Édition du 14 mai 2024

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Hiver 2017 - Nouveautés d'Écosociété

L’année 2017 marque les 25 ans d’Écosociété, un quart de siècles d’idées, de débats et de pensée en action. Les festivités démarreront l’automne prochain, nous y travaillons ardemment. Mais en attendant, fidèles à notre ligne éditoriale, nous vous présentons une saison qui allie des ouvrages de réflexions et d’analyse, ainsi que des invitations à des alternatives concrètes... pour la suite du monde.

La saison a débuté avec l’essai de Pierre Madelin, Après le capitalisme. Essai d’écologie politique, qui nous invite à conserver le monde en tant que monde. Car sans une véritable transition écologique, nous assisterons inévitablement à une série d’effondrements systémiques. Pour rompre avec l’imaginaire de domination rationnelle du monde hérité de la science et de la philosophie modernes, Pierre Madelin explore les possibilités révolutionnaires du présent en convoquant l’écologie politique. Si le capitalisme est l’ennemi à abattre, un changement de paradigme, qui concerne autant le climat, l’énergie, la démographie, la question animale que l’organisation politique des sociétés, est en marche.

Tandis que nous sommes pris en constant délit de dépassement écologique, Joseph Jenkins révèle un angle mort assez tabou avec Le petit livre du fumain. Manuel de compostage de fumier humain : Le monde est divisé en deux catégories de personnes : celles qui chient dans leurs réserves d’eau potable et celles qui ne le font pas. Nous, du monde occidental, sommes dans la première catégorie. Une illustration de la nécessité de prendre soin des communs, ici l’eau et la terre. « Lorsque nous jetons le fumain (néologisme créé à partir de la contraction de « fumier humain »), comme un déchet et polluons nos sols et nos réserves d’eau avec lui, nous l’utilisons de façon incorrecte, et c’est là que réside le danger. Lorsque nous le recyclons de manière constructive en le compostant, il enrichit notre sol ». Respecter le « cycle nutritif humain » consiste à rendre à la terre ce qui vient de la terre pour prévenir la pollution de l’eau, fertiliser les sols, protéger nos réserves d’eau potable et améliorer notre santé. Le petit livre du fumain s’est vendu à plus de 60 000 exemplaires avant d’être traduit dans plus d’une dizaine de langues.

À droite comme à gauche, on a fait du « travail » un absolu, une norme incontournable. Pour les auteurs de Le travail, et après ?, le travail pour tous est un leurre. Comment se « désendoctriner » du travail ? Comment penser une société qui dépasse cette valeur cardinale ? En s’attaquant à sa position centrale dans nos vies dans Le travail, et après, Rodolphe Christin (Manuel de l’antitourisme), Jean-Christophe Giuliani, Philippe Godard et Bernard Legros entendent mettre à mal ce consensus afin de « penser contre le travail » et ainsi dépasser un système qui nous broie. Leurs critiques rejoignent plusieurs sphères du travail : le mythe du plein emploi, le salariat, le management et ses ravages, la servitude volontaire des cadres et des classes moyennes ou encore le rôle de l’éducation arrimée au monde de l’entreprise. Parution en Europe le 10 avril.

Événement de la rentrée, la sortie de De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit, le dernier ouvrage d’Alain Deneault, publié avec Rue de l’échiquier en France. Comploter, coloniser, collaborer, corrompre, conquérir, délocaliser, pressurer, polluer, vassaliser, nier, asservir et régir ou comment les multinationales font et défont les lois. Car faire la somme d’une société pétrolière comme Total, c’est faire la cartographie de cette institution qui domine nos sociétés en ce début de XXIe siècle : la multinationale.
En se penchant sur le cas d’école de Total, active dans plus de 130 pays, Alain Deneault montre comment l’état du droit et la complicité des États ont permis à une firme, légalement, de comploter sur la fixation des cours du pétrole ou le partage des marchés, de coloniser l’Afrique à des fins d’exploitation, de collaborer avec des régimes politiques officiellement racistes, de corrompre des dictateurs et des représentants politiques, de conquérir des territoires à la faveur d’interventions militaires, de délocaliser des actifs dans des paradis fiscaux ainsi que des infrastructures dans des zones franches, de pressurer des régimes oligarchiques en tirant profit de dettes odieuses, de polluer de vastes territoires au point de menacer la santé publique, de vassaliser des régimes politiques pourtant souverains en théorie, de nier des assertions de façon à épuiser des adversaires judiciaires, d’asservir des populations et de régir des processus de consultation. Chacun de ces verbes fait l’objet d’un chapitre. Ils représentent une série d’actions sidérantes que l’ordre politique actuel ou récent a permis à des multinationales de mener en toute impunité, indépendamment des textes législatifs et des institutions judiciaires, voire grâce à eux. Puisqu’il est toujours plus aisé de combattre une entité que l’on comprend, De quoi Total est-elle la somme ? nous rappelle que les peuples doivent urgemment reconquérir leur souveraineté politique. Alain Deneault présentera son dernier essai lors d’une grande conférence à HEC Montréal, en collaboration avec le professeur Yves-Marie Abraham le mercredi 29 mars à 19h et lors d’une causerie à Québec le vendredi 31 mars à 18h.

Enfin, le mois de mars se terminera avec la sortie de l’essai de Jonathan Durand Folco, À nous la ville ! Traité de municipalisme. À quelques mois des élections municipales, Jonathan Durand Folco veut repolitiser la question municipale et plaide pour une réappropriation démocratique de nos milieux de vie. Les villes peuvent-elles changer le monde ? Considérées comme les espaces où se joueront en grande partie les luttes politiques du XXIe siècle, les villes tardent pourtant à susciter l’attention qu’elles méritent comme en témoigne le haut taux d’abstention aux élections municipales. Pour Jonathan Durand-Folco, la ville possède pourtant un potentiel de transformation sociale inédit que les citoyen.ne.s devrait massivement investir. Dans ce texte aux solides assises théoriques et prenant appui sur les expériences actuelles et passées, ici ou ailleurs, l’auteur appelle les citoyen.ne.s à réinvestir politiquement l’échelon municipal et ainsi se réapproprier leurs milieux de vie.
L’auteur expose les contours d’une nouvelle stratégie politique : le municipalisme. La ville étant au cœur des contradictions du capitalisme avancé, une tension de plus en plus vive s’exprime entre le développement de la « ville néolibérale » et les revendications du « droit à la ville », alors que la question écologique, la spéculation immobilière et la défense des communs restent au centre des mobilisations citoyennes.
Le livre sera lancé à la librairie Le port de tête le mardi 4 avril à 18h. Sortie en Europe cet automne.

À noter qu’en cette nouvelle ère Trump, la réédition du classique de Noam Chomsky, Les dessous de la politique de l’Oncle Sam est une lecture toute indiquée pour comprendre les dynamiques historiques de la politique étrangère américaine.

Également à paraître ce printemps : Acceptabilité sociale, sans oui, c’est non de Marie-Ève Maillé et Pierre Batellier, lancé le 12 avril prochain à Montréal. Plus d’informations sur ce titre et le reste de la saison dans la prochaine infolettre.

Bonne lecture !

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