Édition du 14 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Débat sur les politiques d’alliance

Forcer la proportionnelle en dépit du mode de scrutin actuel

Nous publions un diaporama que nous a envoyé Amir Khadir qui résume les fondements et les modalités d’une politique d’alliance. Amir Khadir fait une présentation audio de son diaporama qui dure une trentaine de minutes.

La dernière diapositive résume sa démarche :

Échange possible : 21 comtés au PQ ; 9 comtés à QS
Sur ces 9 comtés : 5 sont situés à Montréal (dont LD, Verdun et SHSA)
4 sont situés en région, dans 4 régions distinctes

Sur le total des 9 comtés, les 2 exemples à Montréal et les 2 exemples « anonymisés » en région, en plus de LD, démontrent qu’au moins 5 comtés sont prenables, dont 2 en région. QS pourrait se retrouver avec une fourchette de 9 à 13 députés, dont 2 à 4 en région.

Le retrait de QS de 21 comtés en échange d’un retrait du PQ de 9 comtés, entraine un afflux supplémentaire de vote dans un rapport de 2 pour 1 à l’avantage de QS

Cliquez sur l’icone pour ouvrir ce diaporama dans Libre Impress ou Powerpoint.

Nous avons retranscrit ci-dessous le fichier audio lié à la diapositive numéro quatre, dans lequel l’auteur explique le contexte politique motivant sa prise de position sur des ententes électorales avec le PQ.

Le contexte

La première dimension de ce contexte que je voudrais aborder, c’est la réalité suivante. Un des freins importants au développement de notre alternative de gauche, une alternative véritable aux politiques néolibérales depuis même avant à la fondation de Québec solidaire c’est que le Parti québécois était dans l’opposition le plus clair des dernières années. En 2018, ce sera en fait presque 14 ans des 15 années précédentes, que le PQ aura été dans l’opposition. Ce qui bien sûr introduit à tout de sort de problèmes parce que le PQ, dans l’opposition, arrive habilement souvent à entretenir l’illusion chez encore un trop grand nombre de progressistes qu’il peut être une solution de rechange valable aux politiques en place.

Évidemment, combinée à la distorsion du mode de scrutin, ceci permet au PQ de jouer la carte du vote qu’on appelle le vote stratégique ou le vote utile qui sont en fait simplement des votes tactiques, phénomène qui pèse effectivement lourdement contre nous surtout tant que dans ce mode de scrutin nous n’aurons pas dépassé le Parti québécois. Évidemment, avec le mode de scrutin proportionnel, le poids de ce vote tactique est moins grand, mais nous avons tant de fois été malheureusement en quelque sorte les témoins passifs et les victimes de ce vote stratégique.

Ceci dit, il y a une autre dimension très très importante qui est la réalité du Parti québécois, sa nature même qui pose problème. Il y a bien sûr tout problème lié à la façon dont Jean-François Lisée s’est hissé au sommet du Parti québécois avec un opportunisme assumé par lui-même ce qui fait que sa réputation n’est certes pas reluisante dans nos rangs et chez une bonne partie de la population. Cependant, il n’est pas impossible que dans le climat politique général, avec, je dirais, l’extrême l’extrême pression que ressent le Parti québécois d’arriver au pouvoir coûte que coûte, il soit possible que dans ce contexte avec le rapport de force établi dans l’arène politique électorale à notre présence, le PQ et Jean-François lisait se sentent forcer un réalignement, disons moins toxique. Évidemment nous n’oublions pas que comme tous les partis qui ont abandonné l’attachement aux principes pour n’agir que dans le but d’accéder au pouvoir à tout moment, le PQ peut à tout moment dans l’avenir refaire le coup de PKP par exemple ou le coup de la Charte ou encore se laisser se laisser illusionner par la filière pétrolière et nous refaire le coup d’Anticosti, l’abandon même de la proportionnelle.

Alors, bien que par calcul politique, le PQ actuel, comme je l’ai dit, se voit forcer à un positionnement plus progressiste moins toxique sur le plan identitaire et semble parfois nous faire des concessions importantes, il faut rester vigilant et à tout moment même si on en arrive en congrès à décider en faveur d’ententes électorales ponctuelles, il faut garder la liberté à tout moment de rompre cette entente si le contexte politique et les décisions du PQ font en sorte que nous ne pouvons plus tolérer le poids politique d’une telle entente.

