Édition du 14 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

La signification de l'arrestation de Norman Finkelstein devant le consulat israélien à New-York

À midi trente ce jour même, quelques douzaines de personnes se sont allongé sur la rue au coin de la 43ième Rue et de la 2ième Avenue. Elles empêchaient le trafic de se rendre à la 42ième Rue où se trouve le Consulat israélien. Autour d’elles, quelques centaines d’autres personnes, debout sur les trottoirs, scandaient des slogans demandant la fin de l’occupation et des assassinats à Gaza. L’écrivain Norman Finkelstein, critique affirmé d’Israël et du mouvement international Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) avait lancé l’appel à cette manifestation. Il m’a déclaré : « Bien des gens ont le sentiment que participer à des manifestations n’est pas à la hauteur de l’immensité de l’horreur en cours ». Il a souligné que les bombardements israéliens sur Gaza en sont au 21ième jour, « ce qui n’est une journée de moins que l’opération Plomb durci », qui a eut lieu à la fin de 2008. Aucun signe que la guerre actuelle va bientôt se terminer.

Michelle Goldberg, The Nation, 29 juillet 2014,
Traduction, Alexandra Cyr

La manifestation n’a pas duré longtemps. Après avoir émis des avertissements aux manifestantEs d’avoir à circuler, la police est entré en action, à commencé à les menotter et à trainer hors des lieux ceux et celles qui ne bougeaient pas. Le trafic a été arrêté pendant une vingtaine de minutes au plus. Malgré tout, ce ne fut pas une action inutile.

Nous sommes dans une situation où il est particulièrement important de briser les illusions qui pervertissent nos politiques et au premier chef, l’idée que l’appui des États-Unis à Israël dans cette guerre ne peut être remis en cause. Déjà, des signes apparaissent, quoiqu’anecdotiques, que l’opinion des New-YorkaisEs qui est plutôt ouverte sur tout sauf la Palestine, a commencé à bouger. Dans un article sur le site du New-York Magazine, Benjamin Wallace-Wells écrivait la semaine dernière : « Si M. Natanyahu est si préoccupé par l’image des mortEs palestinienNEs à la télévision, qu’il cesse d’en tuer autant ». On aurait du mal à imaginer qu’une telle opinion ait pu être publiée il y a quelques années. Aujourd’hui, le chroniqueur de DC Magazine, Jonathan Chait, un faucon occasionnel sur New Republic, a affiché ce titre : « Pourquoi je suis devenu moins pro-Israël ». Un sondage de CNN montrait récemment, que si la majorité des AméricianEs continue à appuyer Israël, 38% en ont une opinion défavorable soit une augmentation de 14 points par rapport à février dernier.

Je ne veux pas accorder plus d’importance qu’il ne le faut à cet événement ; hier 10,000 personnes ont participé à un ralliement pro-israélien devant le siège des Nations Unies. Mais, même là, il se trouvait quelques personnes avec des pancartes en Anglais, en Arabe et en Hébreu déplorant les morts à Gaza. L’étudiant rabbinique Amichai Lau-Lavie raconte qu’une vieille dame s’est mise à le suivre avec sa propre pancarte où elle avait écrit : « Appuyez Israël ». Elle tentait d’obstruer sa propre pancarte et criait qu’il était un traite, un bâtard. Il s’est retourné et lui ai dit calmement que son père était un survivant de l’Holocauste et que lui ai moins méritait le respect si ce n’était pas son propre cas. Elle a alors répliqué qu’il eut mieux valu qu’il y meure. Il y a eu d’autres scènes et déclarations racistes que je ne veux pas rapporter. On ne peut surement pas influencer des gens comme cette dame. Mais il y en a d’autres. Ce qui se passe est si brutal et inexcusable que les raisonnements et rationalisations des défenseurs-euses d’Israël en deviennent risibles.

C’est donc important pour les gens qui sentent intuitivement, qu’il y a quelque chose de profondément incorrect dans ce qui se passe à Gaza d’en voir d’autres se battre pour leurs convictions. Parmi ceux et celles qui ont été arrêtéEs au cours de cette manifestation, se trouve Corey Robin un professeur de sciences politiques au Brooklyn College et à l’Université de la ville de New-York. Il critique Israël depuis longtemps mais n’a jamais été arrêté pour ses opinions : « Je sentais que je devais faire quelque chose. C’est la première fois que je pose un tel geste en faveur de la Palestine. C’est ma première fois, il y aura celle de quelqu’un d’autre si ce n’est pas aujourd’hui ce sera une autre fois », a-t-il déclaré quelques minutes avant de s’allonger sur la rue.

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