Tiré du blogue de l’auteur.
Justin Trudeau vise juste lorsqu’il affirme qu’il est « totalement aligné avec Emmanuel Macron sur les grands enjeux internationaux » :
– face à Trump, les deux Chefs d’Etat se disent et se présentent comme les garants de la lutte contre les dérèglements climatiques
– dans les faits, ils négocient et signent des accords qui ne sont pas compatibles avec la lutte contre les dérèglements climatiques, tels que le CETA ;
– sur le plan national, ils sont vivement critiqués pour des décisions qui vont aggraver la crise climatique : manque d’ambition de la politique de transition énergétique en France (prolongation de permis de recherche d’hydrocarbures, nouvelles autoroutes etc.) et en Europe (énergies renouvelables bridées, financements gaziers démultipliés), ainsi qu’au Canada (élargissement de l’oléoduc Trans Mountain, entre l’Alberta et Vancouver).
Sans renégociation intégrale du CETA, aucune forme de « veto climatique » ne sera introduite et les promesses d’Emmanuel Macron et Justin Trudeau resteront des promesses en l’air qui n’inversent pas la logique du CETA : les intérêts à court terme des acteurs économiques, préservés par un droit dur et sanctionnable, priment sur les engagements climatiques qui, en plus de ne pas être mentionnés dans le texte du CETA, ne sont pas opposables.
Le 26 septembre dernier, Emmanuel Macron affirmait ne pas vouloir « de discussions commerciales avec les règles d’hier, qui nous ont conduits à ces situations absurdes que nous avons aujourd’hui sur l’accord entre l’Europe et le Canada ». Aujourd’hui, il salue le CETA avec Justin Trudeau pour qui cet accord doit fonder l’avenir du « partenariat renforcé » entre la France et le Canada. Entre temps, rien n’a changé. Ni dans le CETA, ni dans la politique commerciale de la France et de l’Union européenne.
Ce que nous craignions semble se confirmer : le « plan d’action » de Macron sur le CETA s’est transformé en un plan d’inaction et de renoncement. En France, et au niveau européen, la France n’est porteuse d’aucune vision alternative en matière de commerce et d’investissement.
Comment Emmanuel Macron et Justin Trudeau peuvent-ils prétendre porter une vision pour le Monde et la planète alors qu’ils soutiennent des accords de commerce et d’investissement qui fragilisent les sociétés et accentuent le dérèglement climatique ?
Maxime Combes, membre d’Attac France et auteur de « Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition » (Seuil, 2015).
Compléments
Fiche technique : Le CETA est-il climato-compatible
Rapport : L’impact macro-économique du CETA et ses conséquences sur le climat, partie 2.
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