Nous vivons ensemble depuis 18 ans en ce qui me concerne et certainEs depuis bien plus longtemps. Ce concept « valise » qui au départ partait d’un bon sentiment perd malheureusement de plus en plus son sens.
Depuis l’attentat de Québec et dans la foulée de tous les événements haineux qui s’en sont suivis nous n’avons pu que constater le manque d’action de nos dirigeants des différents paliers de gouvernement pour lutter efficacement contre la haine.
Et que dire sur le fait de ne jamais mettre en lumière les bonnes initiatives des personnes racisées ou, si brièvement, que nos concitoyenNEs n’ont même pas le temps d’apprécier ces contributions qui participent à la croissance collective.
Aujourd’hui, il nous faut exiger bien plus que le « vivre ensemble ».
« Vivre ensemble » nous le faisons déjà depuis longtemps. Nous en sommes venus à dépasser ce concept pour « construire ensemble ». Construire ensemble une société plus solide, plus ouverte, plus juste. Comme citoyenNEs issuEs de l’immigration nous travaillons toujours plus fort pour faire partie de ce NOUS. Mais à la veille des élections municipales et provinciales, où en sommes-nous ? Quels places avons-nous concrètement, physiquement, ailleurs que dans les débats populistes encouragés par des médias de masse ?
Presque 8 mois après l’attentat de Québec, avec cette montée des actes haineux, cette parole libérée de l’extrême droite, je ne me sens pas en sécurité, mes concitoyenNEs ne se sentent pas en sécurité. Et il y a pire encore, certainEs ne sentent plus chez eux/elles. De part mon expérience de terrain, je peux affirmer que nos dirigeants n’ont aucune idée de l’impact de la discrimination et du racisme tant sur le santé mentale que sur le sentiment d’appartenance.
Et puis il y a ce congrès du Parti Québécois qui s’achève et qui nous montre encore ses sombres desseins… repartir dans la division, les débats stériles et hostiles qui ne font en rien avancer notre Québec et les projets que nous avons pour lui, pour nous, pour une société autonome, inclusive, soucieuse de son environnement. Et surtout, avec une volonté constante d’agir pour plus de justice sociale et d’égalité pour toutes et tous.
Certes tant le parti libéral au pouvoir que la CAQ et le PQ ne font montre d’aucune façon qu’ils se soucient réellement de la population. Ils entretiennent à leur façon les écarts économiques et sociaux. En résumé, ils appliquent le vieil adage « diviser pour mieux régner ».
Mais nous ne sommes pas dupes. Il n’y a pas des citoyenNEs de seconde zone. Nous avons toutes et tous les mêmes droits à la sécurité, à la considération, à la parole et à la justice, par nos pairs… et parlons-en de nos pairs… où sont ils/elles dans les hautes instances ? Dans les instances décisionnelles ? Quelle place pour les personnes racisées ?
Nous ne pouvons faire notre deuil du « Vivre ensemble » mais nous devons l’amener plus loin, exiger un « Vivre égaux Ensemble » et pour cela il va falloir que toutes les initiatives des individus et des organismes, qui travaillent forts à bâtir des ponts, soient accompagnées et soutenues par des volontés politiques. Des engagements et des actions qui nous permettront de redonner leur place à des termes qui ne seront alors plus un simple concept mais un mode vie qui nous amènera ailleurs, qui nous amènera plus loin.
Le Québec ne peut plus se permettre d’éteindre ses forces vives, de perdre les citoyenNEs qui l’aiment et qui y contribuent jour après jour. Vivons ensemble et travaillons ensemble pour un vrai projet de société.
Le Québec appartient à ses citoyenNEs, des premières nations autochtones aux derniers migrants qui souhaitent s’y établir. À nous de montrer à nos décideurs ce que nous attendons d’eux/elles. Un Québec à notre image, l’image de la diversité, de l’ouverture, du respect et de la répartition juste et équitable des ressources.
Le « vivre ensemble » québécois pourrait à nouveau rayonner, s’il n’en tenait qu’à Nous…
Eve Torres
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