De plus, le gouvernement du PLQ a publié un Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP) qui favorise les pétrolières au détriment de la protection des sources d’eau potable. On se rappellera que le gouvernement a refusé d’aider la petite municipalité de Ristigouche Sud-Est visée par une poursuite judiciaire de Gastem, une compagnie dirigée par un ancien ministre délégué aux mines qui a occupé ce poste dans le gouvernement Bourassa de 1985 à 1990. Malgré cette inaction condamnable, la justice a finalement donné tort à Gastem et par ricochet au gouvernement.[3][4] À cause du parti pris pro-pétrolières du MERN et du MDDELCC, des centaines de municipalités en sont réduites à se battre devant les tribunaux contre ce gouvernement pour remplir leur obligation morale de protéger les sources d’eau potable de leurs citoyens et citoyennes.[5]
Comme il n’y a pas de consensus social au sujet de l’exploitation des hydrocarbures, le gouvernement du PLQ a fait adopter sous bâillon le projet de loi 106 (qui édicte la Loi sur les hydrocarbures) en décembre 2016. Neuf mois plus tard, il a accouché de projets de règlements tellement favorables à l’industrie que ceux-ci semblent avoir été écrits par le lobby pétrolier lui-même. Est-ce que M. Moreau hésite à les rendre officiels parce qu’il craint de créer un tollé en période pré-électorale ?
Et maintenant, pour aider les pétrolières, le ministre prend les moyens légaux[6] pour expulser les personnes du Camp de la rivière Galt-Junex qui réclament « un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »voué à la protection du territoire contre l’exploitation pétrolière et gazière. J’avoue que le Camp de la rivière est un défi au « gouvernement du lobby pétrolier, par le lobby pétrolier et pour les intérêts du lobby pétrolier ». Certains peuvent se demander si la raison de cette demande d’ordonnances d’injonction provisoire [7] serait de priver le « 99 % de la population » de son droit d’exprimer son désaccord face à la politique du gouvernement. Face à un appareil politique et judiciaire au service des intérêts du « 1 % », la désobéissance civile et pacifique est le dernier recours lorsque les institutions ne fonctionnent plus. La liberté de pensée, de parole et de presse est la clé de voûte d’une démocratie en santé. Comme je l’écrivais en 2017, nous avons non seulement le droit, mais l’obligation morale de nous opposer à toute loi immorale et illégitime, même si elle a été légalement adoptée.[8]
Le Camp de la rivière est le symbole d’une démocratie participative qui se tient debout devant les manœuvres douteuses du tandem MERN et lobby pétrolier. Ordonner son démantèlement est lourd de sens.[9] Cette demande d’injonction est presque aussi scandaleuse que la loi du cadenas de l’époque Duplessis.
En 1962, les électeurs et électrices progressif-ve-s devaient voter pour le gouvernement du PLQ de Jean Lesage qui prônait le « Maîtres chez nous » et la nationalisation d’une ressource énergétique comme l’électricité. Au début des années soixante, cela permettait de sortir du favoritisme de l’ère Duplessis. Malheureusement, depuis 2003, le gouvernement libéral a démantelé des pans entiers des acquis du Québec en matière de protection de l’environnement et de politique énergétique. Le premier octobre, il faut revenir à cet idéal délaissé par le PLQ depuis le début du 21e siècle. On ne peut revenir à la grande noirceur des années cinquante.
Souhaitons une heureuse retraite à M. Moreau et à ses collègues dès le rendez-vous du 1er octobre !
Gérard Montpetit
La Présentation
(Comté de Saint-Hyacinthe)
le 30 mai 2018
1] Rapport du BAPE # 273, page 201.
2] La Presse, 4 septembre 2010, par Charles Côté.
4] http://ristigouche.ca/wp-content/uploads/2018-02-28-MJQ-Jugement-Gastem-c.-Ristigouche.pdf
6] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1103026/camp-riviere-environnement-vert-plus-perce
7] http://www.lechodelabaie.ca/camp-de-riviere-respectera-jugement/
8] https://quebec.huffingtonpost.ca/gerard-montpetit/petrole-resistance-citoyens_b_16298248.html
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