Cette problématique est intrinsèquement liée aux impacts de la colonisation ainsi qu’à l’articulation du régime colonial, ainsi qu’à l’articulation du régime colonial, qu’on pense à la Loi sur les Indiens, la rafle des années 60 ou encore au régime des pensionnats. Pendant plusieurs décennies, les Peuples autochtones du Canada n’ont donc pas été autorisés à parler leurs langues, danser ou célébrer leurs rites. Des pans entiers de l’identité culturelle autochtone et de ses représentations ont ainsi été annihilés et refoulés.
Les populations autochtones ont subi et subissent toujours de nombreuses violations de leurs droits humains au Québec ainsi qu’au Canada, comme l’a démonté la Commission vérité et conciliation : conditions de vie déplorables dans plusieurs réserves, violences structurelles, ainsi que le féminicide des femmes autochtones à travers le Canada.
Pour mettre fin à ces violations tout en assurant une transmission inter-générationnelle des identités autochtones, il est primordial de cibler les obstacles entourant la protection des langues autochtones. Ceci tout en instaurant un processus de soutien et de valorisation de ces dernières à l’échelle nationale.
États des lieux
« À la différence des peuples européens qui ont colonisé l’Amérique, les cultures autochtones se transmettent essentiellement à l’oral. Elles portent le plus souvent sur des objets immatériels :
Comment le monde est né, pourquoi il y a des saisons, le rapport à la nature etc. (...). La langue est un vecteur essentiel pour la transmission des cultures et des savoirs autochtones. La langue renforce l’identité, crée des liens et aide à comprendre les cérémonies et les coutumes ancestrales. »
Hilda Nicholas, directrice du centre de ressources Tsi Tonteriwanonha ne Kaninenka, à Kanesetake.
Il est prouvé que la langue est l’un des vecteurs principaux de la culture. Un peuple qui perd sa langue perd donc aussi un moyen de transmettre sa culture. Actuellement au Canada, on compte 617 communautés autochtones et il y aurait plus de 70 langues autochtones parlées au pays. Or, seul un-e autochtone sur vingt peut parler sa propre langue. Le tableau en page 9 représente la répartition des autochtones en fonction de leur âge et de leur maîtrise d’une langue autochtones.
Nous utilisons les langues autochtones
Bien que les langues autochtones soient en voie de disparition au pays, des traces importantes se trouvent un peu partout au Québec et au Canada. Nous n’avons tout simplement pas appris à les reconnaître. Le fait que les langues autochtones sont bien ancrées dans la géographie, dans la toponymie en est un bon exemple. Ainsi Hochelaga, Chicoutimi, Tadoussac, Gaspé et Canada sont des mots autochtones que nous utilisons couramment.
Personnes des Premières nations qui parlent une langue autochtone (2016) |
|
Personnes âgées de plus de 65 ans |
35,6% |
25 à 64 ans |
24,5% |
15 à 24 ans |
16,5% |
0 à 14 ans |
15,8% |
La responsabilité de l’État canadien dans la protection des droits culturels autochtones
En droit international, il n’existe pas de définition de droit culturel. Par contre, l’article 13.1 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples autochtones précise : « Les peuples autochtones ont le droit de revivifier, d’utiliser, de développer et de transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue, leurs traditions orales, leur philosophie, leur système d’écriture et leur littérature, ainsi que de choisir et de conserver leurs propres noms pour les communautés, les lieux et les personnes. »
Il est également important de mentionner que les langues font partie des droits culturels intégrés dans plusieurs traités, dont la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels que le Canada a signé le 19 mai 1976. Elles font aussi partie des droits inclus dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ratifiée par le Canada. Ce dernier a donc l’obligation légale de protéger ces droits et donc, les langues autochtones.
Jusqu’à maintenant, les langues autochtones ne jouissent d’aucune reconnaissance officielle dans la Constitution canadienne. Selon l’article 35, « les droits existants ancestraux ou issus de traités internationaux des peuples autochtones du Canada sont reconnus et confirmés » mais celui-ci ne mentionne pas les langues autochtones.
De même, des jugements de tribunaux provinciaux et fédéraux mentionnent à l’occasion les droits linguistiques, sans plus. Les langues autochtones ne représentent pas une menace pour les deux autres langues officielles, mais elles ne sont pas reconnues par l’État comme occupant une part intégrante du bagage culturel et historique au Canada.
Il est donc primordial que les langues autochtones bénéficient d’une plus grande reconnaissance de la part des structures politiques en place pour s’assurer de leur survie et de leur revitalisation. Par exemple, que les jeunes Autochtones aient accès au cursus scolaire dans leur langue tant à l’école primaire que secondaire.
De nombreux autochtones se mobilisent depuis des décennies pour faire reconnaître des droits culturels et sociaux des populations autochtones au Canada et au Québec. Appuyons leurs luttes !
Ellen Gabriel Katsitsakwas. Une brave.
Depuis 1990, cette artiste et militante mohawk du clan de la tortue de la nation Kanehsatà:ke, n’a cessé de défendre les droits collectifs et individuels des peuples autochtones, notamment en sensibilisant le public, les universitaires, les autorités policières et les politiciens à l’histoire et aux cultures des peuples autochtones ainsi qu’aux problématiques vécues par les femmes autochtones. Pour elle, la décolonisation sera réalisée en mettant en oeuvre la Déclaration des nations Unies sur les droits des peuples autochtones avec la participation pleine et entière des peuples autochtones.
Elle croit que l’éducation contrôlée par les peuples autochtones basée sur les langues et les cultures autochtones est primordiale pour la revitalisation des institutions.
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