Ce qui nous emmène au cœur de la préoccupation de la plupart de nos camarades qui sont contre, qui sont fermés à toute possibilité d’entente électorale avec le Parti québécois Elles et ils ont à juste titre la crainte que cette opération soit perçue par l’opinion publique, par nombre de nos alliés comme une alliance politique, une espèce de compromission sur le bilan passé du PQ et craignent donc pour notre réputation. Cette crainte est à mon avis est tout à fait légitime et pertinente. Cependant je crois que ce danger ou ce problème n’est pas insurmontable.

Notre questionnement, le dilemme devant lequel on se trouve quand on pense à ce risque politique présente à plusieurs égards des parallèles, des ressemblances à deux phénomènes similaires récents : l’un en France, l’autre aux États-Unis. Le premier exemple avec la France insoumise de Mélenchon par rapport aux propositions d’entente avant le premier tour avec Benoît Hamon du Parti socialiste et ensuite la stratégie adoptée par Bernie Sanders de se présenter comme candidat aux primaires démocrates.

La France insoumise a engagé un dialogue très court avec Benoît Hamon sur de possibles ententes qui n’ont pas effectivement débouché. Dans ce cas bien entendu, le bilan catastrophique du PS au pouvoir en cours des cinq dernières années facilitait dans l’électorat de gauche, la position de force de France insoumise de démontrer facilement que le Parti socialiste même avec Benoît Hamon avec ses attachements avec le bilan passé du Parti socialiste au pouvoir ne pouvait pas représenter une alternative en quelques points que ces soit utile ou valable à la situation politique catastrophique dans laquelle se trouve la France.

À l’opposé, Bernie Sanders à cru bon, malgré le bilan du Parti démocrate depuis plusieurs décennies au pouvoir, de se présenter aux primaires démocrates. Et aujourd’hui, je ne connais pas de critiques majeures de cette stratégie de Bernie Sanders. En tout cas Bernie ne donne pas la perception d’avoir compromis sur ces principes la base politique sur laquelle sa campagne était menée bien qu’il se soit présenté aux primaires démocrates. Pourquoi ? Bien entendu parce que ça été fait avec brio par Sanders et son courant ont réussi à atteindre des objectifs admirables tant au niveau symbolique en termes de débats et d’ouverture sur plusieurs thématiques importantes contemporaines, mais aussi dans les millions ramassés, autant de financement pour les luttes à mener. Mais aussi parce Sanders, et c’est là la clé, Sanders ne s’est jamais gêné pour dénoncer le bilan des démocrates et des Clinton au pouvoir, de Clinton elle-même au pouvoir. Toute chose que je crois, Québec solidaire, nous sommes capables de faire c’est-à-dire maintenir une critique sans compromis, sans concession par rapport au PQ avant, pendant, et après les élections.

Donc, la solution réside dans la capacité de conclure une entente de non-agression sur un certain nombre limité de comtés tout en maintenant une distance politique visible, tout à fait lisible avec le Parti québécois à l’identique de ce que Sanders a réalisé avec le Parti démocrate. C’est pourquoi il m’apparaît important si le parti en congrès décide d’opter pour l’option B, c’est-à-dire de conclure des ententes de mentionner et que ça soit le point d’orgue dans notre approche pour l’année qui va suivre que cette entente ne vise essentiellement qu’une chose, de diminuer les aberrations qui sont opérantes dans la démocratie, que l’entente cherche à forcer la réalisation du moins partielle d’une forme de proportionnelle en dépit du mode de scrutin actuel.

Une fois tout cela dit, il faut quand même démontrer que l’intérêt de cette entente politique surpasse les risques et les désavantages donc il faut commencer à prouver que l’accord sur le plan pratique produit bel et bien les résultats escomptés c’est-à-dire des gains électoraux tangibles pour s’assurer que Québec solidaire ou une plus juste représentation à l’Assemblée nationale.Donc que le courant que nous représentons, cette alternative au néolibéralisme, soit renforcé et qui puisse éventuellement à terme dépasser sur le plan électoral le PQ pour capter l’essentiel du vote progressiste au Québec.

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