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Lire la version écrite du discours de Caroline Jacquet de la FFQ lors du point de presse.
« Ça me brise le cœur de voir comment Lucy a été traitée la semaine dernière et la violence qu’elle a subi et subit encore » a commenté la tante de Lucy, Yecenia Granados. « Après tout ce qu’elle a souffert... Lucy a construit sa vie ici, elle a de la famille ici et ses enfants ont besoin qu’elle reste ici. Ministres Hussen et Goodale, où est votre humanité ? »
Granados a soumis sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires en septembre 2017. Vendredi, elle a présenté une demande urgente afin d’obtenir un sursis de déportation en attendant qu’une décision soit rendue dans sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires.
« Selon la Convention relative aux droits de l’enfant, dont le Canada est signataire, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale dans toutes les décisions qui touchent les enfants, » selon Richard Goldman, avocat, Coordinateur du Comité d’aide aux réfugiés et porte-parole pour la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).
« La demande de résidence permanente pour motifs humanitaires est la seule procédure d’immigration où l’on examine l’intérêt supérieur de l’enfant. C’est également la seule procédure qui permet aux personnes sans statut de régulariser leur statut d’immigration au Canada. En conséquence, la TCRI appuie fortement la demande de suspension du renvoi de Mme Granados, en attente de la décision sur sa demande humanitaire, » ajoute Goldman.
« La tentative de Lucy de régulariser son statut l’aurait donc mis, ainsi que ses enfants, en danger. L’Agence frontalière de services du Canada (AFSC) ne la cherchait pas jusqu’à ce qu’elle dépose sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires. Le message est clair : Lucy peut rester en tant que travailleuse et femme qu’on peut exploiter à souhait. Mais à partir du moment qu’elle demande à être traitée comme un être humain, comme une égale, elle sera traquée et déportée. » d’après William van Driel de Solidarité sans frontières.
« En tant que féministes, nous ne permettrons pas que Lucy soit traitée comme un objet jetable. Lucy est une femme qui s’active courageusement pour les droits des femmes sans statut et maintenant c’est elle qui est menacée d’être déportée. C’est inacceptable. » a déclaré Caroline Jacquet de la Fédération des femmes du Québec. Elle demande au ministre québécois de l’immigration David Heurtel d’intervenir auprès de ses collègues fédéraux.
« Nous demandons une enquête indépendante sur la force excessive utilisée par les 4 agents de l’AFSC qui, le 20 mars, arrêtaient Lucy chez elle et la blessaient au bras. Nous exigeons également que soient enquêtés les agissements de l’agent de l’AFSC qui a fait de la fausse de représentation afin de tenter de piéger Lucy en janvier dernier. » a ajouté van Driel.
L’arrestation a eu lieu malgré le fait que Montréal a été déclarée Ville sanctuaire l’année dernière, ce qui a valu une avalanche de critiques à la mairesse Valérie Plante. Vendredi, la mairesse sortait finalement de son mutisme.
« La déclaration de la mairesse est très décevante. Nous demandons à la mairesse Valérie Plante qu’elle appuie publiquement Lucy maintenant, pas qu’elle trouve des excuses. Nous ne nous attendons à rien de moins d’une mairesse qui se dit féministe, qu’elle soit la mairesse de toutes et tous les Montréalais.es ainsi que de toutes les femmes et qu’elle les appuie. » a dit Viviana Media, organisatrice communautaire au Centre de travailleurs et de travailleuses immigrant.es.
Lucy a dû quitter le Guatemala après avoir été menacée par les maras (gangs criminels). Son mari ayant décédé, elle a voyagé seule à travers le Mexique sur le tristement célèbre train La Bête pour arriver aux États-Unis, puis au Canada. Lucy habite à Montréal depuis 9 ans et elle se sent bel et bien chez elle. Elle est connue dans sa communauté et est engagée dans la lutte pour les droits des migrant.es sans statut ainsi que des travailleur-ses d’agence.
Source :
Solidarité sans frontières
Centre des travailleuses et travailleurs immigrant.e.s
CHRONOLOGIE
2009 Lucy arrive au Canada et fait une demande d’asile.
2012 La demande d’asile de Lucy est refusée et une date d’expulsion est fixée. Elle reste à Montréal. Elle reçoit un mandat d’arrêt en tant que migrante sans papiers.
2017 En septembre, Lucy dépose une demande de résidence permanente pour considérations d’ordre humanitaire.
2018 Le 17 janvier, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) commence à traiter son dossier.
Le 26 janvier, l’avocate de Lucy reçoit un appel téléphonique d’un agent de l’ASFC (Agence des Services frontaliers du Canada). Il lui dit que le dossier de Lucy ne sera pas traité à moins qu’elle se présente pour être arrêtée.
Le 8 février, l’avocate de Lucy informe l’ASFC et IRCC que, conformément à la loi, le ministre a une obligation inconditionnelle d’examiner les dossiers d’ordre humanitaire et que Lucy ne devrait pas être obligée de se présenter à l’ASFC comme condition préalable au traitement de sa demande. Elle n’a reçu aucune réponse.
Le 20 mars à 6 heures du matin, Lucy est violemment arrêtée chez elle par des agents de l’ASFC. Elle a été emmenée pour être détenue au Centre de prévention de l’Immigration à Laval.
Le 22 mars, Lucy comparait en audience pour contrôle des motifs de détention, avec la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Gabrielle Bouchard, qui offre d’être sa caution. L’ASFC informe le commissaire qu’elle a fixé sa date d’expulsion au 27 mars. Le commissaire décide alors que Lucy doit rester en détention jusqu’à son expulsion.
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