Édition du 28 mai 2024

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Chronique syndicale

Conflits d'intérêts à la FTQ

Une question de fond

Les récentes allégations présentées sur les ondes de Radio Canada et diffusées largement dans les journaux sont accablantes. Accablantes parce qu’elles démontrent une collusion envers l’entrepreneur Tony Accurso qui fait également les manchettes pour le scandale des compteurs d’eau, scandale qui coûtera probablement son élection au maire Tremblay.

Accablantes parce qu’elles révèlent une situation d’opacité et de club sélect à l’intérieur de la FTQ ; soirée intime et secrète au chic restaurant Mount Stephen Club avec le ministre Bachand et Tony Accurso pour célébrer le 25e anniversaire du Fonds de Solidarité, soirées dans des restaurants des Galeries Laval dont le Fonds de Solidarité est actionnaire avec le promoteur Tony Accurso. L’épisode du séjour de Michel Arsenault sur son bateau n’est donc pas un accident de parcours.

On apprend ainsi que Gilles Audette, deuxième conseiller politique à la FTQ et Louis Bolduc, directeur québécois des TUAC et membre du Bureau de la FTQ y ont également séjourné ainsi que Jean Lavallée, ancien directeur québécois de la FTQ construction, membre du CA du FSTQ, membre du Bureau de la FTQ, mais également jusqu’en 2004 ancien directeur de la SOLIM, bras financier du Fonds de Solidarité responsable entre autres de l’investissement immobilier, une concentration de pouvoirs pour le moins inquiétante. Sur ce même bateau a déjà séjourné également Frank Zampino, l’ex président du comité exécutif de Montréal, quelques semaines après la qualification des soumissionnaires pour un contrat de plus de 300 millions de dollars de la Ville pour son projet d’implantation de compteurs d’eau, et avant le dépôt des propositions officielles.

Péril en la demeure

Le pire c’est que le président de la FTQ persiste et signe, ce faisant il place la FTQ en grave danger et donne de l’eau au moulin à ceux qui veulent faire reculer le mouvement syndical et la FTQ.

La pression pour exiger une commission d’enquête publique est déjà amorcée. L’assemblée nationale, a été saisi d’une motion de l’Action démocratique du Québec qui réclame une enquête publique sur les problèmes de l’industrie de la construction. Cette semaine, la chef péquiste, Pauline Marois, a joint sa voix à cette requête, que l’ADQ formule depuis le printemps. Mais cette requête vient de prendre une forme plus précise avec les commentaires de l’ancien ministre du travail Jean Cournoyer, qui vise plus directement les pratiques syndicales à la FTQ.

Ce genre de scandale donnera prise également au discours de la chambre de commerce et de l’institut économique de Montréal qui réclament depuis longtemps le vote secret lors des demandes d’accréditation syndicale. Sans compter que cela n’aidera en rien les militants et militantes qui tentent de faire signer des cartes d’accréditation aux syndicats FTQ.

Le mutisme du président de la FTQ, puis sa totale négation des conflits d’intérêts, particulièrement en ce qui concerne Tony Accurso, entraine la FTQ dans une pente dont l’issue ne peut être que très grave non seulement pour l’image mais pour l’intégrité de la centrale. La situation exige de poser des gestes significatifs et de prendre les devants, mais Michel Arsenault ne semble avoir aucune volonté de prendre cette voie, encore faudrait-il qu’il aie la crédibilité pour le faire.

Mots-clés : Chronique syndicale
André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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