice de plus en plus active dans les manifs, autant dans celles à Québec qu’à Montréal. On les voit ici se préparer à Lacolle, avec Robert Proulx (alias Proule) qui joue les leaders en pointant l’horizon du doigt :
Déroulement de la journée
Du côté antiraciste, les départs se faisaient vers 9h30 en partance de Montréal. Des ateliers et activités festives de toutes sortes avaient lieu à Roxham Road, tandis que d’autres autobus allaient à Lacolle où allaient se regrouper des groupes néofascistes. On peut voir ici des militants pro-réfugiés s’installer devant l’hôtel Saint-Bernard :
Les pro-réfugiés étaient donc sur les lieux deux heures avant l’arrivée des groupes anti-immigration. Quand on a appris que l’extrême-droite avait décidé d’emprunter l’autoroute 15 pour contourner les bannières et aller tout près des camps de migrants, des antiracistes ont essayé de changer de voie pour ne pas laisser passer les racistes. C’est lors de cette manœuvre que Jaggi Singh fut arrêté.
Pendant ce temps, la Storm Alliance et ses alliés ont dû attendre un bon moment, sur le côté de la route. Une observatrice d’Horizon Québec Actuel (autre groupe néofasciste) a décrit ainsi la situation :
« On est présentement stationnés sur la bordure de l’autoroute, parce qu’on a des antifas qui nous bloquent le chemin. Donc la police s’organise pour évacuer ce blocus-là, pour qu’on puisse accéder au poste frontalier de Lacolle ».
C’est alors avec plus d’une heure de retard que l’extrême-droite se pointera finalement à sa manifestation, en défilant sur l’autoroute 15 en nous montrant des doigts d’honneur et en criant des injures, dont un « white power » :
La SQ a donc escorté leur convoi de véhicules près de la frontière, ce qui les a ironiquement placés plus près des demandeurs d’asile que les contre-manifestants. Du côté des xénophobes, plusieurs étaient armés de bâtons et boucliers comme sur ces photos :
Situés à une centaine de mètres des manifestants pro-réfugiés, les néofascistes ont quand même senti le besoin de scander des slogans du genre « Nous, le peuple, nous sommes pas racistes », comme s’ils semblaient vouloir s’en convaincre eux-mêmes… Mais ils n’ont pas pu chanter longtemps, il s’est mis à pleuvoir environ 30 minutes après leur arrivée, puis ils se sont résigné à partir car le climat leur était trop désagréable.
Présence de La Meute
Sur les réseaux sociaux, le porte-parole de La Meute – Sylvain « Maikan » Brouillette –avait sorti les violons en racontant qu’il annulait la présence de son groupe à Lacolle, car « Il est humain de vouloir ce qu’il y a de mieux pour sa famille » et blablabla… À la vérité, La Meute a déjà participé à des manifs à Lacolle par le passé, comme le 1er juillet 2017, lorsque le co-dirigeant Jacques Gagné donnait des entrevues aux médias :
Plus hypocrite encore, La Meute était carrément sur place hier, ils ont simplement masqué leurs couleurs. On pouvait y apercevoir le chef Maikan, flanqué du #2 Stéphane Roch, en plus de l’« Artiss Charland », un autre de leur leader :
Ils n’étaient pas les seuls, il y avait aussi d’autres gardes du corps meutons et des militants.es, telle cette femme avec casquette et t-shirt aux couleurs de La Meute :
Deux autres importants leaders de La Meute ont été identifiés, soit Robert « Katana » Quettier (celui à la moustache) et William Johnson (l’homme aux tatous) :
Bref, de nombreux grands médias sont tombés dans le panneau en rapportant faussement que La Meute était absente car elle se souciait du sort des réfugiés. En fait, en entrevue avec Horizon Québec Actuel, Maikan défend la Storm Alliance en expliquant sa propre stratégie de manipulation des médias :
« Je suis venu voir les installations. Y’a vraiment un problème, pis faut que les citoyens s’impliquent pour régler ce problème-là. On n’a pas de doute sur Storm Alliance, on sait que c’est sincère et qu’ils sont ici pour défendre leur pays, mais ça peut être mal perçu par les médias pour faire passer les gens pour des racistes ». « Ceux qui sont ici aujourd’hui c’est seulement des patriotes qui veulent défendre leur pays ».
Maikan était donc là avec sa gang pour défendre son pays contre de simples familles de réfugiés…
Enfin, notons que d’autres xénophobes ont voulu avoir l’air plus crédibles en se mettant une passoire sur la tête :
Dommage que ça n’ait pas pu les protéger de la pluie…
Lire aussi Michelle Blanc, une addition islamophobe au Parti québecois ?
Un message, un commentaire ?