Cette entente fait fi de deux congrès de QS qui ont clairement rejeté toute tentative de ligoter ainsi l’assemblée constituante à l’indépendance. Elle ignore les débats – aussi récents qu’en mai dernier – et les arguments présentés contre un tel ligotage.
La position actuelle de QS est que l’assemblée constituante « aura pour mandat d’élaborer une constitution du Québec… et définissant son statut… ». Autrement dit cette assemblée, tout en étant souveraine dans ses décisions, reste ouverte relativement à la souveraineté. La porte est donc grande ouverte aux Premières Nations et aux gens progressistes, mais qui entretiennent certains doutes face à l’indépendance. Ces gens peuvent participer aux échanges et en venir, avec les autres, à un consensus.
Cependant, l’entente QS-ON proposée stipule que l’assemblée constituante « aura pour mandat d’élaborer un projet de constitution d’un Québec indépendant ». L’indépendance du Québec est donc imposée à cette assemblée comme un a priori. Donc les Premières Nations et les progressistes hésitant.es ne se sentiraient pas bienvenu.es et ne participeraient pas à cette assemblée constituante. En plus, une assemblée constituante ligotée à l’indépendance pourrait encourager son rejet et son boycottage avant même qu’elle ne soit mise sur pied.
L’entente QS-ON qui nous est proposée va d’une part cannibaliser le PQ à la recherche de votants indépendantistes et, d’autre part, éloigner de QS les immigrant.es et les hésitant.es, laissant ces derniers aux libéraux et à la CAQ.
Les votes indépendantistes, que QS et le PQ vont se partager, ne vont pas rivaliser les autres votes conquis aux fédéralistes, puisque chaque prochaine élection va vite être perçue et proclamée, par les partis fédéralistes qui veulent affaiblir QS, comme un référendum sur l’indépendance du Québec. Ceux qui, tout en hésitant encore au sujet de l’indépendance, sont fortement attirés par nos politiques sociales progressistes ou qui pourraient l’être dans le futur ne vont pas nous choisir. Car l’option a priori souverainiste les refoulera. Donc, ils n’auront pas l’opportunité de réfléchir et de discuter, et peut-être de se rendre compte que la souveraineté est la seule façon pour le Québec de prendre un virage véritablement progressiste. Chose qui serait possible si l’assemblée constituante n’était pas ligotée à l’indépendance.
Ce que nous craignons avec l’entente proposée :
Les nouveaux militants de l’ON qui arrivent vont tout simplement remplacer les anciens militants de QS, qui vont partir à cause de l’a priori souverainiste bétonné dans l’assemblée constituante. Donc, nous n’augmenterons aucunement le nombre de nos membres et militants.
Pour celles et ceux qui veulent un QS plus fort, nous pensons que l’entente aura l’effet contraire. Moins de possibilités d’augmenter nos votes, nos député.es, et nos militant.es.
Pour celles et ceux qui veulent que le Québec devienne plus rapidement indépendant, nous pensons que l’entente enverra cette indépendance aux calendes grecques.
Pour ceux et celles qui veulent remplacer au plus vite les libéraux et leurs politiques dévastatrices, nous pensons que l’entente va assurer des gouvernements libéraux et caquistes pour les prochains 30 ans.
Si le ligotage de l’assemblée constituante à l’indépendance nous pose problème et ne respecte pas les derniers congrès de QS, l’entente proposée nous pose aussi problème pour d’autres raisons :
L’entente établit Sol Zanetti comme porte-parole d’indépendance sans limites de temps, et ce, même s’il n’a pas été élu par le parti QS-ON unifié, même si aucun poste de ce genre n’existe, et même si, cela exclurait automatiquement les femmes de cette responsabilité. Clause 18 spécifie que « Le parti unifié mettra de l’avant le chef actuel d’ON dans les communications et les activités du parti unifiées sur les enjeux entourant l’indépendance de Québec, notamment dans les cadres de conférences sur le sujet ». Ailleurs dans l’entente certaines clauses sont explicitement décrites comme étant transitoires. Dans la clause 18, il n’y a absolument rien qui spécifie qu’il s’agit d’une mesure transitoire.
Le congrès qui suivra l’élection de 2018 sera limité dans ses options parce qu’il aura comme responsabilité « la révision de l’ensemble du programme notamment (mais non exclusivement) dans une optique d’arrimage avec le programme d’ON. ».
Certaines propositions manquent de rigueur et/ou omettent des dimensions fondamentales. Par exemple clause 9 dit « Parmi les sources d’oppression dénoncées par le parti unifié dans ses communications publiques et la promotion de ses idées, le régime colonial canadien sera placé au même niveau d’importance que le néolibéralisme. » Pour quelle raison l’entente ne fait-elle pas aussi mention des rapports entre les Canadiens et les autochtones, entre aussi la nation québécoise et les autochtones ?
Le comité de coordination souhaiterait que, suite à un rejet de l’entente actuelle, nos négociateurs soient prêts à reprendre la négociation afin d’arriver à une nouvelle entente qui réponde à nos préoccupations. Sans doute une telle négociation ne serait entamée qu’après l’élection de 2018. Toutefois, nous croyons qu’une élection sans entente serait préférable à l’entente qui nous est proposée.
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Sommaire : Le comité de coordination rejette l’entente. Une telle entente, même débarrassée des derniers points mentionnés qui posent problème, nous paraît inacceptable à cause du ligotage de l’assemblée constituante à l’indépendance. Nous sommes convaincus qu’il est possible d’arriver à une meilleure entente qui serait acceptable pour les deux partis. C’est pourquoi nous recommandons à notre assemblée son rejet.
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