La position que nous avançons dans ce texte repose sur l’idée qu’il est trop précoce, en mai 2017, de sceller le sort de cette « entente » PQ-QS. Ainsi, nous ne nous prononcerons pas sur le bien-fondé des deux grandes options et nous ne présumerons pas de la décision finale. Plutôt, nous soutenons qu’il faut reporter le moment de la décision finale au congrès de novembre 2017 (où sera également traitée la question de la plateforme électorale pour l’élection de 2018).
Lors de son dernier conseil national (CN), QS a dressé une liste de conditions pour entamer des discussions de convergence avec quelque organisation que ce soit, parti politique ou autre. À l’époque – et encore aujourd’hui – il tombait sous le sens que le PQ ne satisfaisait pas à ces conditions (dans quelle proportion ? Nous laissons chaque personne juger de cela). Or, la « proposition principale » déposée en janvier dernier par Jean-François Lisée semble avoir été rédigée dans le but de favoriser un rapprochement avec QS. Le PQ étant un parti hétéroclite où se côtoient des progressistes comme des gens se situant davantage à droite sur l’échiquier politique, il serait hasardeux de présumer à ce moment-ci du sort que connaîtra cette proposition principale : d’ici l’automne, les différentes associations locales du Parti québécois seront appelées à adopter, amender ou rejeter les mesures qui s’y trouvent.
Le premier argument en faveur d’un report de la décision de QS sur l’entente électorale avec le PQ découle de cet état de fait : les membres du PQ n’ont pas encore eu le temps de se prononcer sur les éléments programmatiques qui pourraient permettre une « entente ». Par ailleurs, la question de l’entente elle-même n’a jamais été abordée dans une instance nationale du PQ. Pour le dire autrement : nous n’avons aucune idée de ce que pensent les péquistes de cette idée. Tout ce que nous avons eu à nous mettre sous la dent jusqu’à maintenant, ce sont des déclarations de certaines figures en vue du parti – le chef Jean-François Lisée et quelques membres de la députation péquiste, comme Véronique Hivon et Alexandre Cloutier. Or, il est arrivé plusieurs fois dans l’histoire de ce parti que la « tête » et la « base » ne soient pas sur la même longueur d’onde.
Puisque QS a envoyé un signal d’ouverture lors de son CN de novembre 2016, il serait pertinent de voir comment ce signal est reçu au sein du PQ avant de prendre une décision qui scellerait la question. Nous avons appris à nous méfier – avec justesse – des déclarations de Lisée, qui a tendance à changer son fusil d’épaule comme bon lui semble. Mais il y a de bonnes raisons de croire que le vote des membres est un meilleur indicateur de la volonté générale du PQ de négocier ou non des ententes électorales avec nous. Et, surtout, puisque nos conditions sont connues, il serait pertinent de laisser aux péquistes nous montrer le bout de chemin qu’ils et elles sont en mesure de faire dans une entente, si celle-ci est importante à leurs yeux. Dire non à ce moment-ci serait envoyer un signal d’intransigeance, alors que dire oui reviendrait à nous placer en posture de faiblesse tactique alors que s’ouvriraient des négociations pour réaliser ladite entente. Québec solidaire s’est mouillé : au Parti québécois de le faire, maintenant.
Le second argument pour repousser notre décision tient davantage à la question des principes. Puisque QS est fondé sur de fortes valeurs démocratiques, il serait cohérent de laisser les processus décisionnels internes des autres partis suivre leur cours lorsque nous sommes en discussion. La démocratie prend du temps : qui de mieux placé que les solidaires pour le comprendre ? Prêchons par l’exemple et ayons la patience que commandent nos principes.
Le troisième argument va dans le même sens : lorsque, à l’automne 2016, Jean-François Lisée a « offert » à QS de présenter une candidature commune à l’élection partielle dans la circonscription de Verdun, notre refus a été motivé par plusieurs raisons, dont la plus importante était que notre parti n’avait pas encore eu l’occasion de se prononcer sur la question de l’« entente ». Avant de rendre notre décision finale sur le sujet, il serait non seulement courtois, mais aussi cohérent avec nos propres déclarations de laisser la même chance aux péquistes.
Enfin, on dit souvent que 6 mois correspondent à une éternité en politique. En autant de temps, la situation politique peut basculer du tout au tout. Ce qui apparaît comme un bon choix à un moment donné peut se transformer en mauvais choix dans d’autres circonstances. Par exemple, nous-mêmes à QS, nous pourrions connaître une croissance spectaculaire pendant ce temps, croissance qui rendrait les ententes électorales moins attrayantes, voire nuisibles. Et la situation inverse pourrait aussi se produire. Prendre 6 mois de plus et nous rapprocher un peu plus de l’échéance électorale avant de décider nous permettrait de prendre une décision mieux informée du contexte politique dans lequel nous nous inscrirons d’ici l’élection.
Bien que nous ne tranchions pas la question des ententes électorales avec le PQ au congrès de mai 2017 en adoptant cette proposition, cela ne veut pas dire que nous laissions la question en suspens ou que nous nous enlisions dans le flou. L’horizon est clair : nous prendrons notre décision en novembre, après avoir laissé la chance au PQ de nous montrer ses intentions par la voix de son congrès. Si cette proposition est adoptée, la balle se trouve clairement dans le camp du PQ et nous ne nous gênerons pas de le faire savoir par la bouche de nos porte-parole.
En terminant, voici la proposition qui découle de tout cela :
Considérant que QS, lors de son dernier CN, a énoncé ses conditions pour entamer des discussions autour d’ententes électorales ;
Considérant que différents partis concernés n’ont pas encore tenu d’instances nationales pour répondre à ces conditions ;
Cahier 2 - Proposition 1 - Option C
Il est proposé :
Que la décision finale au sujet des ententes électorales soit prise au congrès de novembre 2017.